Brent Liufau : « Jouer contre son cousin, c’est particulier »
L’affiche France – Nouvelle-Zélande comptant pour le Championnat du monde U20 World Rugby avait tout de la revanche à ne pas rater pour les Bleuets. En effet, les triples champions en titre (2018, 2019, 2023) avaient mal vécu la manière dont les Baby Blacks les avaient placés au bord du précipice, dix jours plus tôt à Stellenbosch, lors du dernier match de poule (victoire 26-25 de la Nouvelle-Zélande).
Ce revers a eu une conséquence directe : l’équipe de France devait finir meilleure deuxième des trois poules de ce tournoi regroupant douze équipes en Afrique du Sud.
Mission accomplie au terme d’un succès bonifié sur le pays de Galles. Restait ensuite à savoir de quel adversaire les Français allaient hériter en demi-finale.
Dès qu’ils ont su que ce serait la Nouvelle-Zélande, il n’y a pas eu besoin d’activer le moindre levier de motivation : dès le coup d’envoi, au Cap, on a vu les Bleuets afficher un visage déterminé et offensif. Au bout de sept minutes de jeu, ils avaient déjà marqué deux essais et les Kiwis n’ont jamais semblé en mesure de les rattraper.
Brent Liufau s’est imprégné de ce qu’il a vu depuis les tribunes avant d’entrer en jeu, remplaçant Geoffrey Malaterre à la 65e minute, alors que les Français menaient 48-24. Cette apparition est d’autant plus spéciale pour lui qu’il a pu jouer contre son cousin germain, le centre néo-zélandais Xavi Taele.
« Ce groupe a été exceptionnel », a confié Liufau à RugbyPass, après la victoire 55-31 qui envoie la France vers une nouvelle finale. « C’était particulier d’affronter mon cousin qui joue pour la Nouvelle-Zélande, mais c’était top pour l’équipe. Ça (la défaite en poule) nous a aidés dans la préparation, on a dû mettre le curseur un peu plus haut. Marquer plus de 50 points, c’est incroyable. Le projet autour de cette équipe est excellent, on a un très bon groupe qui joue pour le sélectionneur et le manager. »
« Les jeunes joueurs en France sont très, très bons, car nous sommes tous amis, on se côtoie en Top 14. Le championnat est de très bon niveau donc quand on arrive ici, cette expérience fait qu’on ne ressent pas la pression. De plus on a la chance d’avoir un N.10 précieux (Hugo Reus, ndlr). Il sait garder la tête froide, c’est une chance pour l’équipe, pour le groupe, de pouvoir compter sur un si bon capitaine. »
Mais revenons-en à cet intrigant lien familial. Comment Liufau se retrouve-t-il sous le maillot de l’équipe de France, alors que l’un de ses cousins défend les couleurs néo-zélandaises, était scolarisé au Saint Kentigern d’Auckland, et a fait ses débuts dans le Super Rugby cette année, avec les Blues ?
Pour le comprendre, il faut chercher du côté de la Nouvelle-Calédonie. Liufau, déjà champion du monde U20 l’an dernier, a commencé le rugby à Nouméa. En 2020, alors qu’il était encore adolescent, il a répondu à l’invitation de la Section Paloise. Deux ans plus tard, le 3e ligne intégrait l’équipe de France U18, puis faisait des débuts remarqués en Top 14 avec son club.
« Xavi, c’est l’un des fils de mon oncle. On s’est parlé avant et après le match. Pour ma famille, c’était plus que bien. Non, ils n’ont pas pu venir au Cap, le voyage est long depuis la Nouvelle-Calédonie. »
Les proches de Liufau seront sans doute devant la télé ou l’oreille collée au poste vendredi, à l’occasion de la finale France – Angleterre. Des Anglais qui ont par ailleurs battu les Bleuets lors de leur dernière rencontre, en mars dernier lors du Tournoi des Six Nations U20, une rencontre disputée à… Pau. « Ce match à Pau, on n’en garde pas un bon souvenir, car on avait perdu, et c’est devenu une référence pour l’Angleterre dans l’optique de vendredi. »
Mais Brent Liufau et les Bleuets en ont vu d’autres, et savent rebondir après une contre-performance. Demandons donc aux Baby Blacks.
Cet article a été à l’origine publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Jérémy Fahner.