François Ratier : son plaidoyer pour un championnat féminin renforcé
Avec deux Coupes du Monde de Rugby à son actif au chevet de l’équipe féminine de rugby à XV du Canada – finaliste en 2014 en France et 5e quatre ans plus tard en Irlande alors qu’il n’y avait pas de quart de finale – François Ratier baigne depuis 20 ans dans le rugby féminin international outre-Atlantique.
Le Charentais d’origine est revenu depuis plusieurs mois au pays où il est le manager des Lionnes du Stade Bordelais, championnes de France 2023 en Élite 1 (le plus haut niveau de compétition possible) à l’issue d’une belle saison où elles ont battu Blagnac en finale (27-23).
Le début de saison augure une nouvelle belle suite puisque les Lionnes dominent la poule 1 à trois points de Montpellier et de l’ASM Romagnat. Dans la poule 2 ? le Stade Toulousain performe très fort aussi, à cinq points de Blagnac.
Bordeaux à la manœuvre pour faire évoluer le championnat Elite 1
Deux poules de cinq équipes (six habituellement) qui se croisent pour les phases finales, une médiatisation qui ne remplit pas ses promesses alors qu’ailleurs dans le monde – principalement dans les pays anglo-saxons comme l’Angleterre, l’Australie et la Nouvelle-Zélande – les championnats nationaux de rugby féminin séduisent annonceurs, diffuseurs et fans.
En France, ce n’est pas (encore) le cas et on sent bien que l’arrivée de François Ratier dans le paysage pourrait contribuer à changer la donne.
« Dans un monde idéal on aurait un championnat de type Top 14 avec des investisseurs privés, une ligue nationale qui gèrerait ce championnat avec des partenaires marketing », se prend à rêver l’ancien coach canadien, alors interrogé sur France Bleu Gironde dans l’émission 100% UBB.
Il en profite pour confirmer que le club de Bordeaux « travaille énormément dans cette direction » en espérant « qu’une structure de ligue suivra ».
L’ancien directeur général et technique de Rugby Québec a déjà son idée sur la nouvelle réforme du Elite 1, sans tant est qu’une réforme puisse être opérée : « ce qui serait idéal serait d’avoir une poule unique, un Top 10 par exemple, lisible, avec un classement lisible et des phases finales lisibles », à l’image de ce que fait le Top 14 aujourd’hui.
Le problème d’un calendrier à trous
« Pas besoin d’aller très loin », confirme François Ratier qui regrette, entre autres, un calendrier à trous dans le championnat. Par exemple, la quatrième journée a eu lieu le 16 décembre (victoire du Stade Bordelais sur Montpellier 17-8 ; un match qui s’est déroulé juste après le match de Champions Cup qui a vu Bordeaux battre Bristol 36-17) alors que la cinquième journée aura lieu le 28 janvier, soit près d’un mois et demi plus tard.
« Ça n’aide même pas non plus l’équipe nationale. Il est mieux d’avoir un championnat resserré avec de gros matchs tous les week-ends, ce qui permet à chaque joueuse d’évoluer plus vite », estime le nouveau manager des Lionnes.
Une même très longue pause a lieu entre la neuvième journée le 3 mars et la dixième le 12 mai. Un comble.
« C’est une question de temps », estime Ratier qui précise néanmoins. « On est loin de vouloir imiter ce que font les garçons. En ce qui concerne la structure de ligue, nous ce qu’on demande c’est d’avoir une ligue lisible. Et quand je parle d’un Top 10, je ne parle pas d’une économie du Top 14 liée à notre Top 10.
« On sait où on est, personne ici ne revendique d’avoir la même chose. Ça prend du temps, il faut des partenaires, il faut aller les chercher. Il faut créer un spectacle qui va emmener des gens. Ça prendra du temps, c’est évident. On est très conscient de tout ça. »
D’autant que la structure est en place entre ce que proposent les clubs et la fédération. « On entraine des joueurs et de joueuses de rugby ; c’est le même sport », rappelle François ratier comme une évidence.