Finale du Top 14 : un an de travail pour deux semaines d’excitation

Par Willy Billiard
Sur le plateau du Bastashow, épisode spécial Finale du Top 14 2024 avec Mathieu Bastareaud, Bengous, Pierre Dantin et Sofiane Guitoune.

A la veille de la finale de Top 14 entre le Stade Toulousain et l’Union Bordeaux-Bègles, Mathieu Bastareaud a souhaité décrypter les ressorts d’une finale dans un épisode spécial du BastaShow, à voir en exclusivité et gratuitement sur RugbyPass TV.

Face à lui, entre autres, Sofiane Guitoune, dit « la légende », qui vit là ses derniers moments de joueurs après 33 matchs pour Bordeaux puis 135 pour le Stade Toulousain (à compléter par 42 pour le SU Agen au début de sa carrière puis par 18 à Perpignan). Lui-même a vécu trois finales de Top 14 dans sa carrière. Et à chaque fois, il a ressenti les mêmes choses.

« Toute la saison est pour ces deux dernières semaines », explique le trois-quarts centre du Stade Toulousain. « Tu as une excitation, tu n’es plus fatigué. Après les onze mois que tu as fait, c’est le cadeau. Demi-finales, finales, pendant deux semaines c’est une excitation de fou. Un an de travail pour deux semaines. »

Cette finale du 28 juin contre son ancien club sera la quatrième qu’il va vivre. Les trois précédentes se sont terminées avec le Brennus : 2019, 2021 et 2023.

« Il y a quelque chose de beau à faire avec le doublé », remarque Guitoune en ayant un œil sur la Champions Cup remportée quelques semaines plus tôt par Toulouse.

Face à un tel enjeu, paradoxalement, il ne ressent pas de pression particulière. « Tu sens une force tranquille du groupe », dit-il. « En vieux con, je leur dis que ce que fait ce groupe est exceptionnel. Depuis qu’ils sont tous pros, depuis 5-6 ans, ils sont toujours en finale, ça gagne. Moi j’ai attendu. J’ai 18 ans de carrière pro, j’ai attendu les cinq dernières années pour gagner.

« Ce qui leur arrive, pour eux, c’est la normalité, mais c’est pas normal. Max Médard a dit à Thomas Ramos : ‘j’ai attendu 7 ans pour refaire une finale, 2012-2019’. Les jeunes petits cons ne s’en rendent pas compte, mais ce qu’ils font est exceptionnel. »

La haute performance est un standard à Toulouse

Pour décrypter ces ressorts de la gagne, Pierre Dantin, professeur spécialiste de la haute performance, plus attaché au RC Toulon, pose son regard de professionnel.

« A Toulouse, il y a une culture de l’endroit qui fait que l’institution est souvent plus forte que l’équipe, ce qui explique la capacité en permanence à renouveler les exploits », analyse-t-il.

« C’est presque un standard la haute performance à Toulouse. On est toujours étonné que Toulouse ne soit pas en finale, c’est plus ça l’enjeu. Quel que soit ton niveau et ton statut, tu donnes parce que l’endroit te rend et te porte. C’est comme le Real de Madrid : ils peuvent faire un match de merde et ils gagnent toujours à la fin.

« C’est extraordinaire d’avoir des endroits comme ça qui sont porteurs de leur propre croyance que tout est possible. Quand tu appartiens à ça, t’as pas envie de trahir par ton ego mal placé, par la capacité à gérer du conflit. C’est un endroit qui dégage de la sérénité. Et la sérénité est une des bases aussi pour faire face à la pression du résultat.

« Au Stade, c’est une forme de pacte implicite. A partir du moment où tu viens là, c’est un code : si tu donnes à l’endroit, l’endroit te le rend. Le culte de la performance est très Stade Toulousain. C’est une culture du dépassement collectif. Il y a d’autres sports où, si on perd, ce n’est pas de notre faute. Là, si on perd c’est de notre faute à tous. Il y a un renversement de valeurs et c’est ce qui explique les conditions de la transcendance et du dépassement. »

Voler la confiance de l’autre

Pour Sofiane Guitoune, la perf de l’Union Bordeaux-Bègles est également à saluer, même s’il n’a passé que deux années au club (2014-2016) dont la première marquée par des pépins physiques.

« Bordeaux fait une saison incroyable. Ils ont une belle ligne de trois-quarts, une charnière équipe de France, mais devant ils sont très costauds aussi. Ils ont une équipe très complète », dit-il.

« Yannick Bru a fait un bon boulot en un an et le président Laurent Marty aussi en 18 ans. Il a fait monter l’Union quasiment de la Fédérale 1 à la Pro D2 et aujourd’hui à remplir Chaban-Delmas tous les week-ends, délocaliser au Matmut de temps en temps. C’est son but, c’est son rêve. Il ne lâchera pas l’affaire avec l’Union tant qu’il n’aura pas ramené un bout de bois. »

Pierre Dantin, en spécialiste de la haute performance qu’il est, confirme que « cette finale le récompense de tout le chemin. Est-ce que ses joueurs lui donneront la récompense ultime ? »

« On voit deux oppositions : une culture standard de la haute performance, contre un club réémergent qui a su se réinventer. Pour moi, ce sera l’appréhension des émotions qui caractérisera quelle équipe va chiper la confiance de l’autre le plus vite possible. Il faut voler la confiance de l’autre. »

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