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Fichten (MHR) : « Montrer quelque chose de positif et sauver le club »

Par Jérémy Fahner
Grégory Fichten a disputé plus de cent matchs sous les couleurs de Montpellier (Photo by PASCAL GUYOT/AFP via Getty Images).

Le Stade des Alpes de Grenoble sera rempli jusqu’aux cintres pour l’occasion. Dimanche, il sera le théâtre du barrage d’accès au Top 14 entre le club local, le FC Grenoble Rugby, finaliste malheureux de la Pro D2 (battu par Vannes) et Montpellier, 13e et donc avant-dernier du Top 14.

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Un épilogue inattendu pour le MHR, champion de France il y a deux ans, et aux portes de ce que serait une véritable humiliation en cas de dénouement favorable aux Isérois.

C’est un véritable match de la peur pour le club héraultais, taillé pour les sommets et porté par la fortune de son président mécène Mohed Altrad.

C’est plutôt le match de l’espoir côté FCG, qui a survécu à une saison mal embarquée et s’est remis de la désillusion de la finale perdue, son accession directe au Top 14 avec. « L’équipe qui a le couteau sous la gorge, c’est Montpellier » : l’ancien entraîneur du FCG Stéphane Glas, interrogé par le Dauphiné Libéré, ne s’y trompe pas.

Mais comment en est-on arrivé là chez les Cistes ? Retour sur une saison galère avec un témoin embarqué et privilégié, Grégory Fichten, au club depuis 2016. D’autant que le pilier gauche a la parole libérée, car il s’agira de son dernier match en tant que joueur du MHR, au terme d’un saison où il a disputé huit petits matchs.

Non conservé, il devrait s’engager avec le RC Narbonne, son club formateur. Sur la route entre Hérault et Aude, il s’est confié à RugbyPass sur cette saison si particulière, et plus largement sur ces huit années passées au MHR.

 

Grégory, pourquoi la saison de Montpellier a-t-elle été aussi galère ?

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« C’est difficile à expliquer. On avait de grosses attentes sur le recrutement de Richard Cockerill mais ç’a été un échec (l’Anglais avait été nommé entraîneur des avants en juillet 2023 puis remercié en novembre de la même année, ndlr). Psychologiquement, il en a fait endurer beaucoup au groupe. Il était là pour apporter un déclic mais il a été dans l’extrême. »

Qu’est-ce qu’il vous faisait faire par exemple ?

« Il nous faisait venir à l’entraînement à 7h30 du matin et nous gueulait dessus comme du poisson pourri. Ça n’a pas du tout fonctionné avec le groupe et je pense que c’est pour ça qu’on a eu du mal à démarrer. Dès la prépa physique, franchement, c’était vraiment “hard”. On avait deux ou trois séances de full contact avant les matchs aussi alors que généralement tu fais ça ponctuellement. Même si tu travailles les phases de ruck ou ce genre de choses, c’est assez intense mais ça ne dure pas longtemps. Là, tout le monde était sur les rotules physiquement et mentalement. »

Et pour toi, à titre personnel ?

« Psychologiquement, ça m’a clairement mis dans le dur même si je me suis accroché jusqu’au bout et toujours gardé le bon état d’esprit de vouloir apporter à l’équipe. Pendant que Cockerill était là, j’ai fait tous les matchs 24e. Pour un joueur comme moi, à 33 ans et plus de 100 matchs avec le club, c’était dur alors que je pense que j’aurais pu apporter quelque chose dans les moments difficiles.

« On a pris une bouffée d’air frais quand le nouveau staff est arrivé (Bernard Laporte, Patrice Collazo, Antoine Battut, Vincent Etcheto, Christian Labit et Didier Bès, ndlr) même si on perd les premiers matchs. En Challenge Cup on va gagner à Newcastle (24-19 le 10 décembre 2023), on est dans un nouvel élan, on enchaîne après plusieurs victoires. On s’est dit “c’est bon c’est reparti” mais au final on a eu un coup de moins bien et voilà. »

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Dans une interview accordée le 9 mai à Midi Libre, le directeur du rugby du MHR Bernard Laporte avait notamment pointé un effectif « complètement déséquilibré », jugeant que « celui qui a fait cette équipe est un escroc ». Tu es d’accord avec ces propos ?

« Je ne peux pas être d’accord avec ça parce qu’il reste une majorité de l’effectif champion de France il y a deux ans. On n’a pas à se mêler de ça mais mine de rien ça nous touche, nous joueurs, ça nous attaque nous aussi. Si on veut sauver le club, il faut montrer quelque chose de positif. Si on le dézingue comme ça, c’est difficile de se relever. »

Aurais-tu souhaité prolonger ton contrat à Montpellier ?

« J’avais lu dans le Midol, en mars je crois, que le club comptait prolonger Marco Tauleigne, mais que Clément Doumenc et Grégory Fichten ne seraient pas conservés. Du coup je suis allé rencontrer Patrice Collazo qui m’avait assuré que cela n’avait pas lieu d’être, qu’il me tiendrait informé d’ici fin avril il me semble, s’il comptait me garder ou pas. Au final j’ai attendu, j’ai attendu, et j’ai fini par lire dans la presse que le club allait recruter un pilier gauche géorgien qui joue à Exeter (Nika Abuldadze, ndlr). Trois jours plus tard, on l’a vu faire des essais au stade et je me suis dit “Ah, voilà mon remplaçant”. On ne m’a pas annoncé en face à face qu’on ne me garderait pas. J’étais déçu, mais j’ai avalé la pilule pour le bien du groupe. Ça ne sert à rien de foutre le bordel. Mais c’est vrai que je l’ai un peu mal vécu. »

Quels souvenirs vas-tu garder du MHR ?

« Je garde pas mal de trucs positifs. J’ai passé huit saisons là-bas, j’y ai découvert le plus haut niveau du championnat français et même européen, même si on a participé à plus de Challenge Cups que de Champions. Que des rencontres de très haut niveau, avec des joueurs que j’ai pu rencontrer dans mon équipe, que j’ai pu affronter. J’ai croisé beaucoup de grands noms au MHR.

« Quand je suis arrivé, il y avait énormément de Sud-Africains. Devant, franchement on pouvait vraiment suivre tout le monde. Je me souviens : quand on obtenait une pénalité dans notre camp, François Steyn mettait un grand coup de pied pour trouver une touche au niveau des 30 m adverses. Qu’est-ce qu’on faisait ensuite ? Ballon porté qui finissait en dame, ou il y avait à nouveau pénalité et on se rapprochait de la ligne d’en-but.

« Avec Vern Cotter, il y avait toujours pas mal de ‘Sudafs’ mais il a mis sa patte et a amené un peu plus de rythme dans notre jeu. C’est l’année où on va faire la finale contre Castres (perdue 13-29). Sur l’état d’esprit les Castrais étaient beaucoup plus prêts que nous. Mais cette saison-là, on finit premiers du championnat. Même les grosses équipes n’avaient pas envie de mettre leur équipe type à Montpellier pour ne pas prendre le risque de blesser des joueurs-cadres.

« Xavier Garbajosa n’a pas eu trop de chance avec le Covid en plein milieu de son passage, et on a connu des soucis de manque de résultats à la reprise. Est arrivé Philippe Saint-André avec Jean-Ba Elissalde, Olivier Azam. On a super bien tourné, alors qu’on se relève déjà d’une année difficile où on n’est pas loin d’être relégable. On arrive à se qualifier pour la Challenge Cup, on la gagne (18-17 contre Leicester en 2021) et on se sauve contre Bayonne. C’est une saison qui aurait pu être sacrément pourrie et au final, on se sauve et on gagne un titre. C’était énorme. Pour certains, c’est la petite coupe d’Europe mais pour un groupe c’est énorme ! ça nous a lancés pour la saison suivante, et on gagne le titre de champion de France.

« On a gardé le même état d’esprit qu’on avait sur la fin de saison précédente. Philippe Saint-André a été bon dans la gestion humaine, du groupe. Évidemment on a travaillé physiquement mais il y avait aussi des événements de groupe qui ont fait du bien.

Dans le dernier épisode de "Walk the Talk", Jim Hamilton s'entretient avec Damian de Allende, double champion du monde de rugby, au sujet des Springboks, en particulier de la Coupe du Monde de Rugby 2023 et de la série à venir contre l'Irlande. Regardez l'épisode gratuitement dès maintenant sur RugbyPass TV.

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