Le plan de l’Australie pour redevenir n°1 mondial
Avec sa stratégie « Du vert à l’or » pour 2025-2029, la fédération australienne de rugby s’est donné une feuille de route ambitieuse qui repose sur trois piliers : la performance, la participation et la promotion.
Pour Rugby Australia, 2024 devait être l’année du grand « reset » avec un nouveau président (Daniel Herbert), de nouveaux coachs des équipes nationales (Jo Yapp pour les Wallaroos, Joe Schmidt pour les Wallabies, Liam Barry pour le 7 masculin tandis que Tim Walsh restait à la tête du 7 féminin), un nouveau directeur de la performance (Peter Horne), voire des nouveaux joueurs aussi. Après vingt ans à chuter lentement mais surement, l’ambition est de renouer avec la grande époque des années 1993-2003 qui avaient vu les Wallabies au sommet de leur art.
« Tout le monde cite 2003 comme étant l’année où tout a basculé », expliquait l’ancien Wallaby Morgan Turinui au Guardian au printemps dernier, à propos de l’année où l’Australie a accueilli la Coupe du monde, s’est qualifiée en finale (perdue contre l’Angleterre 20-17), a vendu deux millions de billets et a réalisé 46 millions de dollars de bénéfices. « Nous aurions dû investir cet argent, mais nous l’avons dépensé pour donner au jeu une empreinte nationale. Ce pari s’est retourné contre nous. »
Terminer dans le Top 4 à l’issue des prochaines Coupes du Monde
Mais se relever impose de travailler de concert avec l’ensemble des clubs ce qui, au vu de la liquidation des Melbourne Rebels et des contrats de gestion directe passés avec tel ou tel club en fin de saison dernière, n’est pas une mince affaire entre les différentes parties prenantes.
Voulant faire fi du passé et des divisions, Rugby Australia affiche ses ambitions et l’affirme : désormais, tout le monde est aligné envers les mêmes objectifs.
Premièrement, il faudra remporter la tournée des British & Irish Lions en Australie en juillet 2025.
Deuxièmement, concernant la Coupe du Monde de Rugby Hommes que le pays accueillera en 2027 et la Coupe du Monde de Rugby Femmes en 2029, Rugby Australia s’engage à être encore dans la course lors du dernier week-end de compétition. Au pire, même une 4e place serait un succès (vu d’où on vient).
Troisièmement, le taux de victoire de toutes les équipes – hommes, femmes, 7 et XV – devra augmenter de plus de 70% par rapport à 2019.
Au moins deux titres de Super Rugby
Quatrièmement, une médaille (or, argent ou bronze) est impérative pour les équipes Hommes et Femmes de rugby à sept aux JO de Los Angeles 2028. Si les Australiens avaient échoué à Paris 2024, les Australiennes ont chuté dans la dernière ligne droite en se morfondant de leur 4e place.
Enfin, d’ici 2029, une franchise australienne – Waratahs, Brumbies, Reds, Western Force – devra avoir remporté au moins deux titres de Super Rugby Pacific, un titre qui échappe aux Australiens depuis dix ans.
🤫
4.12.24 pic.twitter.com/9qz2FROZuJ
— Queensland Reds (@Reds_Rugby) December 2, 2024
Si l’on met de côté la période Covid, le Super Rugby a toujours été largement dominé par les équipes de Nouvelle-Zélande ; il faut remonter à 2014 pour voir la dernière équipe australienne (les Waratahs) remporter le Super 15 à l’époque. En 2013, les Brumbies avaient échoué en finale et en 2011, les Reds avaient été sacrés champions. Encore avant, les Waraths ont été vice-champions en 2005 et 2008 et les Brumbies champions en 2004.
30% de joueurs en plus
Aujourd’hui, le rugby n’est qu’à la 5e place des sports en Australie derrière le Aussie Rules (le football australien), le cricket, le rugby à XIII et le football. La Australian Sports Commission comptait 145 000 adultes et 95 000 enfants jouant au rugby en 2023, soit 240 000 participants. C’est quand même quatre fois moins que le Aussie Rules.
Aussi, la fédération s’engage à mettre les moyens pour revenir à des niveaux acceptables, anticipant une hausse de 30% de joueuses et joueurs, que ce soit à XV ou à 7.
Rugby Australia espère également une hausse de 70% du nombre de joueuses, ainsi qu’une augmentation de 30% du nombre d’entraîneurs et d’officiels de match.
850 000 spectateurs par an
Enfin, en termes de promotion, la fédé entend mettre le paquet pour promouvoir le sport et construire une base de supporters solide espérant être suivi par la moitié de la population adulte d’Australie (contre 35% aujourd’hui). Concernant les réseaux sociaux, l’ambition affichée est d’arriver aux 10 millions d’abonnés sur les réseaux en cumulant l’audience des équipes nationales et les franchises de Super rugby.
Caslick is back at #HSBCSVNS with a bang 💥#HSBCSVNSDXB | @Aussie7s | @CharlieCaslick pic.twitter.com/7KEH8PVm40
— HSBC SVNS (@SVNSSeries) November 30, 2024
Dans le même temps, un effort tout particulier sera mené pour faire revenir les supporters dans les stades à commencer par le SVNS de Perth fin janvier 2025, mais aussi pour chaque match des Wallabies, des Wallaroos et du Super Rugby Pacific pour arriver à une moyenne de 850 000 spectateurs par an.
Un chiffre ambitieux et inatteignable en l’état actuel des choses ? Pas si on se réfère au passé. La saison passée, les équipes australiennes du Super Rugby ont certes fait venir près de 285 000 personnes dans les stades (dont 101 000 rien que dans le Suncorp Stadium de Brisbane). Il y a 10 ans, les équipes avaient rassemblé près de 790 000 spectateurs alors que l’Australie comptait cinq équipes dans le Super 15.
A titre de comparaison, 850 000 spectateurs, c’est la moyenne annuelle pour l’UBB, le Stade Toulousain et le LOU réunis en une seule saison de Top 14. L’Australie repart de loin.
Nos experts ont classé les meilleurs joueurs de rugby de l’histoire. Retrouvez notre Top 100 et dites-nous ce que vous en pensez !