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L'art du rugby à sept, selon Tom Mitchell

Ilisapeci Delaiwau (Fidji) plaquée par Chloe Jacquet (France) lors de la deuxième journée du HSBC SVNS au Cape Town Stadium le 10 décembre 2023 au Cap, en Afrique du Sud. Crédit photo : Mike Lee - KLC fotos pour World Rugby

La seule fois où j’ai fait la couverture d’un magazine, le titre était le suivant : « Jouer dur et vite : Pourquoi le rugby à sept est le sport le plus dur au monde ».

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Le rugby à sept s’est depuis longtemps approprié le champ lexical de la force, de la dureté et de la rudesse, et le rugby à sept a toujours eu plus que sa juste part d’athlètes énergiques aux qualités destructrices.

Mais cela ne reflète pas tout à fait la façon dont moi, je vois le rugby. Comment un sport peut-il être si plein de puissance et d’athlètes féroces, et pourtant si beau ? S’agit-il d’un simple sport ou d’un art ? Je crois avoir ma petite idée.

Mettez de côté le football, le rugby à sept est un sport magnifique. Je n’hésite pas à emprunter les mots célèbres de Ruud Gullit quand il parlait de ballon rond lorsque j’évoque le rugby que j’aime regarder : « sexy rugby ». Pour moi, cela réside dans les actions, le timing parfait et la fluidité des mouvements du ballon. L’expression que j’emprunte n’est peut-être pas très artistique, mais elle évoque la nature esthétique de ce sport.

Il m’arrive souvent de me trouver dans la tribune des commentateurs, complètement absorbé, et de sortir des phrases comme « c’est de toute beauté », ou « ils ont créé quelque chose de merveilleux avec cette action ». Dans le même souffle, je dirai « c’est de la puissance brute », ou « ce joueur vient de muscler l’adversaire ». C’est là que réside un superbe paradoxe.

Le rugby à sept met-il de l’art dans le travail ? Il y a peut-être des indices sur le terrain. Prenons l’exemple des Flying Fijians. Pour m’être trouvé à plusieurs reprises dans le tunnel aux côtés de certains de ces athlètes, je peux vous assurer que leur engagement physique est presque trop évident. Parfois, il m’arrive de jeter un coup d’œil dans l’espace inviolable qui sépare les équipes dans le tunnel et la simple vue des Fidjiens me fait penser : « Je ne suis pas dans le bon sport ». On pourrait croire que la musculature est l’élément principal.

Pourtant, lorsqu’ils enchaînent les offloads, les joueurs semblent agir comme des aimants qui se repassent le ballon dans des mouvements parfaits et précis. La fluidité et la perfection du résultat final sont une merveille à contempler. Oui, c’est le fruit d’heures d’entraînement et de travail, mais il en va de même pour les plus grandes œuvres d’art. Tout ce dont nous avons besoin pour nous réjouir, c’est du résultat final. N’est-il pas époustouflant ?

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Le meilleur exemple est peut-être celui de deux joueurs d’une même équipe. Les Argentins sortent tout juste d’une victoire au Cap, où les essais ont coulé plus vite que l’eau de la piscine écroulée.

Leur succès est dû en partie à deux hommes : Marcos Moneta et Luciano Gonzalez. Ce sont des athlètes qui ont deux façons très différentes de faire le job.

Moneta, qui a une dimension chorégraphique, peut sauter, se faufiler, danser et, si nécessaire, initier un échange délicat entre la botte et le ballon pour filer à l’essai.

Gonzalez possède la puissance la plus sauvage que j’aie jamais vue sur un terrain de rugby à sept. Il emprunte impitoyablement le chemin qu’il souhaite, sans se soucier d’où sont les adversaires, qui finissent généralement par être balayés d’un côté ou de l’autre. Ses tendances destructrices sont mises en évidence par les plaquages qu’il effectue dans son sillage.

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Et puis, il y a les histoires du SVNS. Quoi de plus évocateur d’un drame Shakespearien que la finale des Jeux olympiques de 2020 par les Fidji chantant dans un stade vide à Tokyo, médailles d’or autour du cou pour la deuxième fois, après avoir défié tous les pronostics dès le début.

Que dire des instants de tension des joueurs de la Nouvelle-Zélande exécutant le haka à Hongkong alors que la pluie se déversait du ciel sombre en 2014 ? Les champions mirent à nu leurs torses tatoués, éclairés par les feux d’artifice et les projecteurs.

Puis, mon préféré, le tragi-comique de l’Angleterre battant les États-Unis en match à élimination directe de la Coupe du Monde de Rugby à Sept 2018 en prolongation, à San Francisco. Ces histoires où l’exaltation côtoie la misère sont dignes des grands dramaturges, mais elles existent dans le monde réel du rugby à sept.

À mes débuts, quelqu’un m’a gentiment surnommé le chef d’orchestre. Non seulement cela reflétait la façon dont je voulais jouer au rugby, mais les termes étaient différents de l’engagement physique que le rugby utilise habituellement.

Depuis lors, j’ai toujours considéré le rugby comme une expression créative. Je suis frappé par le fait que, pour certains, la créativité a une apparence artistique plus classique. Pour d’autres, la créativité prend la forme de coups et de dureté.

En fin de compte, la beauté du rugby à sept réside dans sa combinaison de finesse et de force. Les coups de pinceau des Moneta, Geduld, Kennedy à la Claude Monet côtoient les coups d’éclat des Gonzalez, Fineanganofo, Niulevaea, Oworu.

La palette du SVNS est composée de couleurs variées et intenses. Tous les joueurs sont des créateurs, la toile est le terrain, et nous sommes les chanceux, dans la galerie, qui profitent des fruits de leur travail.

Quelle métaphore ! Toutefois, je continuerai à affirmer que les scènes du HSBC SVNS 2024 méritent une place au Louvre. Rugby à sept : le beau jeu.

Par Tom Mitchell

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f
fl 2 hours ago
The Fergus Burke test and rugby's free market

"Do you think Ntamack now is a better player than he was at 21?"


That's hard to say, but he certainly hasn't got much better. At 20 he was the top scorer in the six nations, and hasn't been since. At 20 he scored 3 tries in the six nations, and hasn't scored that many since. At 20 he was nominated for 6 nations player of the tournament, and hasn't been since. At 22 he was selected at 10 in the offical 6 nations team of the tournament, and hasn't been since. About a year or two ago a load of people started saying he was the best 10 in the world, which they hadn't previously, but my perception was that this was less because he had gotten better, and more that in 2020 his world class performances could be written off as flukes whereas by 2023 they were clearly representative of his genuine talent.


"Isn't that what your asking for from Marcus?"


Is what what I'm asking for from Marcus?


This thread began with me trying to explain that there is no reason to think that Marcus Smith will improve going forwards. Do you agree or disagree with that point?


"that the team wants/needs an older version of Dan Carter? Or are you just basing this of win ratio."


What? I literally argued that Dan Carter was at least as good when he was young as he was when he was older. And no, I'm not basing this off win ratio; I just think that England's low win ratio is partly a result of Marcus Smith being much worse than people realise.


"Of course some don't continue to develop past the age of 20. You're not really making any sort of argument unless you have new data. 26/27 is undoubtedly the peak of most positions/peole."


That is literally the argument I am making though. The fact that you agree with me doesn't invalidate my point. People in this thread were arguing that Marcus Smith would continue to improve going forwards; I argued that he might not, and that even if he does he is already not far from his peak. He will literally be 26 next month, so if you are right that 26/27 is undoubtedly the peak of most "peole", he's only got 5 more weeks of development in him!


"Hahaha, define "good"? I'd suggest to you theyre a "good" side now"


I think finishing 3rd at the world cup is good. I think beating Ireland is good. I think losing 5 consecutive matches isn't good. I define good in terms of winning games, and I think that the world rankings are a pretty good metric for quantifying whether consequential games have been won in a team's recent history. How are you defining "good"?


"Surely Ford or Farrell must have had a period of great success somewhere? What about 2015?"


I honestly don't know what you're talking about, or how it bears any relation to this conversation. Farrell probably peaked sometime around 2016 or 2017, Ford probably peaked a couple of years later, but Ford is still a better player now than Marcus Smith is.


"But my point was more the game in England. Having only recently adapted a more open game, the pioneers of that are going to find others take a while to catch up (your point about the rest of the team)."


England adapted pretty quickly to an open game in the six nations last year, and have got worse since then. If England play in the attacking style of play that is common in the premiership the players will pick it up quickly, as they are well used to it.


"So you want the rest of the team trying to halt this momentum and go back to a forward based game ala the success of the last two WCs?"


Seriously, what are you talking about? I don't want "the rest of the team trying to half this momentum", I want the rest of the team to be allowed to play the attacking rugby that comes naturally to them. You seem to have decided that because Marcus Smith has pioneered a style of rugby that works for a mid-table premiership side, the entire England national team should be forced to play it, even if it takes them years to learn it, and lose almost all their matches in the process?

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f
fl 2 hours ago
The Fergus Burke test and rugby's free market

"I wasn't after conjecture/opinion thanks. Just a list. I guess I have to look myself now (I just want to read data atm)."


I literally listed all the games under Borthwick where Marcus has started at 10. Do you want me to apologise for telling you who won those games?


"you suggested they didn't use him and used a different setup instead"


I suggested switching out Marcus for Fin. I didn't suggest that that would require other changes elsewhere in the team. My entire argument has been that Fin would better suit the strengths of the rest of the team, and allow England to play an attacking gameplan that (i) comes naturally to the players, and (ii) has worked well for them in the recent past.


"Oh right, so the side is starting to play better with him?"


No, its playing much much worse. In 2022 England didn't lose 5 consecutive games. In 2022 England beat Australia in Australia. In 2021 Marcus Smith helped England beat South Africa. That was the best England have ever looked with Marcus at 10, and its been downhill since then.


"I'd like to see it continue now and see how good a Marcus side could get"


We know the answer to that. Marcus Smith was England's starting flyhalf for 21 months from mid 2021 to the start of 2023, and they went from 3rd in the world to 6th in the world. He's a good club player, but his club performances haven't improved since then, so there's no reason to think there'll be a different outcome this time, and so far there hasn't been. This summer he came into a good (but not great) England team who seemed like they were on the up, and performances have got worse almost every week since.

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