Teulet, un pro du pied au chevet des Bleues
Samedi dernier, au coup de sifflet final entérinant la victoire des Bleues sur l’Irlande (37-18), Romain Teulet n’a sans doute pas pu contenir un petit sourire de satisfaction. Et pas seulement par chauvinisme patriotique. Les buteuses françaises du jour (Lina Queyroi puis Morgane Bourgeois en fin de match) venaient de signer un 100 % au pied face aux perches, le royaume de l’ancien artificier en chef du Castres Olympique.
Deuxième meilleur réalisateur de l’histoire du Top 14 (derrière Richard Dourthe), auteur de plus de 3000 points avec son club de toujours, Romain Teulet a en effet élevé le coup de pied placé au rang d’art. Obsessionnel de la chose, celui qui confiait avoir « toujours un ballon et une paire de crampons dans le coffre » de sa voiture distille désormais ces astuces et son expérience auprès des joueuses de David Ortiz et Gaëlle Mignot.
« On collabore avec Romain sur l’année », étayait cette dernière ce jeudi, lors de la conférence de presse qui a suivi l’annonce de l’équipe. « Il est en contact permanent avec Sylvain Mirande, responsable des trois-quarts qui gère aussi ce secteur-là. Romain reviendra avec nous sur la fin du Tournoi », et assurera à distance le suivi des séances de jeu au pied, qui vont se poursuivre en son absence.
Plus concrètement, Teulet supervise depuis le début de sa mission six joueuses du groupe France (Queyroi, Bourgeois, Boulard et Vernier, plus les absentes Duces et Arbez), auxquelles il faudra sans doute ajouter Lina Tuy, qui déboule en équipe de France, et Caroline Drouin, actuellement blessée.
« C’est top de l’avoir »
« J’aime travailler les mises en situation et le travail technique, explique l’ancien arrière dans L’Equipe. On fait un rappel d’ancrage sur la technique, sur la tenue du ballon, les mains, les doigts. […] Petit à petit, j’essaie de leur amener une routine là-dessus, que ce ne soit pas le hasard. En fonction du jeu au pied qu’elles utilisent, je prends des choses très simples, très faciles à retenir sur les données techniques pour leur amener du confort, de la confiance dans la répétition, pour avoir ensuite un jeu au pied efficace. »
Les joueuses, en tout cas, en redemandent. « C’est hyper bénéfique pour nous, s’enthousiasme Emilie Boulard. On a eu la chance de l’avoir en club, il est venu faire quelques interventions pour optimiser cet atelier. Il nous apporte énormément. Quand on est avec lui, on travaille uniquement le jeu au pied. On n’a pas forcément le temps pour le faire sur des séances en équipe complète ou même sur une séance de trois-quarts. C’est top de l’avoir ».
Conscient du retard pris par le rugby féminin dans ce secteur de jeu primordial, le staff a donc accueilli d’un bon œil ce nouvel apport de compétences. « On voit de plus en plus d’équipes qui utilisent le jeu au pied à bon escient, qui mettent l’adversaire sous pression. Le jeu au pied de la 9, de la 10, de l’arrière, ça fait partie du bagage qu’elles doivent avoir. Au niveau international, tu ne peux pas passer au travers », juge celui qui était surnommé « RoboCop » durant sa carrière à cause de routine un peu mécanique – mais diablement efficace.
Et on dirait que cela porte déjà ses fruits. Au-delà du 100% depuis le tee, on a vu face à l’Irlande de bons coups de pied de dégagement ou de déplacement, notamment de la part de Gabrielle Vernier, Pauline Bourdon ou Lina Queyroi.
De quoi encourager tout le monde à poursuivre la démarche. Car, et Teulet en est le parfait exemple, le jeu au pied se travaille tous les jours, durant toute la carrière. « Il s’agit surtout d’acquérir une routine, appuie Mignot. Les joueuses pourront ainsi approfondir le travail en club, car le jeu au pied demande un travail au quotidien ». Mais avec un peu de Teulet dedans, ça parait plus simple.