Après avoir évité la catastrophe, Biarritz se prépare à sortir du bois
Le club historique de Biarritz est passé à la vitesse supérieure après que l’autorité de surveillance financière du rugby français a finalement validé la viabilité financière du club et confirmé son statut en ProD2 pour la saison prochaine, quelques semaines après avoir été vendu à l’euro symbolique.
Shaun Hegarty, Flip Van Der Merwe et Marc Baget ont acheté le club pour 1€ au début du mois d’avril, marquant ainsi la fin d’une période d’incertitudes dans l’histoire du Biarritz Olympique.
C’est du moins ce qu’espéraient les supporters. Mais les turbulences se sont poursuivies en dehors du terrain, même après que les joueurs et l’entraîneur Simon Mannix, aujourd’hui sélectionneur du Portugal, ont réussi à confirmer leur place en ProD2.
Manque de clarté sur les fonds du club
Le manque de clarté concernant l’argent a suffi à inquiéter l’Autorité de Régulation du Rugby (A2R), le gendarme financier du rugby professionnel français, qui a convoqué les nouveaux dirigeants du club pour une réunion cruciale afin d’expliquer exactement d’où venaient les fonds promis.
Sans l’approbation de l’A2R, Biarritz risquait d’être renvoyé dans les ligues amateurs, tandis que Rouen – relégué lors d’une dernière soirée dramatique de la saison régulière de ProD2 en mai – bénéficiait d’un sursis.
Avant la confirmation officielle de son maintien en ProD2, qui est intervenue six jours après la réunion, le club a nommé l’ancien troisième-ligne du Munster puis de la Section Paloise et ex-entraîneur de la défense de Toulon, James Coughlan, au poste de directeur sportif, et Boris Bouhraoua à celui d’entraîneur principal.
L’une des premières tâches de ce dernier a été, semble-t-il, d’informer les joueurs et le staff que les salaires qui devaient être versés le 5 juin seraient retardés de quelques jours.
Malgré ce contretemps, l’A2R a provisoirement reconnu que Biarritz était une entreprise de rugby viable. Les salaires dus ont été payés, au fur et à mesure que l’argent se présentait. Et la machine s’est mise en route.
Le recrutement déjà lancé
Le démarrage est lent et régulier. Les propriétaires ne s’attendent pas à être à plein régime avant un certain temps. Mais ils espèrent au moins aller dans la bonne direction malgré des questions budgétaires encore à régler.
Le lendemain de l’approbation de l’A2R, Coughlan a annoncé lors d’une conférence de presse que Piula Fa’asalele rejoindrait Toulouse cet été. Dans les 24 heures qui ont suivi, Kylian Jaminet, de Nevers, et Arthur Bonneval, de Brive, ont confirmé leur arrivée dans le sud-ouest de la France.
Le talonneur de Clermont Yohan Beheregaray, le troisième-ligne d’Oyonnax Filimo Taofifenua et l’ailier de Montauban Bastien Guillemin sont également attendus au Parc des Sports Aguilera la saison prochaine. D’autres nouvelles recrues sont attendues pour combler les trous laissés par une douzaine de départs confirmés, tandis que les relances de contrats qui avaient été retardées par l’incertitude sont maintenant confirmées.
Mais la reconstruction d’une équipe senior pour une nouvelle campagne de ProD2 qui débutera en août n’est qu’une partie d’un ensemble plus vaste dont le président du club, Hegarty, commence maintenant à parler plus ouvertement.
Former au sein du club
La désignation de Boris Bouhraoua est essentielle, même par rapport à Coughlan. Il rejoint le club après avoir été directeur de l’académie du Stade français et avoir été entraîneur de rugby à la Napier School en Nouvelle-Zélande. Au-delà des questions quotidiennes relatives à l’équipe senior, les deux hommes se concentreront sur la chaîne de production de l’académie afin de développer des joueurs prêts pour la ProD2.
Comme l’a expliqué Coughlan aux journalistes : « Nous voulons former des joueurs et les garder au club. L’objectif est que 30 % de nos joueurs [soient passés par les catégories d’âge] au sein du club ». Il s’agit de la priorité numéro un pour les trois prochaines saisons.
Les nouveaux patrons prévoient un premier budget global d’environ 9 millions d’euros par an pour les trois prochaines années, le temps d’assainir les finances du club.
Trois ans pour assainir les finances du club
En l’état, les nouveaux propriétaires, adossés à un trust financier – une première pour le rugby professionnel en France -, ont un plan à trois ans, à cinq ans et à huit ans.
« Nous ne voulons pas dépenser de l’argent que nous n’avons pas », a déclaré le directeur général Arnaud Dubois lors d’une conférence de presse. « Mais ce n’est pas parce que nous avons un budget modeste que nous n’avons pas d’ambition.
« Biarritz a connu des périodes sombres. Nous nous sommes fixé une période de trois saisons sportives pour le stabiliser… [d’abord] nous voulons établir une base solide. »
Au cours de cette première période de trois ans, l’amélioration de l’accès au rugby senior par le biais des catégories jeunes, qui sont gérées par une association amateur liée au club professionnel qui est également enregistré auprès de la FFR, fera l’objet de l’attention des propriétaires autant que de celle des entraîneurs. C’est la première étape d’une vision en trois étapes et sur huit ans.
Selon Hegarty, la deuxième phase sera consacrée au réaménagement du stade d’Aguilera, qui n’est plus en état d’être vendu. Ensuite, « nous pourrons envisager de passer à l’échelon supérieur et de redécouvrir la passion et l’aventure que [Biarritz] a connues dans le passé ».
De grands projets donc. Mais aussi de grandes difficultés à surmonter. Cela dit, toutes choses égales par ailleurs, un Biarritz tout neuf, dans un Parc des Sports Aguilera tout neuf, espère retrouver l’élite française dans une dizaine d’années.
Cet article publié à l’origine en anglais sur RugbyPass.com a été adapté par Willy Billiard.