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David Ribbans : « C’est pour ça que je reste à Toulon »

Par Liam Heagney
David Ribbans, deuxième ligne de Toulon, ballon en main contre le Stade Français (Photo de Dimitar Dilkoff/AFP via Getty Images)

Il fut un temps où David Ribbans guettait chaque annonce d’équipe avant les matchs de l’Angleterre, comme celle de ce vendredi 4 octobre, qui invitait 36 joueurs au camp d’entraînement organisé du 7 au 9 octobre en vue de l’Autumn Nations Series. Mais ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, il ne cherche plus à attirer l’œil de Steve Borthwick (ou Eddie Jones avant lui).

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Toulon, c’est chez lui. Il n’est plus à Northampton. Il ne cherche qu’à performer en Top 14, loin des interrogations qui l’animaient par le passé, comme celle de savoir si ses performances avec les Saints seraient suffisantes pour être sélectionné. L’ironie, c’est qu’après des années de frustration à faire le nombre au mieux, il avait finalement été appelé.

Jones lui a offert trois sélections en novembre 2022. Il était entré en cours de jeu à Twickenham mais lors du Six Nations qui a suivi, le Sud-Africain de naissance, éligible à la sélection anglaise grâce à un grand-père anglais, ne faisait plus partie des plans de Steve Borthwick, entre temps arrivé à la tête de la sélection.

La rumeur a alors enflé : il était annoncé à Toulon, qui lui proposait un contrat de trois ans. Pour autant, quelques semaines plus tard, il a fêté sa première titularisation à la suite d’une blessure d’Ollie Chessum.

Puis il est allé décrocher le bronze à la Coupe du Monde de Rugby 2023. Seize jours plus tard, il mettait sa carrière internationale – 10 sélections – en suspens et fêtait ses débuts avec Toulon à domicile contre le Racing.

Depuis, le joueur de 28 ans profite pleinement de sa vie dans le Var. Il est vice-capitaine du RCT avec Charles Ollivon et son contrat a été prolongé jusqu’à l’été 2028.

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Mais comment vit-il le fait d’avoir vécu une carrière internationale aussi brève et de gagner sa vie loin de l’Angleterre ?

« C’est pour ça que je reste à Toulon et que je ne rentre pas en Angleterre », a-t-il déclaré en exclusivité à RugbyPass lors d’un entretien en vue du match contre Clermont du 6 octobre 2024.

« Je suis là depuis un moment, maintenant. J’avais l’impression d’être un peu en marge du projet et je jouais depuis un moment pour Northampton. Après trois ou quatre années à un très bon niveau, on ne m’avait jamais vraiment donné ma chance.

« Je ne dirais pas que j’ai abandonné mon rêve, mais bon, je savais que je n’atteindrais jamais les 50 ou 60 sélections et ça m’attristait. Si on m’avait donné ma chance, je pense que j’aurais pu les atteindre, mais ça n’a pas été le cas et il y avait de très bons joueurs devant moi.

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« Je n’ai franchement aucun regret. J’ai adoré le temps passé en sélection. On m’a posé beaucoup de questions par rapport au fait que je sois Sud-Africain mais que je joue pour l’Angleterre. J’ai toujours été très clair : c’était un privilège et une chance de joueur pour l’Angleterre.

« L’Angleterre, c’est le pays qui m’a adopté et qui m’a permis de devenir qui je suis aujourd’hui. J’y ai énormément appris sur le plan du rugby. C’était un honneur pour moi de rendre à ce pays ce qu’il m’a apporté. Je n’ai donc pas de regrets sur ce plan. J’en ai un peu plus sur le fait de ne pas avoir connu davantage de sélections.

« Je n’ai pas de regrets non plus quant au fait d’avoir tiré un trait sur l’Angleterre quand l’occasion de venir jouer ici s’est présentée. Les règles changent, cela devient de plus en plus dur de jouer à l’étranger et les occasions de le faire ne sont pas légion.

« L’occasion s’est présentée et elle va même se prolonger. Mes sentiments sont partagés. Je suis fier et en même temps j’aurais voulu en avoir plus. Au bout du compte, je suis venu ici et je ne compte pas repartir. »

S’il a décroché une médaille – en bronze – pour ses adieux à la sélection, au Stade de France, contre l’Argentine, il n’en aura jamais décroché avec les Saints. Quand ces derniers ont remporté leur premier titre de champion d’Angleterre depuis 2014 en juin 2024, Ribbans était à Paris et clôturait la saison régulière avec Toulon contre le Stade Français. « J’ai regardé le match et j’ai eu tous les mecs sur FaceTime quand ils étaient en train de fêter dans le bus. Ils m’ont chambré et c’était mérité, en me disant que maintenant que je n’étais plus là, ils gagnaient », rigole-t-il.

S’il a du mal à apprendre le français malgré ses deux cours par semaine, il n’a pas mis longtemps à s’adapter au reste, tant sur le plan du rugby que du reste. « On vit dans une ville qui s’appelle Carqueiranne, à 20 minutes de Toulon. C’est sympa, il y a la plage. L’été, c’est un peu blindé mais là, ça se calme. Les touristes sont repartis. Moi, je fais désormais partie des locaux. »

Quand on lui parle de pression, il ne s’échappe pas. « Oui, il y en a, c’est comme ça à Toulon. Le public attend des résultats. Les fans veulent voir leur équipe gagner. Au sein du club, on reste soudés, on est un petit groupe, on bosse au quotidien et on essaie de ne pas trop prêter attention à tout ça.

« C’est peut-être une chance, pour moi, de ne pas lire la presse française. Je suis protégé de toute la passion médiatique autour de Toulon. L’an dernier, j’ai pu me rendre compte à quel point la saison est longue.

« En Premiership, on ne s’en rend pas compte, mais c’est vraiment long ici et chaque match est un peu un test-match. C’est physique, c’est rude, c’est long et il ne faut pas atteindre son pic de forme trop tôt.

« On fait un bon début de saison mais ça se termine en juin. Il ne faut donc pas jouer ses finales trop tôt. L’an passé, on était genre 8e ou 9e et on était en crise. En fin de saison, on s’est retrouvé en position de finir deuxièmes si on battait Paris. Tout peut aller très vite. »

Impossible d’évoquer Toulon sans parler du public de Mayol. « Il n’y a pas de mots. C’est un club à part. Quand je suis arrivé ici, j’étais impressionné. C’est l’un des premiers trucs que j’ai dits à mes parents. Je n’avais jamais vu ça. Chaque match à domicile est une expérience de fou.

« Il n’y a pas longtemps, on a joué à Paris contre le Stade Français. Je n’avais jamais reçu un tel soutien à l’extérieur. Énormément de fans avaient fait le déplacement. Quand on est arrivés au stade, ils tapaient sur le bus. C’est vraiment à part. Quand tu perds, forcément, c’est aussi décuplé mais quand tu gagnes, tu sens tellement de gratitude. Ce public est incroyable et il nous pousse, c’est clair. »

Rencontre
Top 14
Clermont
3 - 3
16'
Toulon
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Ribbans est un homme heureux, d’autant qu’il porte les couleurs du club où son idole, Joe van Niekerk, a terminé sa carrière. « C’était mon héros. J’étais troisième ligne avant et je voulais devenir comme lui. Il m’avait dédicacé une photo quand j’étais petit, je devais avoir genre 6 ou 7 ans.

« Il y a sa tête partout en ville et au camp d’entraînement. Je n’ai pas eu la chance d’être là pour les retrouvailles avec les légendes du club, j’aurais adoré le revoir en personne. Mais aujourd’hui, je suis capitaine de l’équipe, comme lui avant.

« C’est fantastique. Je ne cherche pas à tout faire comme lui mais j’ai un peu suivi sa trace. Il n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait en Afrique du Sud. Il est donc parti et il s’est fait un nom ici.

« De mon côté, je reçois énormément d’amour de la part des fans et du club. J’ai donc prolongé mon contrat. Je me sens aimé de tous. »

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