La vraie question est : dans quel état d’esprit sera la France face au Canada
La France se présente au BC Place de Vancouver en position d’outsider face à la puissante Canada, classée 3e au classement mondial World Rugby.
« Le Canada, il ne faut pas oublier que c’est une équipe qui, sur les six dernières rencontres en a remporté cinq, et qu’elles nous reçoivent chez elles à Vancouver », rappelle David Ortiz, co-sélectionneur de l’équipe de France féminine.
En fait, sur les dix dernières rencontres entre les deux nations séparées par l’océan Atlantique, le Canada en a remporté six, dont quatre lors d’un tunnel entre 2013 et 2019.
La dernière fois effectivement, c’était déjà dans le cadre du WXV1 en Nouvelle-Zélande l’année dernière, et le Canada était reparti avec une victoire 29-20.
En 12 mois, après avoir essuyé un infamant 36-0 en finale de bronze de la Coupe du Monde de Rugby 2021, les Canadiennes avaient su inverser complètement la tendance. Et ce match du 29 septembre sera leur premier duel face aux Françaises depuis ce moment-là.
« Donc clairement elles endossent le rôle de favorites sur ce match », poursuit Ortiz. « Elles sont troisièmes mondiales, elles viennent de gagner le Pac Four (World Rugby Pacific Four Series au mois de mai dernier, ndlr). Elles sont sur une dynamique de confiance assez importante.
« C’est une équipe très complète, qui a la capacité de tenir le ballon, qui est très agressive devant. On s’est préparé à jouer une grosse équipe. »
Le Canada sur une vague
Encore invaincu en 2024, le Canada s’est même offert une victoire historique 22-19 contre la Nouvelle-Zélande, n°2 mondial ; la première en 18 tentatives. Un succès qui a dopé pour la suite l’équipe qui sera menée pour la première fois par Tyson Beukeboom (33 ans) qui était devenue à l’occasion de la réception des Black Ferns la joueuse la plus capée du Canada (68 sélections).
Si 23 joueuses du Pac Four sont conservées, le coach Kevin Rouet a notamment fait appel à la vétéran Karen Paquin qui n’avait plus joué depuis la RWC 2021. Elle est l’une des sept joueuses francophones dans son équipe.
« Six joueuses viennent d’être vice-championnes olympiques », ajoute encore Gaëlle Mignot, co-sélectionneure du XV de France féminin.
« Elles restent sur une dynamique ultra-positive. On a fait deuxième du Tournoi des Six Nations. On sait la tâche qui nous attend dimanche, que ça va être un match très engagé et très compliqué. On joue contre l’une des meilleures équipes mondiales avec l’Angleterre. »
Le seul os sur lequel la France est tombée cette année en six rencontres, c’est contre l’Angleterre – jouée deux fois, perdue deux fois (14 défaites de suite), dont la dernière en match de préparation au WXV 1 le 7 septembre. Pas de quoi mettre en confiance.
Pourtant, face à un jeu d’avants qu’elle attend costaud, la France compte bien dominer le jeu en mêlée dans lequel elle excelle et défendre autant qu’elle peut – 181 plaquages par match en moyenne lors du WXV 1 l’an dernier.
Trouver la clé mentale de vaincre
Mais comme l’avait fait remarquer François Ratier, ancien entraîneur principal du Canada, le jeu des Françaises s’est plus développé en réaction à ce que proposaient leurs adversaires anglaises sans qu’elles aient la possibilité d’imposer quoi que ce soit. Cela sera-t-il différent face au Canada ?
Le groupe pourra compter sur Séraphine Okemba – qui fera ses vrais débuts à XV sur la scène internationale – comme impact player, mais aussi sur l’ouvreuse Lina Queyroi (troisième meilleure marqueuse de points du Six Nations derrière les Anglaises) à la charnière avec l’expérimentée Pauline Bourdon-Sansus, ainsi que sur l’Olympienne Chloé Jacquet, victime de la puissance canadienne en quart de finale de Paris 2024.
On aimerait penser que les compteurs sont remis à zéro entre deux nations ne niveau équivalent. La vraie question est dans quel état d’esprit sera la France face au Canada.
Pourra-t-elle se débarrasser de ce sparadrap de défaites qui lui colle à la peau pour faire table rase du passé et se libérer de ses chaînes ? Saura-t-elle enfin croire en elle et être convaincue, au plus profond d’elle-même, qu’il n’y a rien d’impossible et, qu’avec la France, tout peut arriver. Même battre les meilleures.