« S’ils trouvent personne, je suis là, hein » : Sandrine Agricole raconte pourquoi elle remplace Mignoni
De cette situation un peu ubuesquement administrative, Sandrine Agricole préfère en sourire. La kiné du RC Toulon s’est en effet retrouvée propulsée sur le terrain les jours de match pour remplacer le manager Pierre Mignoni.
Suite à son attitude envers l’arbitre de la rencontre face à Clermont le 6 octobre dernier, celui-ci s’était dans un premier temps « auto-sanctionné » en s’envoyant en tribunes jusqu’à nouvel ordre, avant de se voir formellement sanctionné par la commission de discipline de la Ligue.
Depuis, le club a fait appel de cette suspension de six semaines. Il n’empêche, le club doit quand même avoir un représentant sur la ligne de touche pendant la rencontre. Et pas n’importe qui : un détenteur du DESJPEPS, un diplôme d’Etat.
« Je n’ai rien dit, car j’imaginais que d’autres personnes dans le staff possédaient ce diplôme », raconte Sandrine Agricole dans les colonnes de Var Matin. « Et en partant, je rigole avec les collègues du médical et je dis : “s’ils trouvent personne, je suis là hein” ».
« Sauf qu’effet boule de neige : ça remonte aux oreilles de Lutcho (Luc Van Wassenhove, secrétaire administratif, ndlr), qui me demande si c’est vrai et il me dit : “banco, on te met sur la feuille”. »
« J’avais un rêve : entraîner le XV de France »
Si Sandrine Agricole possède un tel diplôme, c’est pour une simple raison. « En 2007, j’avais un rêve : prendre la place de Bernard Laporte et devenir la première femme à entraîner le XV de France », raconte-t-elle en rigolant à Var Matin.
Depuis, elle a vécu deux rencontres sur le bord du terrain, sous le regard de Mignoni, coincé en tribunes. De quoi la perturber dans son rôle de kiné pendant le match ?
« J’ai un sentiment d’imposture. Car je ne dirige pas cette équipe. Je suis là, je soigne les mecs, je les répare, mais ce n’est pas moi qui œuvre sur la stratégie… »
« La seule vraie différence, c’est que je ne peux plus aller sur la pelouse », regrette-t-elle. « Mais pour le reste, ça n’a pas changé grand-chose, puisqu’en tant que kiné, nous faisons des soins mais servons également de canal de transmission. Je reçois les infos du staff à l’oreillette et quand je vais sur le terrain, je peux glisser un mot aux joueurs. »
Un sentiment d’imposture
Son rôle de kiné, l’ancienne internationale tricolore (44 ans, 83 sélections entre 2003 et 2014) explique qu’elle le reprend avant et après le match, le temps de cet « arrangement administratif » qui semble convenir pour l’instant à tout le monde. Du moins, pour « dépanner ».
Car Sandrine Agricole veut être claire sur un point : elle refuse l’étiquette de « première femme entraîneur en Top 14 », même si elle a eu l’occasion d’être entraîneure des lignes arrières du Stade Rennais Rugby il y a quelques années.
« En fait, j’ai un sentiment d’imposture. Car je ne dirige pas cette équipe. Je suis là, je soigne les mecs, je les encourage, je les répare, mais ce n’est pas moi qui œuvre sur les analyses vidéos et la stratégie. C’est étrange et “malaisant” pour moi de lire ça », soupire-t-elle.
« En fait, cette situation a permis de dépoussiérer un peu le diplôme que j’avais enfoui depuis 2010. »