Sur le cas Jegou-Auradou, la communication minimaliste de Galthié
Depuis l’été dernier, le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié s’est toujours tenu à une communication sur la défensive alternant silences et déclarations laconiques concernant le retour en Bleu d’Oscar Jegou et Hugo Auradou, accusés de viol en Argentine.
« Ça fait six mois à peu près qu’on répond à ce sujet-là », a coupé court mercredi le technicien de 55 ans, interrogé sur la présence de Jegou et Auradou dans les 23 pour faire face au pays de Galles vendredi, en ouverture du Tournoi des Six Nations.
Déclarés immédiatement sélectionnables par la Fédération française de rugby (FFR) après avoir bénéficié d’un non-lieu de la justice argentine en première instance, les deux joueurs seront remplaçants au coup d’envoi, au Stade de France.
« Aujourd’hui, c’est l’annonce de l’équipe de France, et des joueurs qui vont jouer et qui méritent de jouer et qui performent et qui se sont préparés », a insisté Galthié pour mieux éluder le sujet.
Avant de trancher, d’un ton définitif et avec un sourire entendu : « J’entends votre question mais on va se concentrer sur le match face au pays de Galles, le Tournoi des six nations et toutes les questions qui parlent de rugby. »
« Entendre » mais « assumer »
Du début de l’affaire à Mendoza, jusqu’au retour des deux joueurs au sein du XV de France, Galthié, souvent si prolixe face aux médias, entre longues digressions parfois obscures ou bons mots ciselés, s’est montré beaucoup plus sibyllin pour s’exprimer sur le sujet, voulant le replacer sur un terrain uniquement sportif.
Dès le mois de juillet dernier, une fois la tournée terminée, il avait ainsi qualifié de “pépites” les deux joueurs alors mis en examen, lors d’un entretien au bi-hebdomadaire spécialisé Midi Olympique, se refusant à « parler d’eux à l’imparfait. »
L’appel du non-lieu par la plaignante, dont le recours doit être examiné en plein Tournoi des six nations, les 10 et 11 février, n’a pas altéré le plein soutien de Galthié aux deux joueurs, « sélectionnables » et « innocents » à ses yeux, disait-il au micro de RMC, deux jours avant qu’une liste, dévoilée sans autre prise de parole pour la justifier, révèle leur présence parmi les 42 joueurs pour préparer le Tournoi.
« J’entends, je comprends, j’accepte », a encore martelé à différentes reprises ces dernières semaines le sélectionneur, en réponse aux questions sur les réactions d’associations féministes, de certains supporters et acteurs du monde du rugby, réticents à un retour de Jegou et Auradou.
À cette formule évasive, il a rajouté « assumer complètement » cette décision à des journalistes, droit dans ses bottes lors du lancement officiel du Tournoi à Rome la semaine dernière.
La « performance » avant tout
Cette position n’a pourtant pas toujours été celle du sélectionneur qui, quelle que soit l’issue judiciaire de l’affaire, avait voulu se montrer auparavant très ferme sur le non-respect du cadre de vie des Bleus, auxquels les deux joueurs – parmi d’autres – ont manifestement dérogé lors d’une soirée très alcoolisée.
« Si jamais il y a des joueurs qui sortent du cadre, ils repartent », avait assuré en 2019 devant les caméras de Stade 2 l’ancien demi de mêlée, tout juste nommé sélectionneur. Se trouvait face à lui le troisième ligne Wenceslas Lauret, visiblement peu convaincu et qui n’aura pas connu une sélection sous le mandat Galthié.
Cinq ans plus tard, ce fameux cadre s’est avéré trop flou, de l’aveu du président de la FFR Florian Grill.
« Il y avait une forme d’acceptation de ces dérapages qui pouvaient parfois même être organisés », expliquait Grill en septembre à l’AFP, pointant la responsabilité de certains membres du staff, sans les nommer.
Avant la tournée de novembre, un nouveau cadre a cette fois explicitement exclu l’alcool des lieux de « performance sportive », y compris la traditionnelle bière d’après-match dans le vestiaire.
Lors de la conférence de presse destinée à détailler ce plan, Galthié, quasi mutique, s’était présenté face à la presse en n’évoquant ce cadre que comme « un facteur de performance. » Sans aborder l’image du rugby et du XV de France.
La composition des Bleus
XV de départ : Ramos – Attissogbe, Barassi, Moefana, Bielle-Biarrey – (o) Ntamack (m) Dupont – Boudehent, Alldritt, Cros – Meafou, A. Roumat – Atonio, Mauvaka, Gros
Remplaçants : J. Marchand, Baille, Colombe, H. Auradou, Jegou, Guillard, Le Garrec, Gailleton
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