Essai refusé de l’Ecosse : les raisons implacables qui ont clos le débat
En début de semaine, Scottish Rugby a demandé à World Rugby de reconnaître l’erreur des officiels de match – quitte à les déjuger – qui avaient pris, selon la fédération écossaise, la mauvaise décision en privant l’Ecosse d’un essai décisif lors de la deuxième journée du Tournoi des Six Nations le 10 février.
L’Écosse était alors menée 20-16 par la France et pensait avoir assuré la victoire lorsque le deuxième-ligne Sam Skinner s’est enfoncé et a semblé poser le ballon sur la ligne au milieu d’un ruck, alors que le chronomètre était déjà dans le rouge.
World Rugby ne commentera pas
La décision de l’arbitre Nic Berry sur le terrain était « pas d’essai », et après plusieurs minutes de délibération avec l’arbitre vidéo (TMO) Brian MacNeice – qui avait initialement suggéré qu’il pouvait voir le ballon posé au sol – a indiqué qu’il n’y avait « pas de preuve claire » pour changer la décision initiale.
L’entraîneur de l’Écosse, Gregor Towsend, s’était entretenu avec l’arbitre Nic Berry après le match et la fédération écossaise avait demandé des comptes de son côté à World Rugby. Or, la fédération internationale a indiqué mercredi 14 au soir qu’elle s’en tiendrait à sa position habituelle qui est de ne pas commenter les décisions des arbitres.
La décision de l’arbitre de champ est souveraine
Dans son décryptage vidéo Whistle Watch, l’ancien arbitre international Nigel Owens, remet cette décision controversée dans son contexte.
« Ce qu’il faut retenir, c’est que la décision de l’arbitre est prise sur le terrain », rappelle le très respecté Nigel Owens. « Si l’arbitre a une intuition ou croit avoir vu ce qui s’est passé, il donne son avis. Dans le cas présent, il sait que le ballon a franchi la ligne et qu’il est tenu.
« S’il n’était pas sûr de ce qu’il avait vu, il aurait pu demander si l’essai était valable ou non ou bien, s’il avait eu l’impression qu’il avait été aplati, qu’il voulait juste s’assurer que rien d’autre ne s’était produit avant. Il aurait alors pu dire : ma décision sur le terrain est qu’il y a essai. C’est important de garder ça en tête. »
Nic Berry est assuré que le ballon avait bien passé la ligne d’en-but… mais qu’il n’avait pas touché le sol. D’où le recours à la vidéo pour s’en assurer.
Pas de preuve claire
« Dans ce cas, la question de l’arbitre au TMO porte sur la décision finale », poursuit Nigel Owens dans sa réflexion. « Le TMO, en examinant tous les angles disponibles, devra avoir des preuves, des preuves claires pour démontrer le contraire, pour invalider cette décision sur le terrain.
« Il ne s’agit pas seulement d’une décision difficile, mais aussi d’une décision sous haute pression, car vous savez que l’issue du match je joue à cet instant, c’est inévitable. Voilà. C’est une très grosse décision à prendre.
« Il faut donc être clair. Dans ce cas, il a estimé qu’il n’avait pas assez de preuves claires pour renverser la décision sur le terrain, et donc on en est resté à la décision prise sur le terrain.
« Est-ce que ça a dépassé la ligne ou pas ? La question n’a pas à être posée. Nous savons que c’est sur la ligne parce que l’arbitre l’a déjà indiqué. C’est pourquoi le TMO ne s’en préoccupe pas, car nous savons que le ballon a franchi la ligne. »
Tout repose donc sur ce que Louis Bielle-Biarrey avait lâché juste après la rencontre : « On se dit qu’à trois doigts, le match serait différent. »