Uruguay - France : place au jeu malgré tout
Empêtrée dans les affaires extrasportives depuis ce week-end et la fin du premier test-match face à l’Argentine (28-13), l’équipe de France revient sur le terrain ce mercredi, en Uruguay.
Revenus de Mendoza à Buenos Aires puis transférés en avion à Montevideo ce mardi, les Bleus n’ont pas pu préparer le 2e match de cette tournée d’été (mercredi, 19h) dans les meilleures conditions.
Dimanche, il fallait gérer la publication à relents racistes de Melvyn Jaminet, effacée depuis mais aux conséquences immédiates : l’arrière toulonnais a pris le premier avion pour la France, tandis que le pilier droit Régis Montagne faisait le trajet inverse.
Puis lundi après-midi, la police argentine débarquait à l’hôtel de la délégation française pour emmener Oscar Jegou et Hugo Auradou, soupçonnés d’avoir agressé sexuellement une jeune femme dans la soirée qui a suivi leur première cape, à Mendoza vendredi.
Des faits, s’ils sont avérés, « incroyablement graves et à l’inverse de tout ce que le rugby fait et construit », a jugé Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby, dans un communiqué. Deux affaires désastreuses qui viennent écorner un peu plus l’image du rugby français, malheureusement habitué des dérapages plus ou moins graves ces derniers temps.
Dans un contexte si « difficile », lâchait Fabien Galthié en conférence de presse mardi soir, compliqué de préparer un match international. C’est pourtant la tâche à laquelle le staff a tenté de s’atteler, puisque l’équipe de France affronte l’Uruguay ce mercredi soir.
« Je parlerais de sidération pour le groupe, c’est période très difficile pour nous à vivre et c’est dans ces conditions très difficiles qu’on prépare ce match », poursuit le sélectionneur.
Et puisqu’il faut jouer, bien que ce match n’ait pas valeur de test-match officiel, Galthié a désigné une équipe pour défier les Teros où les novices sont encore plus nombreux que face aux Pumas.
En effet, neuf joueurs vont entrer sur le stade Charrúa avec le paletot bleu pour la première fois sur les épaules, c’est un de plus qu’à Mendoza. Au total, le XV de départ, 25 ans de moyenne, cumule 43 sélections, dont 35 pour la paire Baptiste Couilloud (qui sera capitaine) / Arthur Vincent, soit moins de trois par joueur en moyenne.
Pour l’Uruguay, « la fenêtre internationale le plus importante de l’histoire des Teros »
En comptant le banc, on dénombre 14 bizuths dans cette équipe de France « développement », puisqu’elle est ainsi qualifiée par la FFR, dont trois joueurs déjà remplaçant face à l’Argentine : Posolo Tuilagi, Demba Bamba et Sébastien Taofifénua.
On peut compter sur l’Uruguay pour donner du fil à retordre à cette équipe de France expérimentale. Pour leur première sortie depuis la Coupe du Monde 2023, Los Teros reviennent sur les terrains et on peut être sûr qu’ils vont aborder cette rencontre dans un autre état d’esprit que les Bleus.
Avec l’Argentin Rodolfo Ambrosio à sa tête depuis avril dernier, l’Uruguay a obtenu cet été ce que toutes les équipes du Tier 2 réclament à corps et à cris depuis des années : jouer plus souvent contre les meilleures équipes du monde, pour les aider à progresser.
L’Uruguay accueille donc la France ce mercredi, puis le voisin argentin (le 20 juillet), et enfin l’Ecosse (le 27) pour un tryptique très attendu de l’autre côté du Rio de la Plata, « la fenêtre internationale le plus importante de l’histoire des Teros », n’hésite pas à écrire la fédération uruguayenne sur son site web.
Durant la Coupe du Monde, l’Uruguay avait marqué les esprits en tenant tête à la France (défaite 12-27), à l’Italie (17-38), en battant la Namibie (36-26) avant de payer le prix de tous ces efforts face à la Nouvelle-Zélande (0-73).
On avait pu y voir une équipe certes limitée physiquement, mais avec un cœur énorme, une solidarité de tous les instants, et un jeu basé sur la vitesse. Ce sont les ingrédients qu’on devrait encore retrouver ce mercredi.
« Je pense qu’il faut avant tout travailler la vitesse de jeu, et essayer de se rapproche de ce que font les meilleures équipes », explique Rodolfo Ambrosio au journal uruguayen El Observador. « Les joueurs uruguayens sont prêts à ça. Le problème est mental, il faut trouver le déclic. Ceux qui jouent en France ont beaucoup moins de difficultés, Manu Leindekar, Arata, Kessler sont montés en puissance. »
Et le technicien argentin de dresser un autre axe de travail : « On doit aussi beaucoup travailler la prise de décision. Tu peux préparer le meilleur plan de jeu, si le ballon n’arrive pas là où il est censé arriver, la pression adverse te plombe. Il faut donc travailler la prise de décision pour avoir une 2e option. »
La deuxième option, c’est aussi ce que vise l’équipe de France : oublier le contexte extra-sportif et redonner toute sa place au jeu, au moins durant 80 minutes.
URUGUAY
XV de départ : Amaya – Viñals, Pérez, Vilaseca (cap.), Basso – (o) Etcheverry, (m) Arata – Civetta, Diana, Ardao – Leindekar, Aliaga – Piussi, Kessler, Sanguinetti.
Remplaçants : Pujadas, Peculo, Arbelo, Dotti, Bianchi, Deus, Inciarte, Álvarez.
FRANCE
XV de départ : Dubois – Favre, Vincent, Darricarrère, Jurand – (o) Berdeu, (m) Couilloud (cap.) – Diallo, Tixeront, Briatte – Vanverberghe, Azagoh – Laclayat, Baubigny, Beria.
Remplaçants : Tarrit, S. Taofifénua, Bamba, Tuilagi, Peysson, Jauneau, Segonds, Hulleu.