La communauté du rugby divisée sur le carton rouge de 20 minutes
Alors que le rugby français s’est opposé à la mise en application du carton rouge de 20 minutes, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont réaffirmé leur soutien à son adoption et plusieurs joueurs se sont exprimés sur le sujet.
World Rugby, l’instance dirigeante du sport, a testé ce changement cette année lors du Rugby Championship, permettant à une équipe de remplacer un joueur ayant reçu un carton rouge après 20 minutes d’exclusion.
« La seule façon dont je vois les choses, c’est que cette mesure dévalorise le carton rouge », remarque le deuxième-ligne du Pays de Galles, Dafydd Jenkins.
« Il y a des avantages et des inconvénients dans les deux cas, mais je trouve qu’on essaie trop de changer le rugby et il n’est pas nécessaire de le changer autant. »
Une incitation au jeu déloyal
Selon les dirigeants du rugby français – la FFR, la LNR et Provale – passer à cette nouvelle version d’un carton rouge plus allégé inciterait au jeu déloyal. Selon eux, seulement 60 % des équipes ayant reçu un carton rouge sur un échantillon de 480 matchs du Top 14 et des matchs internationaux ont perdu la rencontre.
« Je pense que le débat se situe entre la sécurité des joueurs et la volonté de ne pas ruiner un match s’il y a un ou deux cartons rouges en début de rencontre. Sur une grosse affiche, cela peut avoir un effet important sur un match », estime le numéro 8 de l’Irlande, Caelan Doris.
« Je pense que c’est une bonne idée de l’expérimenter », a-t-il ajouté.
La sécurité des joueurs en question
Les commotions cérébrales sont devenues un sujet sensible ces dernières années et beaucoup reconnaissent aujourd’hui que les mesures prises pour protéger les joueurs à l’époque n’étaient pas suffisantes.
« L’inconvénient, c’est qu’avec des règles plus strictes et un arbitrage plus sévère, on risque d’avoir plus de cartons rouges. Et souvent, un carton rouge peut gâcher un match », a commenté l’ailier irlandais Jacob Stockdale.
Le trois-quarts centre samoan de La Rochelle, Ulupano Seuteni, a écopé de quatre cartons jaunes et d’un rouge au cours de sa carrière.
Lors de la demi-finale du Top 14 perdue en 2021 contre Toulouse, il a été expulsé pour un plaquage dangereux sur le demi d’ouverture toulousain Romain Ntamack.
« C’est une bonne chose pour le rugby, avec des règles strictes sur les chocs tête contre tête », a déclaré le Rochelais. Il estime que certaines situations menant à des cartons rouges peuvent être discutables.
Toutefois, il considère que cette nouvelle règle maintient l’intérêt du match en limitant l’impact négatif d’un carton rouge sur l’issue de la rencontre. Selon lui, les cartons rouges et jaunes sont devenus des éléments clés dans un match, avec des conséquences importantes pour les équipes.
Une hauteur des plaquages toujours plus basse
Pour améliorer la sécurité des joueurs, World Rugby a abaissé la hauteur légale des plaquages, car le jeu devient plus rapide. Tristan Tedder, arrière du Racing 92, explique que « tout se joue en une fraction de seconde ».
Les joueurs, pour dominer physiquement, cherchent à abaisser leur centre de gravité. Cependant, même avec des efforts pour éviter les coups à la tête, il reste possible de subir des contacts au menton, à la tête ou aux épaules, rendant la tâche complexe pour les plaqueurs.
Les résultats de l’expérimentation seront étudiés par le Comité Exécutif et le Conseil de World Rugby et soumis au vote le 14 novembre.
S’il est approuvé, le changement pourrait entrer en vigueur le 1er janvier.
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