Hollie Davidson : la motivation de l’arbitre au-delà des crachats
Hollie Davidson est une pionnière de l’arbitrage sur la scène internationale. L’officielle de match écossaise a notamment arbitré les finales de la Coupe du Monde de Rugby à Sept à 7 et de la Coupe du Monde de Rugby 2021, à quelques semaines d’intervalle.
Avec un CV comprenant de nombreuses « premières », Davidson a non seulement atteint le sommet du rugby féminin, mais elle est également une pionnière dans le rugby masculin.
Elle est en effet devenue la première femme arbitre assistante sur le terrain pour un match du Six Nations masculin en février, puis la première à occuper le poste d’arbitre assistante lors du Rugby Championship ce mois-ci – Australie-Afrique du Sud à Brisbane le 10 août et à Perth le 17.
Récemment, lors d’une interview dans le podcast de World Rugby « Stronger than You Think », elle a révélé à quel point ses premières années sur la scène de l’arbitrage ont été difficiles.
De la haine sur ses réseaux sociaux aux crachats après un match, elle a appris à s’endurcir et à accepter tout cela comme faisant partie du job.
Une mission qu’elle continue à considérer de manière positive malgré tout, afin d’impliquer davantage de filles dans le rugby.
« À mes débuts, j’avais du mal à laisser ce qui se passait sur le terrain au stade et je ramenais tout chez moi. Je ne savais pas vraiment comment gérer cela », raconte-t-elle.
« Quand on a annoncé que j’étais devenue la première femme arbitre professionnelle en Écosse, les médias ont réagi très positivement, et je me suis dit ‘c’est génial’.
« Mais lors de mon premier match international de rugby à XV, j’ai donné un carton rouge pour une charge avec le bras, et cette vague de positivité s’est rapidement transformée en une énorme vague de négativité.
« Avec le temps, je me suis retrouvée à plonger dans les réseaux sociaux, où je lisais tous les commentaires négatifs, et cette énergie me suivait pendant deux ou trois jours à la maison, ce qui n’était pas sain. Maintenant, j’ai verrouillé mes réseaux sociaux pour limiter les interactions à ceux qui peuvent me contacter.
« Avant, les commentaires négatifs ou insultants me restaient en tête, je m’en souvenais et ils me pesaient lourdement. Aujourd’hui, j’essaie de ne plus leur accorder autant d’importance.
« Oui, je les lis encore, parfois ils me font rire, mais j’essaie de les laisser passer et de ne plus m’y attarder. »
Dans le podcast, Hollie Davidson a évoqué l’une des journées les plus difficiles qu’elle ait connues sur un terrain jusqu’à présent.
C’était en 2022, lorsqu’elle a arbitré la finale du Tournoi des Six Nations féminin entre la France et l’Angleterre, un match que les Red Roses ont remporté 24 à 12.
« Je m’étais préparée de la même manière, j’avais l’impression de donner le meilleur de moi-même sur le terrain, mais rien ne semblait fonctionner », raconte Hollie Davidson.
« J’ai raté une décision importante, en fait deux, qui ont probablement eu un impact significatif contre les Françaises, et ça a peut-être influencé le résultat du match.
« J’ai ensuite été la cible de nombreuses insultes et de haine, on m’a craché dessus en dehors du terrain, on a fouillé nos vies, et nous avons été escortés par la sécurité jusqu’à l’hôtel.
« À ce moment-là, vous commencez à remettre en question votre engagement, à vous demander si tout cela en vaut vraiment la peine. En y réfléchissant, je peux admettre que j’ai fait des erreurs durant le match, mais je ne m’attendais pas à ce que cela se traduise par une telle réaction.
« Et puis, il y a des moments où je prends du recul et je réalise que je fais ça pour les femmes. Quand on m’arrête lors des tournois du WXV pour des photos ou des autographes, je me rends compte que c’est la raison pour laquelle nous faisons tout ça.
« C’est pour ça que nous supportons les critiques et que nous nous donnons à fond semaine après semaine, parce que nous voulons encourager davantage de filles à rejoindre notre sport. Plus elles le font, plus j’ai accompli mon devoir. »