Thomas : « Allez voir un match de Top 14 et vous verrez le public réclamer du sang »
L’ancien Montpelliérain Henry Thomas, désormais aux Scarlets en United Rugby Championship (URC) depuis cet été, a également évolué en Premiership puisqu’il a joué onze ans à Sale et Bath.
Cela fait de lui un observateur patenté des trois championnats majeurs en Europe, et il est bien placé pour les comparer. Ce qu’il a accepté de faire pour RugbyPass.
« L’URC se rapproche sans doute plus de la Premiership », commence le natif de Londres.
« Ça ne ressemble pas vraiment au Top 14, où la conquête est primordiale. Les équipes y accordent beaucoup d’importance. Toutes les équipes disposent de gars très costauds, et les matchs peuvent être vraiment hachés. Il y a aussi des matchs excitants, débridés, mais il y a toujours des golgoths qui courent dans tous les sens.
« En URC, il est plus question de skills, de plan d’attaque, d’organisation défensive. Pour prendre une équipe à défaut, il faut vraiment développer du bon rugby plutôt que de défoncer l’adversaire à grands coups d’épaule avec les avants et des trois-quarts qui vont tout droit. J’apprécie vraiment d’évoluer en BKT URC. »
Le pilier droit, qui aura bientôt 33 ans, estime qu’il existe un état d’esprit particulier autour de la mêlée en Top 14.
« Les équipes peuvent tout miser là-dessus. En France, on voit à quel point la mêlée est bestiale, et à quel point c’est un facteur de jeu important.
« Le public adore ça. Au Royaume-Uni, cela peut frustrer les gens s’il y a trop de mêlées. Mais allez voir un match de Top 14 et vous les verrez réclamer du sang. Ça m’a beaucoup plu !
« Si ta mêlée montre un point faible en Top 14, les équipes vont venir appuyer dessus »
« Vous verrez deux packs de huit joueurs qui comportent chacun un ou deux mecs qui dépassent les 150 kg. Ce n’est pas la même chose. C’est vraiment plus massif, et il faut beaucoup plus de force dans les jambes. Si ta mêlée montre un point faible en Top 14, les équipes vont venir appuyer dessus. »
Même si Thomas apprécie un rugby plus aéré en URC, il continue de valoriser le travail spécifique des avants.
« J’ai passé beaucoup de temps à travailler mes capacités en mêlée », avance le champion de France 2022. « La mêlée restera toujours un secteur de jeu important dans le rugby, qui peut te faire gagner ou perdre un match. »
Après six mois à Castres entre janvier et juin 2024, Henry Thomas a choisi de rejoindre le pays de Galles. Un choix logique pour l’international gallois, qui a aussi porté le maillot du XV de la Rose il y a dix ans (sept sélections entre 2013 et 2014).
« Je ne dirais pas que c’est la raison pour laquelle je suis venu aux Scarlets », balaie Henry. « Pour moi, c’est plutôt l’endroit, le projet et les gens ici qui m’ont attiré. »
Avec les Diables rouges, il a toutefois pu participer à la Coupe du Monde l’an dernier, un moment « génial ». L’an prochain, il sera peut-être retenu pour disputer le Tournoi de Six Nations. Et ainsi regoûter à la mêlée made in France.
Cet article a été initialement publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Jérémy Fahner.