Comment Jonathan Laugel s'est retrouvé à frapper les trois coups du tournoi olympique
Non sélectionné pour le tournoi olympique de rugby à sept de Paris 2024, l’ancien international de rugby à sept est quand même entré sur le terrain du Stade de France, un brigadier entre les mains.
Il y a tout juste un mois, le 27 juillet 2024, en ouverture de la troisième et dernière session du tournoi masculin, celle qui a vu la France décrocher la médaille d’or au terme d’une finale explosive contre les Fidji. Comme un clin d’œil du destin, c’est Jonathan Laugel qui avait donné le coup d’envoi. Un épisode qu’il raconte en exclusivité pour RugbyPass.
« Quelques jours avant les Jeux olympiques, je reçois un appel de Paris 2024 et de son organisation », raconte le joueur vétéran de 31 ans qui a depuis mis un terme à sa carrière.
« Ils me disent qu’ils ont un nouveau concept innovant et qu’ils souhaitent pouvoir m’y associer. Ils voulaient ouvrir les sessions comme on les ouvre au théâtre. Ils me disent que j’aurais un brigadier et que je devrais taper trois fois au sol.
« J’ai très rapidement accepté d’abord parce que j’adore le concept que je trouve hyper fun et innovant. Et ensuite, c’était aussi pour moi une manière de vivre l’expérience, l’événement autrement. C’était très puissant.
« Au moment où j’ai récupéré l’accréditation, que je me suis dirigé vers les loges et dans les couloirs du Stade de France, je suis passé devant le vestiaire de l’équipe de France qui était en train de faire son activation avant l’un de ses matchs. J’ai pu prendre tous les mecs dans mes bras pour leur faire une accolade et leur donner de la force avant leur match.
« Ensuite j’ai rejoint l’endroit où j’ai tapé les trois coups. Ce qui m’a fait du bien aussi, c’est de me retrouver au niveau du terrain. Toute la journée je l’ai passé au niveau des tribunes en tant que supporter. Mais là, au niveau du terrain, je me sentais comme un joueur ; un spectateur-joueur. Et ça faisait du bien de ressentir ça.
« A la différence près que j’étais en chaussure ville, en pantalon en lin et chemise en lin. J’aurais aimé chausser les crampons à ce moment-là et rentrer avec les gars.
« Le deuil de cette non-sélection était déjà bien amorcée. L’acceptation était en cours. Lorsque j’ai été sur le terrain, j’ai ressenti de la joie, de la fierté. J’étais content, je me sentais bien, j’étais heureux de ressentir ça sans forcément ressentir une forte frustration de ne pas y être.
« Je voulais vraiment me nourrir de cette puissance du terrain, du public. Quand on est dans les tribunes on regarde le terrain et quand on est sur le terrain, on est regardé par le public. Me nourrir de ce public qui me regarde, qui porte un honneur à ce travail que j’ai réalisé pendant toutes ces années et qui m’a permis d’être la personne qui ouvre la session, c’était vraiment puissant. »
Lorsque Jonathan est entré sur le terrain ovationné par le public, il avoue que sa main tremblait un peu, « frissonnait », comme il dit. L’émotion, l’excitation du moment, la force de l’événement qui couronne joliment les trois dernières années de sa préparation olympique.
« Quitte à décevoir des gens, en fait quand on tape sur le sol, le bruit est déjà enregistré. Je dois rester connecter avec une personne en face de moi qui mime le mouvement que je dois réaliser pour qu’on se synchronise.
« Finalement, c’est assez cadré, il n’y a pas trop de surprise. C’était de la synchronisation, mais bon. On a fait de la danse pendant environ quatre ans avec l’équipe de France de rugby à sept où on travaillait cette synchronisation. A priori, j’étais déjà calibré pour ça », rigole-t-il.