Le plaidoyer de Fabien Galthié pour les tournées d'été
Il sait de quoi il parle. Avec six participations en tant que joueur et trois en tant que sélectionneur, Fabien Galthié maîtrise le sujet « tournée d’été », alors que l’équipe de France est en Argentine pour une série de trois tests en une semaine (Argentine les 6 et 13 juillet, Uruguay le 10).
Jeudi soir, après avoir égréné les noms des joueurs retenus pour la première rencontre face aux Pumas (samedi 21h), l’ancien demi de mêlée s’est livré à un véritable plaidoyer en faveur de ces tournées au bout du monde, vouées à disparaître dans un avenir proche.
« Tu pars, tu t’immerges avec un groupe, tu vis, tu enchaînes les matchs… […] C’est l’occasion de vivre quelque chose qui ressemble aux origines du rugby, à la naissance d’un groupe, c’est l’occasion de vivre un moment particulier, un peu hors sol pour une bande de gamins », avance-t-il, accoudé à un guéridon.
Avec six tournées effectuées entre 1991 et 2001 en Argentine, au Canada, en Nouvelle-Zélande, dans les îles Pacifique, en Afrique du Sud et même aux États-Unis, le Galthié joueur semblait en effet particulièrement réceptif au projet.
D’autant que dans les années 1990, les tournées pouvaient durer jusqu’à six semaines, ce qui est aujourd’hui inenvisageable avec les cadences toujours plus soutenues du rugby d’élite.
Réduites à leur portion congrue (trois semaines), les tournées « vont être amenées à disparaître », regrette Galthié. En cause, le projet conclu par les organisateurs du Tournoi des Six Nations et ceux du Rugby Championship et révélé en mars 2023 par The Telegraph.
Cette nouvelle compétition aura lieu tous les deux ans autour de douze équipes : celles des Six Nations (France, Angleterre, Irlande, Galles, Écosse, Italie), celles du Rugby Championship (Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, Argentine) plus le Japon et les Fidji.
Elle occuperait les dates jusque-là dédiées aux tournées d’été et d’automne : match aller dans l’hémisphère sud en juillet, match retour dans le nord en novembre. Ce qui, de fait, ne laissera plus de place aux tournées « traditionnelles ».
« C’est peut-être une des dernières tournées », reprend Galthié. « C’est un grand moment de développement personnel. Des tournées précédentes, en Australie, au Japon, sont nés certains joueurs ‘premium’ ». On peut citer Anthony Jelonch, Jonathan Daty en 2021, Thibaud Flament en 2022.
« Je suis prêt à parier que cinq ou six joueurs seront ‘premium’ dans les années futures, j’en suis sûr. On a des pépites ici », estime le sélectionneur. On peut imaginer sans trop de difficultés qu’il évoque sans les nommer Émilien Gailleton, Oscar Jegou, Posolo Tuilagi ou encore Théo Attossogbé parmi ces jeunes joueurs à fort potentiel.
Et pour eux, comme pour les autres, « Cette tournée va être un accélérateur de croissance : un test-match et une sélection, c’est l’équivalent d’une année d’expérience. Pour ces joueurs-là, ils vont rentrer avec un bon bagage, des atouts supplémentaires. Et, surtout, une vision, une ambition, une rigueur… qui ne peuvent qu’être bénéfiques. »
Le 1er juillet 2023, le comité de Six Nations et la Sanzaar confirmaient la création de la nouvelle compétition sur les fenêtres de juillet et de novembre, enterrant du même coup les tournées. La première édition de ce tournoi qui se cherche encore un nom aura lieu en 2026. La tournée des Bleus en Nouvelle-Zélande, l’an prochain, pourrait donc bien être la dernière de l’histoire…