Stade Français : Ghezal remercié, le club mise sur l'électrochoc
Trois défaites en quatre matchs. La dernière à Pau, samedi soir, a donc été fatale à Karim Ghezal. Arrivé au lendemain de la Coupe du Monde 2023 en provenance du staff de l’équipe de France, l’ancien deuxième ligne fait donc les frais du début de saison franchement raté du Stade Français, demi-finaliste du Top 14 en juin et aujourd’hui avant-dernier du championnat.
Le club a confirmé l’information qui tournait en boucle sur les réseaux sociaux depuis le début de matinée d’un communiqué laconique publié à 12h30.
« À la suite d’une décision de la direction sportive, il a été décidé de procéder à une réorganisation du staff sportif », écrit le club. « D’un commun accord, la collaboration entre le Stade Français Paris et M. Karim Ghezal a pris fin. Le Stade Français Paris remercie Karim Ghezal pour le travail effectué et l’accession aux demi-finales la saison dernière. »
Communiqué officiel.
Le Stade Français Paris annonce le départ de Karim Ghezal. 👇— Stade Français Paris (@SFParisRugby) September 30, 2024
Ghezal avait été propulsé entraîneur en chef du club parisien en octobre 2023, sa première expérience dans ce rôle. Malgré des critiques sur le jeu d’attaque des Soldats roses, les Parisiens s’étaient hissés en demi-finale du Top 14 perdue d’un cheveu contre l’UBB (20-22) en s’appuyant sur une défense de fer.
Ghezal contesté par une partie des joueurs dès janvier 2024
Ses méthodes de management avaient toutefois été rapidement contestées par une partie des joueurs parisiens. Dès le mois de janvier 2024, soit trois mois après son arrivée, les leaders avaient émis des reproches à son encontre, notamment sur sa façon de s’adresser aux joueurs, comme il l’avait reconnu dans une interview accordée à L’Équipe.
« Je ne parle pas mal à l’homme, mais au joueur. Si les mecs sont touchés parce qu’on ne leur a jamais parlé comme ça ici, je peux comprendre. Mais je suis obligé de bouger les lignes. Oui j’ai gueulé. Oui, j’ai pris un risque de secouer l’effectif, de me mettre en danger. Mais je savais ce que je faisais », confiait-il.
Ce ton parfois cassant fait-il partie des raisons qui ont mené à son départ ? Les langues ne se sont pas encore déliées, mais force est de constater que l’effectif ne semblait plus adhérer aux méthodes du Gersois, qui est le seul à payer les pots cassés de ce début de saison chaotique, puisque les autres membres du staff (Morgan Parra, Paul Gustard, Julien Tastet) ne sont pas concernés par cette réorganisation.
Le match à Pau a ainsi été une caricature de ce que peut proposer le Stade Français. Une première mi-temps convaincante suivie de 40 minutes de bouillie rugbystique sanctionnée par quatre essais encaissés en 25 minutes. La confirmation que la solidité défensive s’était bien envolée (16 essais concédés déjà) sans voir les progrès offensifs attendus.
«On est une équipe moyenne, joueurs et staff compris »
« Le match est à l’image du niveau de notre équipe en ce moment », jugeait d’ailleurs Laurent Labit samedi soir à Pau, lui qui s’était d’ailleurs rapproché du terrain pour animer quelques séances, empiétant sur les prérogatives de son désormais ex entraîneur en chef et signe que tout n’allait pas pour le mieux chez les Soldats roses.
Le directeur sportif, sans nommer personne, pointait tout de même quelques responsabilités en conférence de presse : « Ce n’est pas une question de physique, plutôt de faiblesse technique dans certains secteurs […]. On est une équipe moyenne aujourd’hui, joueurs et staff compris. »
Remplacer un entraîneur pour créer un électrochoc et envisager un rebond, la méthode est vieille comme le monde et pas forcément un gage de réussite. Le Stade Français, dans son histoire récente, a connu un épisode similaire.
Le précédent McKenzie en 2009
En 2009-2010, sous la houlette d’Ewen McKenzie, les Parisiens connaissent une entame de championnat compliquée. Nommé en juin 2008, l’Australien prend la succession de Fabien Galthié, qui a mené le Stade Français au Bouclier de Brennus en 2007. La première année de l’ancien pilier des Wallabies, champion du monde 1991, est plutôt bonne : une 4e place et une élimination en demi-finales.
La seconde n’ira pas à son terme, loin de là. Le 9 septembre, Max Guazzini le licencie alors que le club occupe l’avant-dernière place après cinq journées de championnat (une victoire, un nul, trois défaites).
Jacques Delmas le remplace et ne perdra que deux fois jusqu’à la fin de la phase aller. Le Stade Français terminera finalement 8e à six points du Racing 92, dernier qualifié pour les barrages.
McKenzie, lui, n’a pas mis longtemps à rebondir. En octobre 2009, il était nommé manager de Queensland Reds, la franchise australienne en Super Rugby avec qui il a remporté la compétition dès 2011.