Toulouse finit par dominer La Rochelle, réduite à 13
Vous pensiez regarder la demi-finale du Championnat de France de rugby à XV, ce vendredi soir à Bordeaux ? Vous avez eu droit à un demi-match de rugby à XIII. La faute aux Rochelais, sanctionnés de deux cartons rouges dans la première moitié de la deuxième mi-temps. À la différence des treizistes qui jouent sans troisième ligne aile, eux ont évolué sans pilier : Atonio puis Wardi ont été exclus par M. Trainini, l’arbitre de la rencontre.
Et si, avec un joueur en moins, on a (parfois) vu des équipes s’en sortir, en double infériorité numérique c’est carrément mission impossible. Non sans combattre, le Stade Rochelais a donc fini par baisser la garde, et a laissé Toulouse le battre une fois de plus, la sixième de suite en phase finale. Vainqueurs 39-23 à l’arrivée, les tout frais champions d’Europe iront disputer le Brennus au vainqueur de l’autre demie, Stade Français – UBB, à Marseille vendredi 28 juin.
« Dégouté. On fait le taf en première mi-temps et malgré ce rouge (le premier, ndlr) on aurait pu faire beaucoup mieux », enrage Antoine Hastoy, interviewé dès la fin du match sur Canal +. « Mais un 2e rouge, franchement c’est dur, surtout contre Toulouse qui met beaucoup de volume de jeu. »
Uini Atonio était le premier pris par la patrouille, pour un plaquage plus maladroit que méchant sur Thibaut Flament. Mais l’épaule du pilier heurtait le visage de son pote en bleu (43e).
Avec un joueur en moins, Ronan O’Gara y croyait encore. « Ça va être difficile, mais on est capables de le faire », encourageait-il au micro de la chaine cryptée. « Les vingt prochaines minutes vont être difficiles, mais on a suffisamment de joueurs et de fraîcheur pour le faire dans les dix dernières minutes. »
Le coach irlandais n’avait sûrement pas anticipé qu’un quart d’heure plus tard, Redan Wardi allait répondre au chambrage de Julien Marchand d’un coup de tête sur le nez du Toulousain. Une provocation entre première ligne derrière une mêlée gagnée par les « rouge et noir » qui coûtait cher : jaune au talonneur provocateur, et surtout rouge au pilier coupable d’avoir perdu ses nerfs (60e).
Le sort de cette demi-finale était jeté, le Stade Vélodrome tendait les bras au Stade Toulousain. Pourtant, à 13 contre 14 durant dix minutes, Grégory Alldritt et ses coéquipiers tenaient encore bon.
Le capitaine se chargeait de maintenir les siens en vie en grattant un ballon face aux poteaux toulousains. Hastoy passait la pénalité pour revenir à moins d’un essai transformé (29-23, 63e).
Mais c’était tout pour les Maritimes. Thomas Ramos creusait l’écart au pied, avant que Santiago Chocobares en contrant le malheureux Brice Dulin, puis Mathis Lebel tout juste entré, marquaient les deux derniers essais du match (53e, 79e).
Dommage pour le spectacle, car la première période avait tenu toutes ses promesses dans l’opposition de style attendue (20-15 pour La Rochelle à la pause). À Toulouse les arabesques et les inspirations offensives, à La Rochelle la cohésion collective et le pragmatisme. Et aux deux l’indiscipline et les fautes bêtes.
Après la pénalité inaugurale de Thomas Ramos (3-0, 2e), les Rochelais frappaient les premiers à Bordeaux. Comment cela ? En appliquant à la lettre le combo gagnant pénaltouche/ballon porté, conclu par Latu (3-7, 12e).
La Rochelle se détachait sur une pénalité d’Hastoy (3-10, 19e), mais le Stade Toulousain provoquait du carton jaune adressé à Jack Nowell (22e) pour infliger un 12-0 aux Maritimes dans un style plus aéré.
Antoine Dupont distribuait à Kinghorn (24e) et Mallia (31e) ses premières passes décisives de la soirée (trois au total sur cinq essais) et le Stade Toulousain semblait prendre le dessus (15-10).
Mais La Rochelle revenait d’abord à deux points grâce au pied d’Hastoy (15-13, 35e) et passait même devant en toute fin de première période. Jack Willis payait les pots cassés après une succession de fautes toulousaines (carton jaune, 38e), ce dont profitaient immédiatement les Rochelais.
Sur un nouveau maul derrière pénaltouche, Grégory Alldritt relevait le ballon et plongeait dans l’en-but. Hastoy transformait et quand l’arbitre sifflait la pause à 20-15 pour les champions d’Europe 2022 et 2023, tout était réuni pour vivre une deuxième mi-temps passionnante…
Indiscipliné lui aussi, mais sans commettre la faute rédhibitoire, à la différence des Rochelais, le Stade Toulousain est le premier qualifié pour la finale, et reste donc en lice pour un nouveau doublé Brennus – Champions Cup, le troisième de leur histoire (1996, 2021).