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Wayne Barnes : son cardiologue a dû relancer son cœur en pleine Coupe du Monde de Rugby

Wayne Barnes, l'ex arbitre international de rugby à XV en charge de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2023, pose pour un portrait à son domicile le 15 novembre 2023 à Londres (Photo de Tom Jenkins/Getty Images).

Dans un chapitre inédit de son autobiographie « Wayne Barnes: Throwing the Book » sorti l’an passé (et non traduit en français), l’ancien arbitre international Wayne Barnes (cinq Coupes du Monde de Rugby, 20 ans de carrière) revient sur un épisode inquiétant survenu lors de la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France.

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Dévoilé par la presse britannique, cet extrait détaille la fois où son cœur a dû être relancé…

230 battements par minute

Les premiers signes remontent à l’occasion d’une séance d’entraînement à Paris en compagnie de ses collègues Karl Dickson et Christophe Ridley.

« Lorsque mon rythme cardiaque a commencé à s’emballer pendant une séance de running à Paris, je ne me suis pas inquiété outre mesure au début. Peut-être n’avais-je pas bien dormi, peut-être n’avais-je pas assez mangé au petit-déjeuner, peut-être avais-je bu trop de café. Quoi qu’il en soit, je pensais que mon cœur reviendrait à la normale si je me calmais un peu », écrit-il.

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Cependant, 15 minutes après le début de ce jogging, son rythme cardiaque grimpe à 230 battements par minute. « Pour vous donner une idée, mon rythme cardiaque au repos est d’environ 50 battements par minute. Pendant un match, il peut atteindre 175. Mes jambes étaient comme des spaghettis détrempés, et j’avais du mal à respirer. Et quatre jours plus tard, je me retrouvais à arbitrer le match de poule crucial entre le Pays de Galles et l’Australie. »

Il décide de ne rien dire

Wayne Barnes rappelle avoir déjà eu une première alerte quelques années auparavant, en 2009 où on lui avait diagnostiqué une fibrillation auriculaire qui lui avait imposé une ablation ; il est d’ailleurs parrain de la Atrial Fibrillation Foundation. Quelques années plus tard, il avait fait de la tachycardie, obligeant son cardiologue à « réinitialiser » son cœur pour lui permettre de réguler à nouveau.

« Je me suis donc naturellement demandé si la même chose était en train de se reproduire. Et si je n’étais pas effrayé, je craignais que ma cinquième et dernière Coupe du Monde ne soit terminée presque avant d’avoir commencé », s’inquiète-t-il.

A ce moment de la compétition, Wayne Barnes a déjà arbitré un match de poule, Irlande vs. Tonga. A force de repos, son cœur se calme. Il garde ça pour lui. Il n’en parle ni à son épouse, ni à ses collègues. Il part à Lyon pour le match Pays de Galles vs. Australie le dimanche 24 septembre et fait alors face à un dilemme.

« Si je confiais mon problème à mes supérieurs, cela signifierait la fin de mon tournoi – et de ma carrière d’arbitre. D’un autre côté, si j’arbitrais le match, j’avais peur de ne pas être à la hauteur. Je ne pensais pas que je m’écroulerais, mais j’avais peur de décevoir les joueurs. »

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Barnes décide de se lancer, sans rien dire. Tout se passe bien. A l’échauffement son cœur affiche 180 battements par minute. Mais lorsque le match commence, la réalité le rattrape.

Un aller-retour à Londres pour relancer son cœur

Dès la troisième minute, les Gallois gagnent une touche et Gareth Davies pique un sprint sur 50 mètres pour marquer. Barnes est obligé de suivre. « Putain, je suis dans la merde, là », souffle-t-il. Mais sans le savoir, les deux équipes prennent soin de lui en multipliant les fautes, ce qui permet à l’arbitre de limiter sa course jusqu’à la pause.

LYON, FRANCE - 24 SEPTEMBRE : L'arbitre Wayne Barnes lors du match de la Coupe du Monde de Rugby France 2023 entre le Pays de Galles et l'Australie au Parc Olympique, le 24 septembre 2023, à Lyon, France. (Photo par Paul Harding/Getty Images)

C’est alors qu’il décide d’en parler discrètement à ses collègues. « ‘Bon, j’ai un petit souci : mon cœur s’est mis à battre très fort, mais c’est déjà arrivé et je suis sûr que tout ira bien’ », leur dit-il.

Le score final est large : 40 à 6 pour les Gallois. Barnes souffle. Sa prestation a convaincu tout le monde. Inquiet, il ne partage pas de bière dans le vestiaire ; c’est la première fois. C’est pas passé loin. Il s’en ouvre à son épouse.

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Son cardiologue lui confirme une nouvelle tachycardie mais le rassure. Le mercredi suivant, le 27 septembre, profitant d’un jour de congé, il fait l’aller-retour à Londres pour relancer son cœur. Une opération sous anesthésie générale.

« Richard (son cardiologue, ndlr) a relancé mon cœur, et quand je l’ai revu, il m’a assuré que tout s’était bien passé. Il m’a expliqué que mon ventricule gauche était toujours hypertrophié et qu’il pourrait être nécessaire de faire une nouvelle ablation, mais il a également précisé que je serais en bonne santé pour le reste du tournoi », raconte Wayne Barnes qui repart… presque comme si de rien n’était. Quelques jours plus tard, il arbitre le Ecosse vs. Roumanie à Villeneuve-d’Ascq.

Choisi pour arbitrer la finale au Stade de France

« Richard m’avait donné une pilule spéciale pour que, si mon cœur s’emballait pendant le match, je la prenne, que mon cœur se calme et que j’espère tenir jusqu’au coup de sifflet final. »

 

Le score 84-0 permet une fois encore à Barnes de ne pas trop forcer, sans avoir à prendre la pilule. Le patron des arbitres Joel Jutge le convoque le lendemain dans sa chambre d’hôtel et lui lance : « Wayne, on t’a trouvé génial. Félicitations, tu vas arbitrer la finale… » La seule incertitude serait si l’Angleterre se qualifie, auquel cas il ne pourrait pas.

Finalement, ce sera Nouvelle-Zélande vs. Afrique du Sud et tout va se passer à merveille, conformément à ce que son cardiologue, présent au Stade de France ce 28 octobre, lui avait dit.

« Malgré toutes les décisions importantes que nous avons prises, les choses auraient pu devenir très compliquées pour moi si le système de bunker n’avait pas fait le plus gros du travail. Néanmoins, j’ai pris un immense plaisir à jouer. C’était un match exceptionnel dans le superbe Stade de France, et c’était la meilleure façon de faire mes adieux. »

Quelques semaines plus tard, Wayne Barnes annonçait prendre sa retraite internationale, victime, en plus de ça, de menaces de mort et de harcèlement sur les réseaux sociaux lors d’une Coupe du Monde commentée comme jamais.

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