Champions Cup : le Toulousain Meafou a pris une autre dimension grâce aux Bleus
Le colosse d’origine australienne Emmanuel Meafou a profité de ses débuts en équipe de France pour faire évoluer son jeu, plus épuré, et prendre encore davantage de place au Stade Toulousain, attendu à Exeter dimanche pour la deuxième journée de Champions Cup.
L’avantage, quand on fait 2,03 m pour 145 kg, c’est qu’il n’y a pas besoin de faire de grands mouvements de bras ou de crier trop fort sur ses coéquipiers pour réclamer le ballon.
« À chaque fois qu’on est proches de la ligne, je fais un petit clin d’œil à Toto (Antoine Dupont) », s’en amuse Meafou.
La connexion télépathique entre le demi de mêlée surdoué et son gigantesque deuxième ligne a abouti à deux des neuf essais passés aux Irlandais de l’Ulster (61-21) le week-end dernier.
« Ce sont des cadeaux », remercie le néo-international français (5 sélections) de 26 ans. « C’est toujours bien d’avoir un 9 comme ça. Lui aussi attire les défenseurs et ça m’aide ».
« Dans les cinq derniers mètres, il (Meafou) est quasiment impossible à arrêter », complimente Dupont en retour. « Et même quand il lui arrive d’être ralenti, il a toujours cette qualité technique pour faire vivre le ballon après lui ».
« L’expérience internationale lui amène cette capacité à être encore plus pertinent », juge Mola
Après un début de saison relativement discret par rapport à ses standards, ‘Manny’ a retrouvé son poids de forme, sous les 150 kg, et monte tranquillement en puissance.
Ses trois matchs de l’automne avec les Bleus, contre le Japon, la Nouvelle-Zélande et l’Argentine, n’y sont pas tout à fait étrangers, selon Ugo Mola.
« L’expérience internationale lui amène cette capacité à être encore plus pertinent, plus précis dans ce qu’il fait et moins dans un rugby total », analyse le manager toulousain.
« Manny voulait un peu tout faire », développe-t-il. « Le niveau international lui a permis de conforter ses points forts et de ne pas s’exposer à des endroits où il n’a pas besoin d’être. C’est un garçon très intelligent avec une grosse capacité d’adaptation ».
Né en Nouvelle-Zélande de parents samoans et élevé en Australie, Meafou a attendu d’être éligible avec le XV de France, cinq ans après son arrivée à Toulouse, pour endosser pour la première fois le maillot bleu lors du dernier Tournoi des Six Nations.
Le puissant numéro 5, devenu père il y a bientôt un an de son premier enfant, Marcellus, a lui aussi le sentiment d’avoir appris avec l’expérience à moins se disperser et ne plus seulement se reposer sur son physique hors normes.
Meafou se sent prêt à jouer plus longtemps
« Quand tu es jeune, tu veux tout faire : toucher le ballon, gratter, plaquer tout le monde… », dit-il dans un français de plus en plus riche. « Je pense avoir maintenant un peu plus de maturité pour attendre les bons moments pour me livrer, pour peser sur les adversaires ».
Grâce à cette mue internationale, le doux géant, habitué à jouer entre 50 et 60 minutes avant d’être remplacé, se sent aujourd’hui prêt à tenir plus longtemps. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les défenses adverses.
« Il faut quand même la prendre, la bête, tout au long d’un match », plaisante Mola. « Des gabarits comme ça, capables de jouer 60-70 minutes et de peser de tout leur poids, leur rugby et leur talent, il n’y en a pas beaucoup ».
« Will Skelton (deuxième ligne australien de La Rochelle) et lui », énumère le technicien toulousain. « Et peut-être Posolo Tuilagi (deuxième ligne international français de Perpignan) dans un autre registre, un peu plus jeune ».
Mais les deux autres n’ont pas la chance d’avoir Antoine Dupont pour distribuer des « cadeaux » près des lignes.
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