Comment l’Angleterre va encore piquer un joueur clé au Pays de Galles

Warren Gatland n’a décidément pas de chance. Alors que le sélectionneur du Pays de Galles se bat comme un beau diable pour tenter de renouer avec la victoire – 12 défaites de rang en autant de matchs en 2024, un infamant record ! – il semble assister, impuissant, à la fuite de plusieurs de ses talents.

En janvier 2024, c’est l’ailier Immanuel Feyi-Waboso (22 ans, 8 sélections), natif de Cardiff, qui avait été chapardé par l’Angleterre, juste à temps pour le Tournoi des Six Nations.

L’étoile montante d’Outre-Manche, pistée par le Pays de Galles depuis qu’il avait joué avec les U18 gallois, avait préféré rejoindre le squad de Steve Borthwick après avoir été la révélation de la saison à Exeter. Gatland n’avait pas super apprécié. Blessé, Feyi-Waboso ne disputera finalement par le Tournoi de cette année.

Mais un an plus tard, Borthwick semble vouloir refaire le même coup avec une autre pépite galloise, le talonneur Kepu Tuipulotu, 19 ans.

Né dans le sud du Pays de Galles de parents tongiens, Tuipulotu a été scolarisé en Angleterre et est devenu capitaine des U18 de l’Angleterre en avril 2023 pour le Tournoi des Six Nations des moins de 18 ans. Il a rejoint Bath Rugby pour ses débuts professionnels cette saison où il a déjà disputé cinq matchs.

Le transfuge pourrait s’officialiser rapidement à la faveur de nouvelles règles d’éligibilité pour les joueurs étrangers portées par World Rugby et effectives depuis l’été dernier.

De nouvelles règles d’éligibilité

Jusqu’à présent, Tuipulotu était censé être éligible uniquement pour le Pays de Galles, son pays de naissance, et pour les Tonga, en raison de ses origines familiales. Jusqu’alors, le Règlement 8.1(c) exigeait qu’un joueur “soit enregistré auprès d’un club, d’une fédération ou d’un organisme de rugby pendant une période de 60 mois consécutifs précédant immédiatement le moment où il joue”.

Or, depuis le 1er août 2024 (règle adoptée par le Conseil de World Rugby en octobre 2023), un joueur ayant un lien authentique et établi avec une fédération n’a plus besoin de résider cinq ans d’affilée dans le pays avant de pouvoir représenter cette fédération pour la première fois. Donc toujours cinq ans, mais plus de manière continue comme c’était le cas par le passé.

Fort de cette situation, la RFU soutient que Tuipulotu a déjà satisfait à cette exigence et devrait donc pouvoir représenter l’Angleterre avec effet immédiat.

Le tour de passe-passe de l’Angleterre

En effet, Tuipulotu a passé en tout et pour tout cinq ans en Angleterre dans des écoles prestigieuses comme Caldicott et Harrow. Sans cette modification, il aurait dû attendre cinq années supplémentaires après avoir rejoint l’académie de Bath.

De son côté, la Fédération galloise avait également approché Tuipulotu, dont la sœur joue pour l’équipe féminine du Pays de Galles et le cousin Carwyn joue avec les U20, mais semble désormais accepter qu’il poursuive sa carrière internationale sous le maillot anglais.

Au risque que cela change encore, les Anglais, malins, ont déjà trouvé la parade pour sécuriser le talonneur à long terme. Déjà invité à une séance d’entraînement de l’équipe nationale en novembre en marge des Autumn Nations Series, Tuipulotu pourrait être officiellement lié à l’Angleterre s’il joue pour l’Angleterre A contre l’Irlande A le 23 février, l’empêchant ainsi de représenter une autre nation pendant au moins trois ans et privant ainsi le Pays de Galles d’une bonne occasion de renforcer son effectif qui en a pourtant tant besoin.