Un haka anti-gouvernement crée la polémique en Nouvelle-Zélande
Les Hurricanes annoncent avoir ouvert une enquête sur la version modifiée du haka que les Poua, leur équipe féminine de Super Rugby Aupiki, ont performé avant le match d’ouverture contre les Chiefs de Manawa et qui visait le gouvernement de coalition de la Nouvelle-Zélande.
La leader du haka, la pilier Leilani Perese, a prononcé en maori la phrase « karetao o te Kawana kakiwhero » avant le début du haka, qui se traduit en anglais par « puppets of this redneck government » (les marionnettes de ce gouvernement de ploucs).
Cette version modifiée du haka a été amendée par l’ancienne joueuse et compositrice Hinewai Pomare après que les joueuses l’ont eu sollicitée, puis envoyée à la direction des Hurricanes « à la dernière minute » avant le match pour obtenir son soutien.
Des joueuses frustrées par le climat politique actuel
La compositrice a expliqué que les joueuses se sentaient « frustrées » par le climat politique ambiant et qu’elles cherchaient « des mots pour le refléter » et « ajouter un peu de piment » au haka.
« Je l’ai envoyé à la direction à la dernière minute. Ils m’ont dit : “Allez-y. Nous vous soutenons à 100 % », a affirmé Leilani Perese.
La pilier a expliqué que ce message était motivé par des considérations politiques et visait à prendre position contre la politique du gouvernement de coalition à l’égard des Maoris, en voulant notamment remettre en cause le traité de Waitangi qui cimente la société néo-zélandaise depuis bientôt 200 ans.
« Nous avons actuellement des élus financés par des intérêts de droite qui prônent la suprématie de la race blanche », a justifié Hinewai Pomare.
« On le voit, même dans la semaine qui vient de s’écouler et les dernières semaines. L’abrogation de la règle anti-tabac, le démantèlement de Te Aka Whai Ora, de nombreux textes de loi qui reflètent que ce groupe de personnes ne représente pas le peuple. »
Pour les joueuses, ce haka revisité était un moyen de porter la parole du peuple maori dans tout le pays et tant pis si une polémique a éclaté.
Le rugby comme plateforme politique
« Je m’en fiche. Je crois en ce que nous disons, je m’y tiens », a soutenu Leilani Perese.
« Je crois que dans le rugby, nous avons une plate-forme où les gens regardent et écoutent. Et pourquoi ne pas utiliser notre plateforme pour montrer à notre peuple que nous ne plierons jamais ?
« Pour dire au gouvernement que nous sommes plus forts que jamais et que nous ne nous laisserons jamais abattre.
« Nous voulions qu’il représente non seulement les Maoris, mais aussi les personnes de toutes les races et de toutes les cultures. Lorsque nous disons ‘taku iwi tuohu kore e!’, cela signifie ‘notre peuple restera toujours le même, nous ne plierons jamais’.
« Que nous soyons maoris, samoans, tongiens, indiens, etc. J’ai pensé qu’il était important que nous le disions parce que notre équipe compte beaucoup d’autres ethnies.
« Je voulais m’assurer qu’il ne s’agissait pas seulement d’une culture, mais de nous tous », a-t-elle ajouté.
La presse néo-zélandaise rapporte que la direction des Hurricanes devrait faire une déclaration publique ultérieurement, une fois que la franchise aura terminé son enquête.