Comment Karim Ghezal a redonné les crocs au LOU, en course pour la qualif'
Cinquième du Top 14, Lyon qui joue à Bayonne samedi (16 h 30) peut de nouveau croire à la qualification pour les phases finales, grâce à une dynamique qui s’est inversée depuis l’arrivée de son nouvel entraîneur Karim Ghezal.
Engagé après une défaite le 1er décembre à Pau (19-15, 11e journée), Ghezal (43 ans) a succédé au directeur technique Fabien Gengenbacher, toujours au club pour gérer la politique sportive, et à Jono Gibbes, nommé consultant l’été dernier.
Cet attelage s’était avéré improbable avec le premier en bord de terrain et le second… en télétravail depuis la Nouvelle-Zélande où il vit, avec des interventions de quelques semaines en présentiel à Lyon.
Depuis l’arrivée de l’ancien deuxième ligne, le LOU Rugby n’a perdu que deux fois, à Castres (30-25) en championnat et au Connacht en Challenge Cup (52-24), pour huit victoires et deux résultats nuls toutes compétitions confondues, se hissant en championnat de la 13e place, synonyme de barragiste, au 5e rang, et donc qualifiable pour les phases finales.
La greffe a tellement bien pris que le club rhodanien a choisi de conserver Ghezal, venu pour une mission sauvetage et qui a finalement été prolongé jusqu’en 2028.
« Avant tout une prise de conscience collective »
« Ce que nous faisions avant n’était pas mal, mais Karim a amené un peu de sérénité et de confiance collective », estime le centre Thibaut Regard. « Il y a parfois besoin d’un électrochoc, avec un nouvel arrivant. »
« Nous parlons d’un effet ‘Karim’, mais c’est avant tout une prise de conscience collective. Peut-être qu’avec un nouveau coach, on en fait un peu plus. Chacun a envie de montrer qu’il a sa place », poursuit le joueur. Tout en admettant : « Nous étions totalement en tort sur le début de saison ».
Pour lui, des « entraînements de meilleure qualité » ont permis de rebattre les cartes et tout s’est enchaîné. « On commence par une victoire, une deuxième et tu enclenches une dynamique positive avec un regain de confiance ».
Karim Ghezal n’est pas en terrain inconnu à Lyon où il a terminé sa carrière de joueur entre 2014 et 2016 avec un titre de Pro D2 et une accession en Top 14.
L’ancien deuxième ligne, passé par Béziers, Grenoble, Castres, Montauban et le Racing 92, s’est alors engagé comme entraîneur adjoint au LOU Rugby, chargé de la touche. En 2020, il rejoint le staff du XV de France de Fabien Galthié, puis devient après le Mondial-2023 entraîneur en chef du Stade Français, dont il a été limogé en septembre.
« Connaître Lyon est probablement une des raisons pour lesquelles il a accepté le poste. La situation n’était pas favorable », pense Julien Puricelli, entraîneur de la touche.
La défense du LOU devenue « la meilleure sur les deux ou trois derniers mois »
Malgré une « situation difficile » sur le front du classement, Ghezal a « rapidement » cru dans le potentiel de ses joueurs, note-t-il. « Il a amené les choses calmement et redonné de la sérénité aux garçons ».
« Il a très peu évoqué la 13e place, regardant vers le haut, mais sur des objectifs atteignables. Cela a enlevé une forme de pression aux joueurs », explique Puricelli.
Sur le jeu, « il n’y a pas eu de révolution », estime-t-il : Ghezal a « insisté sur trois éléments clés, sur des basiques. Cela a amené l’équipe à jouer en équipe ».
« La statistique la plus révélatrice est notre défense qui est la meilleure sur les deux ou trois derniers mois. Ce secteur est un bon baromètre », fait-il constater.
« Sur le terrain, nous ne nous posons pas de questions et sommes en action », souligne pour sa part le 3e ligne Dylan Cretin. « Il s’agit de faire des bons rucks pour avoir des ballons rapides, de plaquer en bas. C’est très simple, mais si tu t’appliques à faire ça sur le terrain, tu rends le rugby plus facile ».