Uruguay - France : vrai test-match ou pas ?
Cela semblait un fait établi : la rencontre Uruguay – France ne devait pas compter comme un test-match officiel, et donc ne pas compter comme une véritable cape pour les joueurs.
La raison ? Le staff bleu aligne une équipe dite de « développement », à cheval entre les U20 et les A. Le vice-président de la FFR chargé des équipes de France Jean-Marc Lhermet l’a expliqué il y a quelques mois sur RMC : « Après les moins de 20 ans, il y a des joueurs qui ne franchissent pas tout de suite la marche pour jouer avec les grands. On a constitué cette équipe pour pallier le trou entre les deux ».
En 2017 déjà, trois matchs en une semaine
La situation rappelle les matchs de novembre 2017 joués en France. Pour des raisons financières, un 2e France – Nouvelle-Zélande avait été programmé quatre jours après le premier, et quatre jours avant France – Afrique du Sud… « Le stade sera plein à craquer, ce sera un privilège et une chance pour les joueurs qui disputeront cette rencontre », estimait Bernard Laporte, alors président de la FFR. « Cela nous servira de laboratoire ».
Guy Novès, sélectionneur des Bleus à ce moment-là, préférait manier l’ironie sur la situation : « Pour ce deuxième test qu’on m’a gentiment proposé, ce ne seront pas les mêmes joueurs, soulignait le mythique entraîneur du Stade Toulousain. « Je ne sais même pas s’il va compter comme sélection ». Ça n’avait pas été le cas.
Avec ce match engoncé entre les deux tests face aux Pumas, les deux situations sont en effet comparables, à sept ans près.
Cependant, selon la Fédération uruguayenne de rugby (Unión de rugby del Uruguay, URU), il y a peu de doutes : toutes les conditions sont réunies pour faire de cet Uruguay – France un test-match. La URU a assuré à El Observador que tous les documents signés en amont mentionnaient un test-match.
Le quotidien local relève aussi que toutes les communications officielles de World Rugby autour de la rencontre, que ce soit la désignation des arbitres, le calendrier officiel des rencontres programmées en juillet, font état d’un match officiel.
Des sources fédérales ont expliqué à El Observador que les documents officiels approuvant ce type de match ont fait l’objet d’allers-retours entre les deux pays au cours des derniers mois. Il s’agissait avant tout de régler les détails organisationnels : du cachet reversé à la FFR à la répartition des droits de diffusion, en passant par les horaires et les moyens de transport et d’hébergement.
Pour l’Uruguay, le label “test-match” n’a jamais été remis en cause
Sur ces questions, les deux parties ont échangé à plusieurs reprises, mais le label “test-match” n’a jamais été remis en cause, toujours selon des sources uruguayennes. Un seul point a changé : il n’y aura pas d’arbitrage vidéo au stade Charrúa, mais cela n’invalide pas le caractère officiel de la rencontre.
On peut peut-être voir dans l’annulation de la rencontre prévue à Bilbao contre une sélection mondiale un début de réponse. « Dans le cadre de la tournée d’été, le XV de France masculin se déplacera en Argentine le 6 juillet 2024, et en Uruguay le 13 juillet 2024. Au préalable, le XV de France Développement affrontera une sélection World XV au Stade San Mamés, à Bilbao », peut-on dans le procès-verbal du comité directeur de la FFR en date du 26 avril 2024.
L’annulation de cette rencontre a semble-t-il modifié les plans français, qui aurait bien voulu faire les expérimentations prévues au Pays basque espagnol en Uruguay. On pense notamment à Tevita Tatafu, le pilier droit de Bayonne qui a participé au stage de préparation de la tournée à Marcoussis.
Fabien Galthié envisageait d’emmener le joueur né aux îles Tonga en Amérique du Sud, avec l’idée de lui faire disputer ce match en Uruguay, lui qui sera officiellement éligible pour jouer avec les Bleus en novembre 2024.
Mais Tatafu n’a pas été autorisé à être aligné en Bleu pour le moment. De quoi accréditer le caractère officiel de la rencontre ? C’est ce qu’on se dit du côté uruguayen.