Coup de massue et sanctions, Florian Grill débriefe la tournée des Bleus
Le président de la fédération Française de Rugby a fait le point sur la tournée cauchemardesque du XV de France en Amérique du Sud à l’occasion d’une rencontre avec la presse mardi 16 juillet, au lendemain du retour des Bleus.
« Tout cet enchaînement d’affaires est dramatique », a-t-il évoqué dans des promos liminaires en pensant aux propos racistes de Melvyn Jaminet formulés ouvertement sur les réseaux sociaux ainsi que les accusations d’agression sexuelle à l’encontre de deux joueurs – Hugo Auradou et Oscar Jegou – survenus la même soirée, soit quelques heures après la victoire de la France sur l’Argentine à Mendoza.
« Dramatique pour la plaignante, pour les deux joueurs, les clubs de rugby, le sport en général, des bénévoles de rugby. C’est malheureusement le reflet de la société ; ce n’est pas spécifique au rugby. Ça existe dans le sport professionnel comme amateur. Il faut qu’on assume les devoirs et responsabilités qui sont les nôtres en prenant le taureau par les cornes. »
Affaire Jaminet : un signalement auprès du Procureur de la République
En une soirée, c’est toute la réputation du rugby et de ses valeurs éternelles qui ont volé en éclat. « C’est une douche froide, un coup de massue sur la tête et un recul. Je suis convaincu que le rugby construit, le rugby fait construire, le rugby aide. On ne peut pas avoir de dérapages de ce type qui détruisent tout ce travail que font des dizaines de milliers de professionnels et bénévoles au quotidien », a regretté Florian Grill.
Concernant l’affaire Jaminet, le président a confirmé avoir « fait une saisine avec la Ligue Nationale de Rugby de la commission de discipline de la Fédération Française de Rugby qui est l’interlocuteur pour ce type de propos », mais aussi avoir « fait une saisine du Procureur de la République sur les propos racistes avérés ». Le joueur est pour l’instant suspendu à titre conservatoire sans qu’il ait été précisé combien de temps durera cette exclusion.
Concernant l’affaire Jegou-Ouradou, les dirigeants de la FFR laissent le soin aux avocats et à la justice argentine de poursuivre leur travail. L’éventuelle tenue d’un procès pourrait avoir lieu « entre 9 et 14 mois » si les faits sont avérés.
« On les a vus quand ils étaient dans la prison du commissariat de Buenos Aires. Ils étaient extrêmement abattus et touchés. Ils sont arrivés à Mendoza où on ne les a pas revus. On sait qu’ils sont arrivés extrêmement éprouvés de leur voyage de Buenos Aires à Mendoza. Ça va un peu mieux aujourd’hui par rapport aux retours des familles. Ils ont envie d’expliquer leur version des faits. »
La fédération a avancé les fonds pour les dépenses d’urgence
Revenus en France, les dirigeants de la FFR restent en lien permanent avec l’ambassade de France et le consulat en Argentine, mais aussi avec les familles restées sur place et les avocats. Le président de la FFR a précisé qu’une maison avait été repérée dans l’éventualité où les joueurs pouvaient être placés en résidence surveillée.
A la question de qui va payer pour tout ça, Florian Grill a répondu : « Pour faire face à l’urgence, on a avancé les fonds. Les dépenses relèvent des familles mais dans l’esprit, il est assez évident que les clubs, la FFR, les joueurs ont envie de contribuer de manière à ce que le coût pour les familles ne soient pas considérables.
Les sanctions renforcées
Pour la fédération et tous les acteurs du rugby français, « il y aura un avant et un après Mendoza », qui pousse toutes les instances et toutes les parties prenantes à travailler pour éviter ce genre de dérapages à l’avenir.
« Nous n’aurons certainement pas la main qui tremble, ni pour sensibiliser, appliquer les nouvelles règles, ni pour sanctionner car il en va de l’avenir de notre sport et de nos jeunes », a insisté le président.
Sur le plan des sanctions, la fédération prévoit qu’elles soient disciplinaires – pouvant conduire à l’exclusion temporaire ou définitive des équipes de France au regard de la gravité des faits – mais aussi financières.