Le Stade Toulousain champion de France, plus glouton que jamais
Sacré champion d’Europe il y a tout juste un mois, le Stade Toulousain a ajouté le Bouclier de Brennus à sa moisson 2024, au terme d’une finale à sens unique. D’une sérénité et d’une confiance déprimantes pour leurs adversaires, les Toulousains ont dominé de la tête et des épaules une UBB sans idée ni pétrole.
Cette finale entre les deux superpuissances offensives du rugby français promettait beaucoup. Peut-être trop. Car les Bordelo-Béglais n’ont pas réussi à masquer leur statut de novice à ce niveau, et les Toulousains ont eu juste à faire la même chose que d’habitude, c’est-à-dire jouer à un niveau stratosphérique.
C’est l’une des forces de ce groupe insatiable, dans la lignée des grandes dynasties toulousaines. Si Ugo Mola soulignait durant la semaine que sa génération « en a gagné quatre de suite », comme pour piquer ses joueurs, ces derniers pourront rétorquer à leur coach qu’ils sont les premiers à faire deux fois le doublé Top 14/Champions Cup (2021, 2024).
En y ajoutant les autres Brennus glanés en 2019 et l’an dernier, ça va quand même finir par ressembler à une équipe de légende au sein d’un club non moins légendaire, vainqueur désormais des dix dernières finales qu’il disputées.
Tout est parti de travers pour l’UBB
C’est toute la problématique rencontrée par les Bordelais au Vélodrome. Il faut réaliser le match parfait, et parfois bénéficier d’un petit coup de pouce du destin, pour contraindre cette équipe. Ç’avait été le cas en mars dernier, quand l’UBB avait battu les Stadistes (31-28).
Rien à voir avec cette finale, dont le scénario s’est vite révélé catastrophique pour les Girondins. « Il faut que l’équipe considérée comme outsider (l’UBB, donc) ne laisse pas partir trop vite l’adversaire », jugeait l’ancien ouvreur international François Gelez sur RugbyPass. « Le premier quart d’heure ne fera pas gagner l’UBB, mais il peut la faire perdre. »
À en croire l’ancien Agenais, l’affaire était donc quasi pliée en faveur de Toulouse. Car tout est parti de travers du point de vue bordelais. Un essai rapidement encaissé signé Dupont doublé d’un carton jaune adressé à Tatafu (7-0, 7e) mettait l’UBB dans le dur d’entrée.
Paradoxalement, c’est une fois revenu à 15 contre 15 que les hommes de Yannick Bru ont craqué. En trois minutes autour de la 20e, ils encaissaient deux essais de la part de Stadistes tellement faciles dans leur rugby.
Du jeu simple, souvent à une passe, en insistant particulièrement autour des rucks, porté par un Jack Willis en mode bulldozer balle en main, après sa démonstration défensive en finale de Champions Cup.
Peato Mauvaka soutenu par Juan Cruz Mallia, puis Dupont au terme d’une combinaison tout droit sortie du tableau noir d’Ugo Mola, creusaient un écart qui semblait déjà rédhibitoire alors qu’on n’en était même pas à la demi-heure de jeu (22-3, 23e).
À la manière de Yannick Bru, qui croyait encore à ce moment-là son équipe capable de revenir, on espérait voir autre chose dans cette finale.
On a vu, les Bordelais aussi. On a vu la machine « rouge et noir » éparpiller l’UBB façon puzzle en deuxième période. Les Bordelo-Béglais ont eu l’air au bout du rouleau, et ça semblait même trop facile pour cette grande équipe de Toulouse.
A partir de l’heure de jeu, l’UBB n’y était plus et ouvrait les vannes. Les champions sortants marquaient six essais en vingt minutes pour donner une ampleur irréelle au score final : 59-3 !
À l’arrivée, les Toulousains ont planté neuf essais, dont un depuis leur en-but après la sirène ( !), comme s’ils n’en avaient jamais assez.
À l’image d’Antoine Dupont, triple passeur en demi-finale, double marqueur d’essais sur cette finale, et désigné meilleur joueur du match, évidemment. Il montre une fois encore, si nécessaire, qu’il est un homme de rendez-vous.
Le capitaine toulousain est déjà trop fois champion en 2024 : champion d’Europe et de France avec son club, champion du monde avec l’équipe de France de Sevens. En attendant l’or olympique ?
Tameifuna, Jalibert : paris perdus pour l’UBB
Le staff girondin a perdu ses paris, notamment les titularisations de Ben Tameifuna et Matthieu Jalibert. Ses deux facteurs X n’ont pas pu surmonter leurs difficultés physiques : “Big Ben” a semble souffrir de l’épaule durant tout le temps qu’il a passé sur le terrain, tandis que l’ouvreur n’a pas pesé.
Les joueurs de l’UBB, eux, auront peut-être du mal à profiter de leurs premiers jours de vacances, avec cette défaite historique qui surpasse toutes les autres, notamment le 40-13 de 2006, infligé par le Biarritz Olympique au… Stade Toulousain.
De quoi croire à un avenir plus radieux pour les Bordelais, dont la prestation de ce vendredi est loin de refléter le jeu produit durant toute la saison. À condition toutefois de réussir à déloger cette sacrée équipe toulousaine, pas encore rassasiée.