L'Angleterre brise le rêve bleu
Le rêve bleu s’est envolé. Ce France- Angleterre, dernier match de ce Tournoi des Six Nations 2024, a tourné à l’avantage des Red Roses, et il n’y a pas grand-chose à dire.
Les Anglaises remportent le Tournoi pour la 6e fois d’affilée, signant autant de Grands Chelems au terme d’un match à l’opposition de style marquée, où la puissance brute des sujets de Sa Majesté a pris le dessus sur les initiatives chaloupées bleues.
Dans un stade Chaban-Delmas de Bordeaux qui accueillait 28 063 spectateurs (record pour un match de l’équipe de France féminine en France), l’équipe de France n’a pas suffisamment réussi à assurer la continuité de son jeu, à enchaîner les séquences, pour mettre en difficulté des Anglaises beaucoup plus massives et efficaces dans la zone de marque.
Ajoutez à cela de petites scories, des fautes de main, des gourmandises (Boulard 25e), de l’indiscipline (carton rouge à Khalfaoui, (49e), et les Anglaises ont pu faire d’un rien un festin à la hauteur de leur réputation d’ogre.
Signe, malgré tout, que l’équipe de France est bien le seul adversaire européen redouté par l’Angleterre, les désormais sextuples tenantes du titre ont ressorti les vieux pots dans lesquels elles font les meilleures recettes.
Retour du combo gagnant pénaltouche – ballon porté
Tant pis pour l’évolution du jeu vantée par John Mitchell et ses joueuses, tant pis pour le virevoltant triangle arrière Breach – Kildunne – Dow au chômage technique ce samedi, retour au bloc monolithique et au combo gagnant pénaltouche – ballon porté.
C’est ainsi que les Anglaises ont marqué trois de leurs essais (5e, 32e, 40e+1). Un autre est venu d’une relance trop téméraire d’Emilie Boulard interceptée par Megan Jones (25e), et un sur une séance de pick and go (12e).
Avec cette avalanche d’essais encaissés d’avants au cours des quarante premières minutes, les Bleues étaient bien mal parties la pause à peine atteinte.
Ça ne s’arrangeait pas au retour des vestiaires, avec la rapide expulsion pour un déblayage mal maîtrisé d’Assia Khalfaoui (49e). La pilière du Stade Bordelais était en pleurs quand le bunker a transformé son carton jaune en rouge, mais il n’occulte pas son formidable tournoi jusque-là.
Mais ces Bleues ont du cœur, et à l’image de deux essais inscrits en première période par Gabrielle Vernier (18e) et Marine Ménager (28e) au terme d’actions d’envergure, elles redoublaient d’initiatives pour finir la rencontre avec des statistiques offensives assez hallucinantes pour une équipe qui a marqué deux fois moins de points que son adversaire.
Sept franchissements (trois pour les Anglaises), 30 défenseuses battues (14), 11 passes après contact (6), 139 courses avec ballon (94), 978 mètres parcourus (566), 508 mètres gagnés (302)…
Une fois à 14, elles ont enfin tenu le ballon, mettaient le feu aux quatre coins du terrain, faisaient cavaler des Anglaises beaucoup moins à l’aise dans le jeu en mouvement.
Pendant vingt minutes, on ne voyait que du bleu, pour le plus grand plaisir de « Chaban ». Et c’est d’une nouvelle offensive grand champ, sublimée par la volonté d’être en permanence au soutien, que Marine Ménager marquait l’essai du fol espoir, celui de son doublé personnel (69e).
Espoir malheureusement anéanti par un autre doublé, celui d’Alex Matthews, désignée Meilleure joueuse du match, deux minutes plus tard (71e). Les Anglaises s’imposent 42-21 et montrent qu’elles ont encore un peu de marge sur leurs meilleures concurrentes.
Quant aux Bleues, elles ont pu mesurer le chemin qu’il reste à combler pour enfin battre ces satanées Anglaises. Pourquoi pas en 2025, année de Coupe du Monde ? Elle aura lieu… en Angleterre.