3 clés pour comprendre le dilemme entre Melvyn Jaminet et le Stade Toulousain
Le Stade Toulousain est accusé d’avoir contourné le salary cap via un montage financier impliquant une société tahitienne et un avocat, dans le cadre du transfert de Melvyn Jaminet en 2022, mais l’argent censé revenir au joueur a disparu, exposant le club à une lourde amende et de nombreuses interrogations.
1. Un transfert où Jaminet paie son propre départ
En juin 2022, Melvyn Jaminet, alors étoile montante du XV de France, rejoint le Stade Toulousain en provenance de Perpignan. Une signature prestigieuse, mais qui cache une mécanique inhabituelle : c’est lui-même qui finance son propre transfert.
À l’époque, Jaminet a prolongé avec l’USAP en négociant une clause libératoire de 450 000 euros. Une pratique légale qui lui permet de partir avant la fin de son contrat… à condition de payer lui-même cette somme. Lorsque Toulouse le sollicite, l’arrière décide d’activer cette clause. Mais pour racheter ses deux années de contrat restantes, il doit s’endetter. Il contracte alors deux emprunts personnels : 150 000 euros auprès d’une banque classique et 300 000 euros via un prêt privé.
Dns un premier temps, l’affaire ne fait pas de bruit. Car, en coulisses, le Stade Toulousain aurait assuré à Jaminet qu’il récupérerait son argent. Mais pas de manière frontale, pour éviter un dépassement du salary cap. C’est là que les choses se compliquent.
2. Un montage financier opaque impliquant une société tahitienne
Plutôt que de verser une prime à la signature à Jaminet – ce qui aurait nécessité de déclarer la somme dans le salary cap –, le Stade Toulousain met en place un montage financier détourné. L’idée ? Faire transiter l’argent via une société tierce.
Cette société s’appelle Pacific Heart et est enregistrée à Papeete, à Tahiti. Officiellement, le club toulousain signe avec elle un contrat de 500 000 euros pour un projet de développement aux Fidji. Ce programme, jamais médiatisé en interne, devait inclure un stage, un match amical et un dispositif de détection de jeunes talents fidjiens.
Sauf que ce projet n’a jamais vu le jour. Toulouse aurait alors pu récupérer les acomptes versés après l’abandon du projet… mais choisit de payer la totalité du contrat. Pourquoi financer un programme qui ne se réalisera pas ? L’explication la plus plausible est que cet argent devait en réalité revenir à Jaminet via l’avocat Arnaud Dubois, un intermédiaire proche du club et aujourd’hui président du Biarritz Olympique.
Mais le plan ne se déroule pas comme prévu. L’argent ne parvient jamais à Jaminet. Aujourd’hui encore, l’arrière toulonnais n’a pas récupéré un centime.
3. Un scandale qui expose Toulouse à une lourde sanction
Lorsque l’affaire éclate dans L’Equipe début 2025, la Ligue nationale de rugby (LNR) ouvre une enquête. Rapidement, le salary cap manager découvre que les 500 000 euros versés à Pacific Heart doivent être réintégrés dans la masse salariale de Toulouse, ce qui fait exploser le plafond autorisé.
Accusé de contournement du salary cap, le club du président Didier Lacroix risque une amende comprise entre 1 et 2 millions d’euros. Plutôt que de se défendre devant la commission de discipline, le Stade Toulousain choisit de passer par une médiation, une procédure qui permet de réduire les sanctions et d’éviter une trop grande exposition médiatique.
Mais la sanction financière ne sera pas le seul coût pour Toulouse. Car le club doit aussi rembourser Jaminet. Avec les intérêts et les charges sociales, la somme grimpe entre 600 et 700 000 euros.
Reste une question centrale : où est passé l’argent du projet Fidji ? Si Toulouse s’estime victime d’un intermédiaire indélicat, pourquoi ne porte-t-il pas plainte pour récupérer les fonds ? Qui savait quoi, au sein du club, au moment de valider ce montage financier ? Et surtout : qui a réellement profité de cette opération ?
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