L'avocate de la présumée victime charge Jegou et Auradou
Alors qu’Oscar Jegou et Hugo Auradou étaient en cours de transfert de Buenos Aires à Mendoza, ce mercredi, l’avocate de la victime présumée a livré à la presse locale la version narrée par sa cliente sur la nuit de samedi à dimanche, durant laquelle les deux jeunes joueurs auraient abusé de la jeune femme de 30 ans.
Accusés d’abus sexuels aggravés, Jegou (21 ans) et Auradou (20 ans) risquent 20 ans de prison, et le témoignage de leur accusatrice ne risque pas d’alléger les suspicions, bien qu’ils restent évidemment présumés innocents.
Natacha Romano raconte que la jeune femme a rencontré Oscar Jegou dans une discothèque de Mendoza, puis le joueur de La Rochelle lui aurait proposé de l’accompagner à l’hôtel des Bleus. C’est là qu’aurait commencé son calvaire.
L’accusation dit avoir des preuves
« En arrivant à l’hôtel et sans le moindre mot, l’agresseur principal, identifié comme étant O.J., commet le premier acte d’abus sexuel », a avancé l’avocate sur Radio Mitre, en se référant à la déclaration de sa cliente.
« Au bout de 40 minutes, le deuxième joueur, Auradou, entre dans la pièce. C’est Oscar qui ouvre la porte, la victime ne se rend pas compte qu’il entre. Et tout de suite cette personne commence à abuser d’elle. Ils le font tous les deux en même temps ».
Selon Romano, les faits ne s’arrêtent pas là. « Elle a reçu un coup de poing dans l’œil, des coups à la tête, ils ont tenté de l’étrangler. Lorsque le deuxième homme est entré, elle a été trainée dans le couloir de la chambre, où il a abusé d’elle ».
Comme preuve aux faits dénoncés, la défense dit détenir plus de vingt photos attestant des blessures physiques « au cou, au menton, à la poitrine, aux jambes, au dos », énumère Natacha Romero.
Clarin nous apprend également que la police argentine n’a pas procédé à des prélèvements dans la chambre occupée par les joueurs, notamment les draps. Mais la présumée victime ayant déposé plainte dimanche en fin de journée, le service de nettoyage était déjà passé et les draps envoyés à la blanchisserie.
Jegou et Auradou défendus par le frère du ministre de la Justice
Du côté de Jegou et Auradou, on nie en bloc les accusations. Les deux joueurs sont défendus par un ténor du barreau, Rafael Cúneo Libarona, qui n’est autre que le frère du ministre de la Justice argentine, Mariano Cúneo Libarona. « Je crois en leur innocence », a-t-il déclaré mercredi, ajoutant détenir des éléments qui pourraient changer le cours de l’enquête.
Cúneo Libarona a notamment rappelé le contexte argentin autour du rugby. Plusieurs affaires sordides ont concerné des joueurs de rugby ces dernières années au bord du Rio de la Plata.
En 2018 notamment, cinq joueurs d’un même club avaient tué à coups de poing un jeune de 18 ans dans la station balnéaire de Villa Gesell, sur fond d’alcool, de racisme et d’écart de classe sociale. Ils ont été condamnés à la prison à vie. « La stigmatisation (des joueurs de rugby) et la généralisation n’aident pas », a souligné l’avocat des Français.
Transférés à Mendoza jeudi matin, a priori par la route (1000 km et 14 h de trajet), les joueurs resteront en détention provisoire au moins le temps de l’enquête. « Il s’agit d’une enquête dans laquelle la détention est ordonnée en raison d’une possibilité de fuite […]. La mesure de détention préventive est une bonne chose, mais elle ne doit pas être définitive », estime leur avocat.
Selon l’article 119 du code pénal argentin, une agression sexuelle avec violence est passible d’une peine allant de six à 15 ans de prison. Mais elle peut aller jusqu’à 20 ans si les faits ont été commis par deux ou plusieurs personnes.