La Rochelle veut passer à l’heure européenne
À l’arrêt total en Top 14, le Stade Rochelais espère profiter de la parenthèse Champions Cup pour mettre un terme à sa spirale négative.
Que diable les Rochelais ont-ils pu bien faire à Noël ? Sans être étincelante, la saison du club à la caravelle était sur de bons rails jusque-là : 6e de Top 14 après 12 journées, vainqueur des deux premières journées de Champions Cup.
Le bateau suivait son cap, malgré quelques soubresauts. Il y avait bien eu ces absences à Bayonne (défaite 37-7, 6e journée) et Montpellier (16-0, 8e journée), que l’on avait alors mis sur le compte de l’accident de parcours. Il y avait surtout eu cette défaite à Deflandre devant Vannes (14-23, 11e journée) qui faisait tache.
Sans rien enlever au mérite des Bretons ce jour-là, on avait vu ce jour-là tout ce qui fait que La Rochelle se traîne aujourd’hui à la 10e place du Top 14 : faillite sur les bases, manque de caractère, inefficacité offensive…
Le naufrage est total depuis les fêtes. Dix matchs toutes compétitions confondues, huit défaites (deux en Europe, six domestiques), un nul devant Castres (12-12) et une toute petite victoire (22-19) obtenue contre les Espoirs du Stade Toulousain fin décembre.
Le retour des internationaux n’a rien changé
Au cours de ces trois mois de déliquescence, les discours du manager Ronan O’Gara, qui a mené le club à deux triomphes européens et deux finales de Top 14, ont varié.
« Ça arrive dans le rugby d’être dans un cycle négatif. On doit l’accepter », philosophait-il après la lourde défaite ramenée de Lyon. « Les solutions ne sont pas évidentes. On s’accroche pour essayer de sortir de ce malaise, qui est partout en ce moment, dans le groupe, dans le staff ».
L’Irlandais était plus virulent la semaine suivante : « C’est la honte et c’est inadmissible de jouer comme ça. C’est une crise, mais c’est maintenant qu’on va savoir si on est capables de sauver quelque chose ou alors si cette crise est plus forte et fera mourir ce staff et ce groupe de joueurs ».
Rien n’y a fait. Son équipe a continué de s’enfoncer, et le retour des internationaux après le Tournoi des Six Nations n’y a rien changé.
« On sort d’une compétition avec l’équipe de France où on a été champions, j’avais envie d’avoir le même goût à La Rochelle », lançait Uini Atonio samedi soir après la défaite à Clermont. « Je n’ai donc pas pris de vacances, j’étais content d’être là avec les mecs, même si on a perdu. Tu gagnes ensemble, tu perds ensemble, c’est comme ça. Je sais que bientôt, ça va changer. Dès qu’on aura ce déclic… On va tous se donner à 100 % et on fera les comptes à la fin. »
Talès : « On ne peut que fermer notre gueule »
Pour ne pas hypothéquer la fin de saison, le déclic est attendu le plus vite possible, pourquoi pas samedi avec le retour de la Champions Cup. La Rochelle accueille à l’occasion des 8es de finale le Munster, l’ancien club de son manager, et espère que le changement de compétition lui sera bénéfique.
« J’espère que ça va nous permettre de réenclencher une bonne dynamique et surtout, de regagner », se projette Rémi Talès, l’un des adjoints d’O’Gara, cité par Sud-Ouest. « On ne peut pas clamer haut et fort qu’on est favoris, on ne peut que fermer notre gueule, préparer le mieux possible cette réception. »
Pour se persuader qu’un rebond est possible, les Maritimes pourront s’appuyer sur la dynamique des Munstermen, eux aussi loin de leur splendeur passée. S’ils figurent à la cinquième du United Rugby Championship, ils se situent à égale distance (à un point près) des Bulls, 3es, que des Zebre, 15es.
« Depuis plusieurs matchs, on est en danger, mais on ne va rien lâcher. On bascule sur une autre compétition la semaine prochaine en accueillant le Munster. On a perdu les deux derniers matchs de Coupe d’Europe. Mais si on arrive à gagner la semaine prochaine, ça peut relancer la saison », encourage Atonio.
Après tout, la 6e place de Top 14 n’est qu’à quatre points et une qualification en quart de finale en Champions Cup donnerait du relief et de l’intérêt au printemps…