Accusé de bouder sur le banc de Montpellier en 2009 : Justin Marshall s'explique
Lorsque le demi de mêlée des All Blacks Justin Marshall (81 sélections entre 1995 et 2005) est arrivé avec tambours et trompettes à Montpellier à l’été 2008, le destin du MHR allait changer. C’était la grande époque des All Blacks qui jouaient en Top 14 avec Tana Umaga et Jerry Collins à Toulon ou Dan Carter à Perpignan (qui deviendra champion de France au terme de cette saison avec seulement cinq matchs, soit dit en passant mais ça, c’est une autre histoire).
En provenance des Ospreys, Marshall s’engage pour une année, plus une en option. Autant le dire toute de suite : il n’y aura pas d’option tant l’expérience ne s’est pas bien passée. En fait d’une saison, il n’aura tenu que six mois jusqu’à ce match funeste du 3 janvier 2009…
Montpellier dans le ventre mou
Dans le podcast Sport Nation NZ, l’ancien international néo-zélandais, retiré des terrains depuis 2010, est revenu sur ce dernier acte qui a mis fin prématurément à son aventure avec le MHR. Comme dirait le journaliste Philippe Collin, « le récit commence » le 3 janvier 2009 à Toulouse. C’est la 14e journée de Top 14 et Montpellier végète déjà dans le ventre mou après sept victoires et six défaites (le club terminera à la 10e place, désolé de casser le suspense).
Montpellier part jouer à Toulouse le match retour. A l’aller, lors de la première journée, les Cistes s’étaient imposés 16-11. Mais entre-temps, les hommes de Didier Nourault sont sur courant alternatif (5 défaites et 5 victoires sur les dix dernières rencontres). Justin Marshall, n’a pas joué beaucoup : seulement 11 matchs (dont 10 de Top 14), sa doublure étant plus souvent titularisée…
Manque de chance, en fin d’année il a été victime d’une élongation à la cuisse qui l’a écarté des terrains. Et pour ce premier match de l’année, il est remplaçant, laissant Julien Thomas, 23 ans, titulaire. Le reste, c’est Justin Marshall qui raconte…
« Le coach me fait signe d’entrer. Il fait zéro degré. J’ai dit : “Non, merde. Pas question.”»
« J’ai été mis sur la touche pendant un mois. J’ai suivi ma rééducation, mais avec le staff, ça a vite été compliqué. Leur méthode de remise en forme était… différente. Résultat : je me suis reblessé à l’entraînement. Puis, je me suis encore fait mal une troisième fois. Bref, quand j’ai enfin pu m’entraîner une semaine complète, ils m’ont mis sur le banc.
« Ce jour-là, on joue contre Toulouse, à Toulouse. En face, il y a Byron Kelleher à la mêlée. Forcément, il me regarde du banc avec un sourire en coin. Et ça, ça m’a vraiment agacé (Kelleher marquera un doublé dans cette rencontre, ndlr).
« On arrive à la 78e minute. On perd 42 à 3 (en fait, le score est de 34-0 et déjà scellé lorsque l’épisode relaté se produit, ndlr). Et là, le coach me fait signe d’entrer. Il fait zéro degré. J’ai dit : “Non, merde. Pas question.” L’autre demi de mêlée a 21 ans (en fait 23, ndlr), qu’il finisse. J’ai dit au coach : “Je n’irai pas. Tout ce que je vais gagner, c’est une déchirure aux ischios. Des miracles, j’en ai fait dans ma carrière, mais remonter 42 points en deux minutes… ça, c’est pas possible.”
« J’avais 35 ans à l’époque, et franchement, c’était une décision absurde. J’étais gelé, resté sur le banc à zéro degré tout le match. J’ai refusé d’entrer. Alors, ils ont laissé le jeune sur le terrain. »
Justin Marshall suspendu un mois
A l’époque, la presse a glosé sur le fait que Justin Marshall avait « boudé » sur son banc en défiant son entraîneur. Et même si cela n’aurait sans doute pas changé grand-chose au score, avoir une telle attitude, ça ne se fait pas. La sanction tombe : il est suspendu. De match et de tout le reste.
« Mais bon, les Français étant les Français, ils n’ont pas du tout aimé que je défie l’entraîneur. C’était la première fois de ma carrière que je disais : “Non, je ne joue pas.” Et probablement la dernière. Mais, pour une fois, j’avais du bon sens », poursuit Justin Marshall.
« Du coup, ils m’ont sanctionné : suspendu un mois. Et pas seulement interdit de jouer, hein. Je n’avais même plus le droit d’aller au centre d’entraînement, ni même de voir l’équipe. J’étais complètement mis à l’écart. »
Un coup de fil opportun d’Eddie Jones
« Je leur ai dit : “Écoutez, si vous voulez que je m’excuse, je le ferai. Je pensais juste prendre une décision intelligente. Mais si vous faites ça, vous me faites passer pour un égoïste, et ce n’est pas ce que je suis. Je peux même m’excuser publiquement auprès de mes coéquipiers, mais cette sanction, elle est injuste et elle va me blesser.”
« Ils ont maintenu leur décision.
« Pendant ma suspension, Eddie Jones m’a appelé. Et quand Montpellier est finalement revenu vers moi pour me dire que je pouvais rejouer, je leur ai répondu : “Trop tard. J’ai signé aux Saracens.”
« Je n’ai plus jamais rejoué pour eux. »
Le MHR trop heureux de se séparer de Justin Marshall
Conscient que la signature de Justin Marshall n’avait finalement pas été la meilleure décision de Montpellier cette année-là, le MHR a en effet accepté de le libérer plus tôt que prévu suite à des négociations avec les Saracens. Il se trouve que le club de Premiership cherchait d’urgence un remplaçant au Sud-Africain Neil de Kock qui s’était cassé le bras et dont l’absence était estimée à 12 semaines.
C’est ainsi que Montpellier, trop content de trouver une sortie au souci Marshall accepte de le libérer deux semaines après sous certaines conditions (qu’on imagine financières en partie) jusqu’à la fin de la saison. Justin Marshall restera finalement un peu plus longtemps aux Saracens et y terminera sa carrière 18 mois plus tard, après y avoir joué 32 matchs.
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