Le Top 14 ultra offensif, une aubaine pour l’UBB ?
Finaliste malheureux l’an dernier du Top 14 face au Stade Toulousain (3-59), l’Union Bordeaux-Bègles va s’étalonner ce week-end dans la Ville rose, alors que le championnat de France est tourné vers l’offensive comme jamais.
La tendance est générale dans le Top 14. Notre championnat, taxé il n’y a encore pas si longtemps de conservatisme et de jeu minimaliste, est désormais l’un des plus spectaculaires au monde.
C’est particulièrement flagrant en ce début de saison, où les scores-fleuves et les retournements de situation se succèdent, pour le plus grand bonheur des fans de rugby.
Après trois journées, les rencontres de Top 14 affichent en effet une moyenne de 52,6 points et 6,4 essais par match selon les statistiques fournies par la Ligue nationale de rugby. Du jamais-vu depuis qu’on est passé à la formule de la poule unique.
Même une équipe comme le Stade Français, demi-finaliste au printemps principalement grâce à sa solidité (2e meilleure défense et 2e pire attaque de la phase régulière), s’est largement remise en question cet été pour tendre vers un jeu plus dynamique.
UBB, Toulouse, USAP… Du haut en bas du classement, tout le monde s’y met
D’autres clubs s’inscrivent depuis plus longtemps dans cette mouvance. Le Stade Toulousain en est évidemment le porte-étendard, avec un jeu de mouvement inscrit dans son ADN.
On peut citer également l’Union Bordeaux-Bègles, enthousiasmante offensivement parfois au détriment de l’équilibre général, mais qui grandit chaque année un peu plus.
Et cela ne concerne pas que les grosses cylindrées. Du haut en bas du classement, tout le monde s’y met. L’USAP, par exemple, l’un des plus petits budgets de l’élite, n’a jamais renié la philosophie insufflée par Patrick Arlettaz avant même la remontée du club catalan en Top 14, en 2021.
Franck Azéma, le successeur de l’adjoint de Fabien Galthié depuis l’an dernier, l’a perpétuée : c’est par le jeu que les ‘sang et or’ s’en sortent saison après saison.
Stade Toulousain – UBB, c’est justement l’affiche de la 4e journée de Top 14, prévue dimanche soir à Ernest-Wallon. Ce sera aussi le remake de la finale de la saison dernière qui avait tourné au calvaire pour des Girondins épuisés par une fin de saison harassante (défaite 59-3).
Bordeaux-Bègles archidomine les stats offensives
Mais en trois mois, les Bordelo-Béglais ne se sont pas reniés pour autant. L’attaque à tout-va demeure plus que jamais leur credo. « Ça s’est fait naturellement avec les équipes construites par le président Marti », confiait en mai Olivier Brouzet à RugbyPass, l’un des architectes de la renaissance bordelo-béglaise. « En ce moment, les trois-quarts sont irrésistibles. Ils créent le danger, les équipes en face savent qu’il peut se passer quelque chose à tout moment. »
Là encore, les stats de la LNR ne mentent pas et viennent appuyer les propos de l’ancien directeur du développement de l’UBB : Bordeaux-Bègles archidomine la plupart des stats offensives pour le moment.
Collectivement, c’est impressionnant : meilleure attaque (124 points), meilleure occupation du terrain (54,7 %), en tête au nombre d’essais inscrits (17), de franchissements (27), de mètres parcourus (2941), de passes après contact (46).
Logiquement, on retrouve ces données sur les cas individuels : trois des quatre meilleurs marqueurs d’essais actuels sont unionistes (Damian Penaud 5, Louis Bielle-Biarrey et Nicolas Depoortere 3), Matthieu Jalibert est en tête des offloads (6), ‘LBB’ est 2e sur les franchissements (6), idem pour Romain Buros sur les mètres parcourus (327)…
Des chiffres qui mettent en avant les schémas de jeu prônés par Yannick Bru et son staff« Je pense que nous avons toujours été assez libres. Je pense surtout que le système nous permet de mettre en avant nos qualités techniques et de vitesse », confiait Jalibert samedi dernier après la démonstration face au Racing (51-29), mettant en avant les schémas de jeu prônés par Yannick Bru.
« Je nous ai trouvés très en forme offensivement. Marquer huit essais à l’équipe du Racing 92, c’est très bien », a renchéri l’entraîneur en charge de la touche Shaun Sowerby, tout en sobriété pour décrire la démonstration offensive des siens.
Les nouvelles directives arbitrales vont dans le sens d’un jeu rapide et offensif
Les intentions ne font pas tout. Les nouvelles directives arbitrales vont également dans le sens d’un jeu rapide favorisant les équipes qui prennent l’initiative.
La règle des cinq secondes accordées au demi de mêlée pour éjecter le ballon d’un ruck, la moindre tolérance envers les actions à la limite des plaqueurs ou gratteurs, l’abrogation de ladite « loi Dupont », l’impossibilité de choisir la mêlée derrière un coup franc… Autant d’éléments qui font l’affaire d’équipes fondamentalement joueuses, qui cherchent à mettre du rythme, comme l’UBB.
« Sur certains matchs, j’ai trouvé qu’on (les arbitres, ndlr) laissait plus de marge aux soutiens offensifs. Si ça se confirme, les équipes tiendront plus le ballon. Elles n’auront pas peur de faire le ruck de trop », appréciait Christophe Laussucq, en charge de la défense girondine, dans les colonnes de Sud-Ouest ce mercredi.
De quoi faire douter le tout-puissant Stade Toulousain dimanche, roi de l’attaque et écrasant favori à sa propre succession ?
Pas certain, car Bordeaux-Bègles connait encore quelques sautes de concentration et trous d’air en défense, quand les ‘rouge et noir’ ressemblent à une machine implacable.
« Si le Stade Toulousain est tout là-haut, ce n’est pas uniquement parce qu’ils font de belles passes. Ce sont des tueurs en défense »
« Si le Stade Toulousain est tout là-haut, ce n’est pas uniquement parce qu’ils font de belles passes. Ce sont des tueurs en défense », corroborait le pilier montpelliérain Enzo Forletta à l’issue de la défaite des siens samedi devant le champion de France (11-20).
« Dans les rucks, ils sont trop forts. Ils viennent contre-rucker, ils savent jouer les coups, ils font tout dans l’ordre ».
Là où l’UBB doit encore « trouver les réglages au niveau de l’énergie dans les deux secteurs (attaque et défense, ndlr) pour trouver un meilleur équilibre dans les prochaines semaines », dixit Sowerby.
« C’est une bonne occasion pour nous de savoir où nous en sommes. C’est un vrai test face à la meilleure équipe d’Europe. Ils sont tellement forts que je pense qu’il n’y a pas de bon moment pour y aller mais c’est une bonne chose de se confronter à eux dès le quatrième match », juge Matthieu Jalibert cité par Rugbyrama. « En tant que groupe et avec un peu d’ego, nous avons juste envie de montrer que cette finale, ce n’était pas nous. »
On a hâte de voir ce que ça va donner.
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