Débrief - l’Argentine victime de la fougue d’une jeune équipe de France
Sur le score de 28-13, la France a enregistré sa 39e victoire en 54 rencontres sur une équipe d’Argentine en manque d’inspiration samedi 6 juillet à Mendoza. Cette cinquième victoire consécutive contre Los Pumas a permis à la jeune équipe de Fabien Galthié de commencer à poser des jalons pour l’avenir.
Le résumé
Après un échange de longs ballons pendant les premières minutes et une occupation à 62% du camp argentin pendant les vingt premières, les Bleus ont ouvert le score par une pénalité passée par Antoine Hastoy (22e), suivie de près par une égalisation de Santiago Carreras (25e).
Un essai de Batiste Serin (35e) – le premier de la rencontre – aurait pu être complété par un autre de Georges-Henri Colombe (42e) si le pilier droit n’avait pas aplati trop tôt à un centimètre de la ligne. Mais la France creusera l’écart trois minutes plus tard grâce au trois-quarts centre Antoine Frisch (45e), puis à quinze minutes de la fin grâce à un superbe essai acrobatique de l’ailier de 19 ans Théo Attissogbé malgré trois défenseurs sur le dos.
Jamais l’Argentine n’aura inquiété cette jeune équipe de France (92 sélections dans le XV de départ), même pas l’essai de leur capitaine vétéran Julian Montoya (30 ans, 95 sélections) à l’heure de jeu. L’essai de Matias Orlando à trois minutes de la fin aura permis de sauver les meubles (13-28).
Le match retour aura lieu samedi 13 juillet à la même heure.
La consigne de Galthié a été respectée
Juste avant le coup d’envoi, le sélectionneur exhortait son équipe à jouer. « C’est une équipe très jeune avec des joueurs sélectionnés qui préparent depuis trois semaines avec beaucoup d’intensité. On sent une volonté collective d’en découdre », confiait-il au micro de Canal +, souhaitant « qu’ils jouent au rugby, qu’il n’y ait pas de regret. Faut jouer sans arrière-pensée. C’est avant tout un jeu, un plaisir de jouer. »
En dominant sur quasiment toutes les phases de jeu, en jouant sans pression et avec beaucoup d’envie avec le soleil d’hiver de face au début puis rasant dans le dos pour finir, les néo-Bleus ont rempli le contrat. Le coaching du staff qui a apporté plus d’expérience dans le pack à partir de la 52e (changement de la deuxième-ligne et du pilier droit) a permis d’aller encore plus loin.
Le jeu au pied de Serin au pays du ballon
Le capitaine Baptiste Serin, le « papa » de cette sélection avec 44 sélections, huit ans après sa première, soit quasiment autant que les 14 autres titulaires réunis, s’est particulièrement distingué avec son jeu au pied de dégagement, montant le curseur à un coup de pied pour deux passes en moyenne en première période (un pour 2,7 en tout contre un pour 5,2 pour l’Argentine).
Son fait d’arme aura été ce coup de pied à suivre qui mènera à son essai à la 35e malgré un plaquage subi sans ballon à quelques centimètres de la ligne. Un bel hommage dans le pays où le ballon rond est roi.
Los Pumas en sommeil
Dans ce 54e test entre les deux équipes (depuis une victoire inaugurale des Français en 1949 à Buenos Aires), Los Pumas avaient plus à perdre que les Français. Pour les Bleus, très clairement, cette tournée est l’occasion pour le staff de juger les futurs joueurs premium. Sans enjeu, si ce n’est de produire du jeu.
Quant aux Argentins, cette première rencontre depuis le match pour la médaille de bronze de la Coupe du Monde de Rugby 2023, devait bien lancer le mandat du nouveau sélectionneur Felipe Contepomi (nommé en décembre) et relancer une équipe avant le prochain Rugby Championship.
A l’image du public trop sage, les Argentins n’ont pas produit le jeu qu’on leur connaît, incapables de construire sur les ballons portés qui sont normalement leurs points forts, se faisant pénaliser en mêlée (trois fois en première mi-temps) et obligés de changer leur charnière au début de la seconde période.
Il aura fallu attendre un signe de leur capitaine talonneur Julian Montoya (30 ans, 95 sélections) à l’heure de jeu et une belle opportunité de Matias Orlando suite à un mauvais contrôle du ballon de Melvyn Jaminet pour rassurer l’équipe.
Le bilan des OVNI
Les sept néo-capés titulaires ont été présents sur la pelouse de Mendoza, que ce soit sur le jeu au sol ou en mêlée, sachant que le pack comptait quatre joueurs sans la moindre sélection avant cette rencontre, dont une troisième-ligne complètement vierge.
Parmi les temps forts, Lenni Nouchi (20 ans), sélectionné in-extremis suite au forfait de Judicaël Cancoriet, a eu un plaquage décisif à la 32e pour stopper la première vraie menace argentine, le futur toulonnais Antoine Frisch a sauvé un essai en bloquant Bautista Delguy à la régulière dans l’en-but (28e) puis en a marqué un en battant deux défenseurs (45e), l’ailier Théo Attissogbé (19 ans, champion du monde avec les U20 en 2023) a certes tapé une touche un peu courte sous pression et a plaqué un peu haut Mattéo Carreras mais sans conséquence (16e), mais a surtout inscrit un essai acrobatique (66e) qui restera dans les mémoires.
Les autres avants Hugo Auradou, Jordan Joseph et Oscar Jegou ont été au rendez-vous, même si le flanker de 21 ans a été pénalisé pour un plaquage sans ballon (25e) qui a amené les premiers points argentins.