U20 : « le haka va être anecdotique », assurent les Bleuets
Les Junior Blacks, les Bleuets les connaissent désormais pas mal. Le 4 juillet, pour leur deuxième match de la poule A, les actuels champions du monde sont tombés sur une forte équipe qui a remporté le Rugby Championship U20 deux mois auparavant. Alors qu’elle était plutôt habituée au ventre mou de la compétition ces dernières années (une 7e place en 2023), la Nouvelle-Zélande n’a plus rien gagné depuis 2017 si ce n’est le championnat d’Océanie en 2018 et 2022.
Mais l’équipe remonte et plutôt pas mal. Face aux Français ils ont maîtrisé leur match et remporté la victoire d’un point (27-26). En face, ça a cafouillé sévère dans les moments critiques. Le troisième-ligne Joe Quere Karaba pointait ainsi un « manque de lucidité », déplorant que l’équipe « n’a pas su rester froide. Derrière, avec ce manque de lucidité on fait beaucoup de fautes et on est puni avec des pénalités. Vers la fin, chacun voulait faire la sienne, on était peu ensemble et c’était bien dommage. Si on était restés soudés peut-être que la fin de match aurait été différente. »
Un sentiment de revanche
Les jours qui ont suivi ont été difficiles pour remobiliser un groupe en plein doute sur une éventuelle qualification pour les phases finales. Cette frustration, cette mauvaise surprise, cette triste expérience, l’équipe de France U20 veut en faire désormais une force. Si bien que les Bleuets veulent arriver à cette demi-finale complètement blindés.
« C’est un avantage supplémentaire de pouvoir voir comment ils ont réagi à ce qu’on a fait et s’adapter très vite en vue de ce qu’on a fait il y a deux semaines », constate le capitaine Hugo Reus.
« Forcément il y a toujours un sentiment de revanche. On perd la dernière action. On s’est vu éliminé des poules à un moment donné. Le sentiment de revanche sera bien présent. On l’aborde malgré tout comme une demi-finale. Il ne faut pas tout mettre sur le fait qu’ils nous ont battu juste avant. On sait ce qu’on peut faire, on est confiant de nos acquis. Si on joue comme on sait le faire, il ne devrait pas y avoir de souci. »
Pour le coach Sébastien Calvet, « si on arrive à corriger – et on a vu des progrès contre le Pays de Galles – ces éléments, si on continue monter en puissance et qu’on ne donne pas autant de possession aux Blacks, je pense que notre rugby suffira pur passer le cut. »
Des connexions retravaillées
Le groupe a su se remobiliser derrière ses leaders qui, progressivement, ont pris de plus en plus de poids dans le groupe à mesure que le staff se mettait en retrait. Les entrainements ont gagné en précision, en cohésion jusqu’à conduire à la victoire sur le Pays de Galles (29-11) qui leur a garanti la qualification en tant que meilleure deuxième équipe.
« Plus les entrainements passent, plus le groupe monte en puissance, que soit en précision, en communication. C’est là-dessus qu’on sera plus précis, plus décisif sur les zones de marque et les moments importants comme on n’a pas su l’être le dernier match ; on a l’occasion et on laisse l’opportunité aux Néo-Zélandais de revenir dans le match », regrette Hugo Reus.
« On redoute la touche, on espère être performant sur ce point. Sur leur jeu à la main, ils ont un système qui a légèrement évolué, qu’on a réussi à bien défendre sur le premier match et il faudra faire de même sur ce match pour ne pas leur donner l’occasion de revenir.
« Le groupe gagne en fluidité et c’est ça qui compte. C’est faire preuve de sang-froid aussi, ce qui n’a pas été le cas contre les Blacks au premier match, notamment moi sur deux touches trouvées directement. Il ne faudra pas que ça se reproduise. Je ne me fais pas de souci pour que les leaders répondent présents sur ce match pour guider l’équipe vers une victoire. »
De l’importance de la météo
Le jeu des Blacks, ils connaissent. La météo aussi, eux qui ont œuvré dans la boue de l’Athlone Sports Stadium face au Pays de Galles.
« Hier l’entraînement été annulé ; on n’a pas pu aller sur les terrains d’entrainement », confiait le coach Sébastien Calvet vendredi 12 juillet. « Ça va qu’on est à la troisième semaine de compétition et qu’on est plus dans l’analyse et dans les entrainements de clarté que dans les entrainements de terrain. »
Mais les Bleuets ont un atout imprévu de poids… le sale temps qui a régné en France au cours des neuf derniers mois. Et le Rochelais Reus en sait quelque chose alors qu’il a maîtrisé parfaitement le jeu au pied contre les Gallois alors qu’il était face au vent.
« Je préfèrerais jouer sous un peu de soleil, mais c’est vrai que jouer avec du vent quotidien, ça aide un peu. A La Rochelle il y en a pas mal. Toute la France cette année, tous les clubs ont fait face à une météo compliquée et peu de beau temps », reconnaît-il.
Pas de pression face au haka
Le dernier paramètre sera la confrontation du haka. Celui du 4 juillet avait duré plus d’une minute 30 et les Bleuets, soudés comme jamais, n’en avaient pas perdu une miette. Celui du 14 juillet aura un air de déjà-vu, le côté impressionnant en moins.
« Pour l’avoir déjà vécu, c’est un grand moment, un moment de tradition. Ça fait quelque chose de le voir en vrai. Mais quand on est concentré sur les 80 minutes qui vont suivre, on essaie de passer outre ; on regarde et on se concentre sur ce qu’on va faire pendant 80 mn », assure le capitaine.
« Ça ne leur a pas donné un impact ; on fait d’ailleurs une très belle entame contre les Blacks. Maintenant qu’ils l’ont déjà vécu, je crois que ce haka va être anecdotique en ce qui nous concerne », estime pour sa part Sébastien Calvet.
Les Bleuets sont prêts à se rattraper. Il leur reste encore deux matchs pour espérer décrocher un quatrième titre mondial consécutif. Seule la Nouvelle-Zélande l’a fait avant eux.