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Après 350 matchs, Mathieu Raynal range son sifflet

Matthieu Raynal va mettre un terme à sa carrière d'arbitre international à l'été 2024 (Photo by Tony Marshall/Getty Images).

L’arbitre Mathieu Raynal a annoncé se retirer de l’arbitrage à la fin de la fenêtre internationale de juillet après 18 ans de carrière.

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L’annonce a été faite ce mardi 26 mars, au lendemain de son huitième Tournoi des Six Nations au cours duquel il avait notamment arbitré la rencontre entre le Pays de Galles et l’Italie, le 16 mars. C’est au cours de ce match que l’entraîneur adjoint gallois Neil Jenkins avait profité de son rôle de porteur d’eau pour interpeller vertement l’arbitre pendant un arrêt de jeu.

Une intervention condamnée par tous, même si Raynal ne l’avait pas sanctionnée sur le moment. « Votre boulot, c’est d’apporter de l’eau, d’accord ? C’est pas de poser des questions », avait lancé l’arbitre de champ à la légende galloise (87 sélections entre 1991 et 2002). « Votre job, c’est d’arbitrer le match », lui avait répondu Jenkins sur le même ton. L’affaire en est restée là.

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« Même si j’en avais le pouvoir, je ne changerais rien au parcours qui a été le mien. Surtout pas les moments compliqués », déclare Mathieu Raynal dans un communiqué publié par World Rugby.

« Ils m’ont éveillé sur le pouvoir sans limite de la force morale et de la résilience et ils m’ont permis d’apprécier les bons moments avec plus de saveur et d’intensité. »

Multiples fractures en plein match en 2013

Parmi ses moments compliqués, il faut remonter aussi à dix ans en arrière, le 8 mars 2013, lors du match Montpellier vs. Racing-Métro lorsqu’il a été fauché par François Van Der Merwe et Fabrice Estebanez en pleine rencontre.

Un choc d’une extrême violence et un diagnostic terrible : quadruple fracture du tibia droit, quadruple fracture du péroné droit, entorse à chaque cheville et fracture de la clavicule droite. Ses cris de douleur résonnent encore dans le stade.

Opéré d’urgence à l’hôpital de Montpellier, il aura mis 11 mois à s’en remettre et à revenir sur les terrains. Cette année-là, il a manqué le Tournoi, les tests de juin et de novembre.

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« Après 18 ans passés dans le haut niveau et presque 350 matchs arbitrés, il sera temps pour moi, à la fin de la saison, de mettre fin à un métier que j’ai profondément aimé et qui m’a permis de vivre des expériences uniques sur tous les terrains du monde », dit-il.

Une carrière exemplaire

Son premier test remonte au 25 avril 2009 sur un Malte-Pays Bas. 48 autres ont suivi à ce jour et, à 42 ans, il deviendra le quatrième Français à passer les 50 convocations au niveau international, après Romain Poite (73), Jérôme Garcès (55) et Pascal Gaüzère (53).

Sa carrière d’officiel de match a été exemplaire : deux Coupes du Monde de Rugby (2019 et 2023), dont le quart de finale entre l’Angleterre et les Fidji à France 2023, trois Coupes du Monde de Rugby en tout (avec un rôle d’arbitre assistant en 2015), huit Tournois des Six Nations (2017-2024) et cinq Rugby Championships (2016-2018, 2022-2023), une tournée des British and Irish Lions en Afrique du Sud (2021) et deux finales du Top 14 (2016, 2021).

« Pour exceller en tant qu’officiel de match international, il faut posséder des qualités particulières, et Mathieu les a démontrées brillamment au cours de la dernière décennie », a salué Sir Bill Beaumont, le président de World Rugby.

« Il est un exemple pour les arbitres en devenir, une personne remarquable, un honneur pour son pays, et il restera dans les mémoires comme l’un des meilleurs. »

Il était demi de mêlée à Perpignan

Originaire de Perpignan, Mathieu Raynal a débuté sa carrière comme professeur d’éducation physique. Il a également évolué en tant que joueur dans le triangle arrière de l’équipe perpignanaise des moins de 20 ans et comme demi de mêlée pour l’équipe universitaire.

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Son parcours dans l’arbitrage a débuté avec la société Pays Catalan, d’abord par simple curiosité, puis progressivement, il l’a considéré presque comme un sport à part entière. Il a relevé les défis de l’entraînement pour atteindre la forme physique requise et pour apprendre à gérer un match.

Animé par la recherche de la performance, il est convaincu que l’équilibre entre l’application des règles du jeu et la liberté laissée au match est essentiel.

À l’âge de 26 ans, en 2012, Raynal est devenu arbitre professionnel à plein temps. Il a officié lors du Championnat U20 de World Rugby en 2011 et à nouveau en 2012, notamment lors du match pour la troisième place opposant le Pays de Galles à l’Argentine.

La même année, il a dirigé son premier match international avec une équipe des Six Nations, l’Écosse, face aux Tonga à Aberdeen.

Un arbitre cash

Après son grave accident, il avait repris le sifflet pour continuer sa progression en tant qu’arbitre assistant lors de la Coupe du Monde de Rugby 2015. Mathieu Raynal a ensuite dirigé trois matchs de poule lors de la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon.

Pendant cette période, il a également officié lors de la finale du Top 14 à Barcelone en 2016, lors de la victoire historique de l’Irlande sur la Nouvelle-Zélande à Chicago la même année, ainsi que lors du match de tournée opposant les Lions britanniques et irlandais aux Crusaders en 2017.

Infatigable, Raynal a toujours aimé le rugby pour une bonne raison : « Pouvoir dire à ma femme que je suis en plein travail quand je regarde du rugby à la télé », sourit-il.

A l’occasion de la sortie du documentaire évènement Whistleblowers sur les arbitres de la Coupe du Monde de Rugby 2023 – à découvrir en exclusivité sur rugbypass.tv – Mathieu Raynal déclarait :

« C’est compliqué parce qu’ils ont choisi de traiter sous l’angle d’un environnement un peu hostile avec la pression des réseaux sociaux qui pèsent sur les arbitres, la pression des enjeux… C’est un choix éditorial qu’ils ont fait. Il n’y a pas que ça dans l’arbitrage », nuançait-il.

« Il y a aussi de très bons moments que l’on passe ensemble. Mais c’est vrai que si on peut espérer que les gens prennent conscience aussi de la difficulté parfois pour un seul homme de faire face à ça et qu’ils prennent conscience que notre travail est certes compliqué, mais qu’on a quand même 90% en moyenne de bonnes décisions.

« Donc j’aimerais qu’ils voient aussi les 90% de bonnes décisions et pas constamment les 10% d’erreurs qu’on peut faire. Si on était un buteur dans une équipe, et qu’on avait 90% de réussite, je pense que n’importe quelle équipe au monde souhaiterait avoir un buteur qui a 90% de réussite. »

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