Atonio : « Les Bleus, ce n'est pas une équipe de retraités »

Longtemps marqué par la défaite contre l’Afrique du Sud en quart de finale du Mondial-2023, le pilier vétéran de La Rochelle Uini Atonio est reparti pour un cycle avec l’équipe de France avec « l’impression que la boucle n’était pas bouclée ».

À bientôt 35 ans, le choix de poursuivre en Bleu a-t-il été facile à faire ?

« Il y avait cette impression que la boucle n’était pas bouclée. J’avais annoncé avant la Coupe du Monde que ce serait fini après car on croyait tous qu’on allait être champions du monde. Finalement, on tombe en quarts. Je suis un mauvais perdant, si on perd contre plus fort, c’est comme ça, c’est la vie. Mais quand tu perds avec un sentiment d’injustice, ça ne passe pas. Je ne sais pas combien de temps j’ai pris pour digérer ce match, réfléchi à ce match, comment l’arbitre a pu nous faire ça à nous.

« Quand Fabien (Galthié), (William) Servat et le staff m’ont appelé deux semaines plus tard pour venir faire le Six Nations, je n’ai pas dit non. Je savais qu’il y avait des blessés chez les droitiers français, je me suis dit ‘je vais replonger dedans, le temps de…’ Finalement, je me sens bien et je fais partie de ce nouveau groupe de 2023 jusqu’à 2027 ».

Quand vous repartez, c’est pour un cycle de quatre ans ou alors c’est année par année ?

« Quand tu repars, c’est année par année, surtout quand tu commences à vieillir. Les Bleus, ce n’est pas une équipe de retraités. Je pense que s’il te prend dans l’équipe, c’est parce que tu es assez performant en club, que tu es au niveau. Je sais qu’ils font des datas sur chaque joueur, ils ont un groupe élargi de 70 joueurs, ils regardent toutes nos statistiques. Tu as ce que tu mérites. Il ne faut pas qu’ils te prennent juste parce que tu as beaucoup de sélections et que tu as l’habitude d’y aller. Il faut vraiment travailler dur pour mettre le maillot bleu. »

Pour durer jusqu’en 2027, pensez-vous devoir réduire votre nombre de matchs ?

« Il y en a qui peuvent le faire, mais moi, je n’y arrive pas. J’aime bien tout jouer. Mais je n’arrive pas à me projeter trop loin. J’ai beaucoup parlé avec des mecs qui ont arrêté, il y en a qui regrettent d’avoir arrêté aussi tôt. Moi, j’ai envie de jouer tous les matchs que je peux avant la fin de ma carrière. Si c’est cette année, c’est cette année, si c’est dans trois ans, c’est dans trois ans. Le groupe France est un groupe encore fort, ces quatre dernières années, on a créé quelque chose ensemble et je trouve que ça va continuer sur les deux prochaines années. »

Cet été, la France part en tournée en Nouvelle-Zélande…

« Je ne peux pas viser ça car ça voudrait dire que La Rochelle n’est pas en finale du Top 14 (sourire). Mais si on me dit ‘vas-y, tu y vas’, moi j’y vais. Je suis toujours content de mettre le maillot bleu. Après, je me dis que si j’y vais, je vais reprendre plus tard en club avec tout ce que cela implique. Il y a deux écoles. Tout le monde dit plus tu vieillis, moins tu dois jouer, mais moi, je trouve que je suis un joueur qui a besoin de jouer assez souvent pour avoir un niveau correct et un niveau où je peux amener beaucoup pour l’équipe. »

Y aurait-il une symbolique à retourner en Nouvelle-Zélande, votre pays de naissance ?

« Ça fait bientôt 14 ans que je suis parti de Nouvelle-Zélande. À part ma famille et mes amis, je n’ai plus les liens que j’avais au début quand je suis arrivé en France. J’avais plein de potes qui jouaient pour les Blacks mais aujourd’hui, il n’en reste pas beaucoup. Ils sont tous partis. »