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La question du cycle menstruel dans le rugby, l’exemple du Pays de Galles

CARDIFF, WALES - APRIL 15: Bethan Lewis of Wales wins the line out during the TikTok Women's Six Nations match between Wales and England at Cardiff Arms Park on April 15, 2023 in Cardiff, Wales. (Photo by Dan Mullan/Getty Images)

Le domaine de la santé des femmes et la prise de conscience de l’impact qu’il a sur les athlètes et leurs performances ne cessent de croître. Les travaux de recherche se multiplient, des débats qui auraient été menés à voix basse sont désormais facilités dans des forums publics tels que les podcasts et sur les réseaux sociaux, et il est de plus en plus admis que le cycle menstruel en particulier doit faire l’objet d’une attention particulière dans l’environnement sportif, notamment dans un environnement d’élite.

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Cependant, même si les choses semblent aller dans la bonne direction, pourquoi les équipes féminines d’élite, au moins dans le rugby, ne prennent-elles pas à bras le corps la question du cycle menstruel et ne s’en emparent-elles pas ? Pourquoi les équipes ne sont-elles pas plus nombreuses à répondre aux besoins spécifiques des femmes ?

Dans le rugby, il semble qu’il y ait encore une interrogation sur l’impact qu’aura la prise en compte du cycle menstruel, de ses symptômes et de ses solutions.

Prenons la compétition d’élite Premiership Women’s Rugby, le niveau national le plus élevé en Angleterre, qui se joue dans un pays disposant de l’un des plus grands viviers de joueuses et de l’histoire la plus longue dans le domaine du rugby féminin. Un nombre alarmant de clubs n’ont pas accordé beaucoup d’attention au cycle menstruel et aux symptômes souvent handicapants qui y sont associés, ainsi qu’à l’impact direct sur l’entraînement et les performances. Lorsque les résultats peuvent dépendre de faibles écarts, ça paraît étrange, n’est-ce pas ?

Sur la scène internationale, la situation n’est guère meilleure. Lorsque j’ai contacté England Rugby pendant la Coupe du Monde de Rugby 2021 (qui s’est jouée en 2022) au sujet de la question de l’accompagnement du cycle menstruel dont bénéficient les joueuses de l’équipe la mieux classée au monde, on m’a répondu qu’il n’y avait pas de processus formalisé en place et que, par conséquent, l’équipe médicale avait refusé d’être interviewée sur le sujet dans le cadre d’un article.

Il semble que les Red Roses participant à la Coupe du Monde consignaient leurs symptômes dans une application appelée PDMS, mais selon l’ancienne pilier anglaise, Shaunagh Brown, qui a fait part de ses inquiétudes lors d’une récente audition parlementaire, de nombreuses joueuses ne voyaient pas l’intérêt de le faire parce qu’elle n’avait aucun retour et que les entraîneurs masculins participaient à toutes les autres réunions sur le rugby, mais n’étaient pas présents lors des réunions concernant la santé menstruelle. Peut-être pensaient-ils que ce sujet ne les concernait pas ? C’est inquiétant.

En réponse à une invitation à contribuer à cet article, d’autres pays majeurs, comme le Canada, numéro quatre mondial, ont répondu que discuter de la manière dont les personnes suivent leur cycle menstruel et si elles le font peut être un sujet sensible, en partie en raison du paysage politique, et que de nombreuses femmes ne sont pas à l’aise pour divulguer des informations personnelles sur leur santé.

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L’Écosse a répondu que les joueuses se voyaient actuellement proposer des rendez-vous individuels avec un membre de l’équipe médicale pour discuter de leur cycle menstruel et de tout symptôme qu’elles pourraient présenter. À l’instar de la réponse de l’Angleterre, les deux fédérations ont déclaré que des dispositifs étaient mis en place par les équipes médicales pour améliorer et renforcer l’accompagnement du cycle menstruel et les aides apportées aux joueuses en matière d’entraînement et de performance. La Nouvelle-Zélande, championne du monde en titre, n’a pas encore répondu à notre demande de commentaire.

En revanche, il semble qu’un pays se distingue et fasse des efforts considérables en ce qui concerne la mise en œuvre quotidienne des stratégies en matière de santé féminine et de cycle menstruel.

Il s’agit du Pays de Galles, dont les joueuses ne tarissent pas d’éloges sur une femme en particulier, membre de l’équipe médicale de la WRU, qui fixe les normes et donne l’exemple : Jo Perkins.

Perkins est la physiothérapeute en chef de l’équipe féminine du Pays de Galles et, avec l’aide de Vodafone qui a créé une application de suivi et de contrôle pour consigner et partager les symptômes et les phases du cycle menstruel, elle a contribué à créer une culture d’ouverture et de communication ouverte lorsqu’il s’agit de ce sujet jugé stigmatisant.

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Perkins explique comment fonctionne l’application Vodafone et ce que le staff médical observe lorsqu’il suit les symptômes et les cycles des joueuses.

« Tout d’abord, nous cherchons à savoir si les joueuses ont effectivement des saignements mensuels, à moins que ce ne soit dû à l’utilisation d’un contraceptif ou à une grossesse », explique-t-elle. « Les règles peuvent être un signe de santé très utile à un niveau plus large, donc si une joueuse commence à ne pas avoir de règles, c’est un signal d’alarme important pour nous.

« Cela peut être le signe d’un défaut d’alimentation, d’un manque d’entraînement, d’un niveau de stress ou d’un voyage ; c’est un signe très utile que le corps peut être trop sollicité à ce moment-là, quelle qu’en soit la raison.

« Si une joueuse n’a pas ses règles pendant plus de trois mois, nous devons intervenir et examiner les raisons de cette absence. Nous nous interrogeons sur l’augmentation du volume d’entraînement. Il peut s’agir d’un manque inconscient de disponibilité énergétique, elles mangent peut-être la même chose mais elles dépensent plus d’énergie à l’entraînement, alors il faut essayer d’ajouter des aliments spécifiques post-entraînement et commencer par là pour voir si les règles reviennent.

« Si les règles ne reviennent pas, ça peut mener à un état appelé déficit énergétique relatif dans le sport (RED-S), qui affecte de nombreux systèmes du corps et peut mener à des problèmes de densité osseuse et à des fractures de stress, ainsi qu’à des contre-performances.

« L’application est très intuitive, car elle nous permet d’observer les symptômes en temps réel. Si une joueuse ressent des douleurs, des vomissements, de la fatigue, des règles abondantes, tout est consigné, ce qui nous permet de voir si la joueuse se porte bien et si elle est prête à s’entraîner et à vivre sa vie quotidienne. Si nécessaire, nous pouvons prévoir des interventions ou des mesures d’accompagnement pour les soutenir, et elles peuvent commencer à se faire une idée, chaque mois, des symptômes les plus fréquents chez elles.

« Deuxièmement, les règles doivent être faciles à gérer chaque mois. On pense à tort qu’il est normal de rester au lit pendant des jours, de vomir, d’avoir des maux de tête insupportables ou de souffrir d’anxiété et de dépression, ce qui n’est pas le cas. Les règles doivent être faciles à gérer s’il s’agit d’un cycle sain. »

Jo Perkins reconnaît qu’il n’est plus possible de ne pas tenir compte des symptômes du cycle menstruel et de laisser les femmes souffrir en silence ou être traitées de manière insignifiante, comme cela a été le cas pendant si longtemps.

« Une étude récente sur les joueuses ne prenant pas de contraceptif a montré que 67% d’entre elles estimaient que leur cycle menstruel ou leurs règles en particulier influençaient leur capacité à s’entraîner. C’est un nombre considérable de personnes qui estiment que leur capacité à s’entraîner au mieux est affectée par leur cycle.

« Pendant trop longtemps, les athlètes féminines en général n’ont pas eu le soutien qu’elles méritaient. Au Pays de Galles, nous nous rendons compte qu’il est très important de parler de ces sujets et que tout le monde est impliqué dans les processus. Les joueuses ne se gênent pas pour discuter avec les entraîneurs, nous avons des affiches sur les murs qui parlent de méthodes et les entraîneurs connaissent ces méthodes et en parlent avec les filles. »

Comme le répète Perkins, la création d’une culture d’ouverture et de partage est si importante pour trouver les bonnes solutions afin d’améliorer les symptômes individuels d’une joueuse. Il peut être inconfortable au début de parler de certains sujets à un entraîneur masculin, mais c’est la réalité d’être d’une athlète féminine, et la société et la culture des environnements sportifs d’élite doivent rattraper le temps perdu.

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Rieko took literally years to turn from a defensive liability at 13 into a guy, who’s defensively sound as it befits the position. And it all came at the cost of him being much less of an offensive threat, than what he used to be. Proctor is a natural 13, he handles, passes, and kicks way better than Rieko ever will, he just isn’t as fast.


It’s unfair to judge Tupaea on the handful of games he’s had in 2022 before he got nearly crippled by a Wallaby lock. What could Tupaea/Proctor pairing be, if they got the same amount of chances as Jordie/Rieko?


Because no matter how you spin it, playing a player outside of his natural position is a poor asset management. No matter how talented he is, he still competes against players who had years and years of practice at the position. And if said guy is so talented that he actually CAN compete against specialists, imagine how much better still he could have been, if he had all those years to iron the toothing issues at the position. It just drives me mad.


Two things I hate in rugby union beyond description: aping after league, and playing players outside of their natural position. Especially considering, that they all admit they hate it, when they’re allowed to speak freely. Owen Farrell spent 80% of his international career at 12, saying every time when asked, that he is a 10 and prefers to play at 10. Those players are literally held at a gunpoint: play out of position, or no national jersey for you.

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