Ce qu’il faut retenir de l’interview de rentrée de Fabien Galthié
A 15 jours de la première rencontre de l’équipe de France dans le cadre de l’Autumn Nations Series (contre le Japon le 9 novembre), Fabien Galthié a accordé une longue interview à L’Équipe.
Dans un exercice de communication parfaitement pesé et maîtrisé, le sélectionneur n’a éludé aucun sujet. Voici les cinq points principaux qu’il faut en retenir.
Les affaires de Mendoza
Point commun des événements malheureux durant la tournée chaotique en Amérique du Sud cet été : l’alcool. Ce constat a amené une réflexion indispensable autour du cadre de vie des Bleus. Alors que le rugby, qui vantait à qui voulait l’entendre l’importance des « valeurs » qu’il diffuse, a été remis profondément en cause cet été, le sélectionneur appelle à un cadre plus strict, moins basé sur l’autogestion qu’auparavant.
Sans écarter totalement la consommation (raisonnée) d’alcool, Galthié indique que « sans autorisation, c’est interdit ». « La question, c’est comment gérer la présence de l’alcool. Je crois qu’il faut faire appel à la conscience individuelle, celle qui, parfois, s’évapore, sous l’effet du groupe ».
Pas question pour autant de cloitrer les joueurs à l’hôtel durant les tournées : « Sortir, c’est respirer, c’est aller à la rencontre, c’est ne pas rester enfermé dans un hôtel, ne pas vivre isolé pendant quatre semaines. En ermite, ça ne marche pas ».
Cependant, l’ancien capitaine des Bleus s’applique à faire le distinguo entre les sorties et les abus : « Si on parle de la consommation d’alcool ou de substances interdites, c’est autre chose ».
Enfin, il pointe aussi « une équipe très jeune, avec peu d’expérience internationale, une sélection faite au dernier moment, avec une moins bonne connaissance des joueurs et une moins bonne préparation de ce cadre de vie ».
De quoi faire infléchir sa position sur les tournées d’été, qui servent depuis le mandat de son mandat de ‘laboratoire’, avec de nombreux novices et les cadres au repos ? La Nouvelle-Zélande le verrait sans doute d’un bon œil.
L’avenir de Jegou, Auradou, et Jaminet
Le sélectionneur n’a pas laissé tomber ses joueurs malgré leurs déboires. Il informe qu’il s’est rendu à La Rochelle, à Pau et à Toulon pour rencontrer respectivement Oscar Jegou, Hugo Auradou et Melvyn Jaminet.
« J’ai demandé à ces trois joueurs de s’engager. Ils ont un beau travail de témoignage à mener auprès des jeunes. Je leur ai dit : “Faites-le, ça va vous faire du bien et ça va nous faire beaucoup de bien aussi” ».
Galthié s’est également déclaré « totalement aligné » avec les dirigeants de la FFR sur leur avenir en équipe de France. Pour rappel, le président Florian Grill a déclaré à plusieurs reprises que Jegou et Auradou devraient attendre un non-lieu dans l’affaire de viols aggravés dont ils sont accusés pour espérer retrouver les Bleus.
Quant à Melvyn Jaminet, la porte semble verrouillée à double tour après ses propos à connotation raciste sur les réseaux sociaux, « choquants et inacceptables » pour l’ancien demi de mêlée.
Thomas Ramos en 10
C’est un sujet qui fait beaucoup parler ces derniers jours : on prête l’intention au staff bleu d’aligner l’habituel arrière Thomas Ramos à l’ouverture, au moins sur le premier match face au Japon, en l’absence de Romain Ntamack. Cela sonnerait comme un désaveu manifeste envers Matthieu Jalibert, l’ouvreur de l’UBB qui flambe en Top 14.
Sans dévoiler la composition d’équipe qu’il a en tête, Fabien Galthié donne tout de même un élément de réponse assez orienté. « On peut aussi entendre notre logique en plaçant à l’ouverture un gars qui a joué les deux derniers matchs du Tournoi de l’équipe de France en 10, qui a été champion de France avec Toulouse en 10, et qui a énormément de vécu en 10. » Difficile de faire plus limpide.
Le retour d’Antoine Dupont
Douze mois. C’est le temps qu’Antoine Dupont a passé sans enfiler le maillot de l’équipe de France. Du moins, celui des quinzistes. Le champion olympique de Sevens est enfin de retour à XV, et cela est évidemment de nature à réjouir Galthié.
« C’est exceptionnel, ce qu’il a fait », juge-t-il en référence à son année 2024 couronnée de succès (Dupont a remporté le Top 14, la Champions Cup, la Grande Finale du Sevens, et les Jeux olympiques).
Avant de porter un regard tout aussi admiratif sur son début de saison : « La semaine dernière, son match contre Pau était juste parfait. Il est titulaire à la mêlée et doit gérer un match difficile. Et il joue très juste. Contre Clermont, il marque trois essais, c’est super. C’est un finisseur et un créateur mais aussi l’un des meilleurs défenseurs que je connaisse ». Difficile de faire plus dithyrambique.
Sa situation personnelle
Bien que touché et remis en cause par ses détracteurs dans les débordements traversés lors de la tournée en Amérique du Sud, Galthié n’a jamais songé à quitter son poste et répète son investissement total auprès de l’équipe de France.
« Je ne me sens pas fragilisé. […] Je n’ai pas pris de vacances cet été, justement parce que j’étais totalement engagé, et en pleine puissance, vers l’amélioration de notre cadre de vie. Je n’ai jamais été aussi convaincu de mon engagement que lors de ce moment dans le local avec les deux joueurs et la police. »