Leinster, Irlande : un seul et même blocage psychologique ?
Un an après la défaite cuisante de l’Irlande en quart de finale de la Coupe du Monde face à la Nouvelle-Zélande (24-28), c’est au tour du Leinster de terminer la saison sans le moindre trophée.
Faisant le parallèle entre ces deux désillusions, les anciens Springboks Jean de Villiers et Schalk Burger estiment que la fragilité mentale irlandaise est la cause première de cet échec.
Près de la moitié du squad irlandais (16/33) retenu pour la Coupe du Monde 2023 a participé aux deux cuisantes défaites du Leinster cette saison : la finale de Champions Cup contre Toulouse (31-22 après prolongations), et en demi-finale de l’URC chez les Bulls de Pretoria (25-20).
Le Leinster, ou l’Irlande bleue comme on disait avant vu que la plupart des joueurs de la franchise dublinoise représentent le XV du Trèfle, n’a pas soulevé le moindre trophée depuis trois ans.
En Champions Cup notamment, le Leinster a perdu les trois dernières finales : avant Toulouse cette année, c’est La Rochelle (2022, 2023) qui avait privé les Leinstermen du trophée dans des conditions aussi rocambolesques que la finale 2024.
Jean de Villiers et Schalk Burger, tous deux champions du monde 2007, estiment que ce n’est pas dû à un manque de talent, mais plutôt à ce qui se passe sous le casque, que la province et l’équipe nationale n’arrivent pas à atteindre les objectifs fixés.
Dans le dernier épisode de l’émission Boks Office, diffusée par RugbyPass TV, Schalk Burger a comparé cette situation à celle que traverse le golfeur nord-irlandais Rory McIlroy, empêtré dans sa quête d’un cinquième titre majeur.
« On l’a vu ce week-end avec Rory McIlroy à l’US Open », souligne l’ancien 3e ligne. « Il n’a pas commis de grosses erreurs techniques, mais doit surmonter un blocage mental. Il a raté deux petits putts sur les trois derniers trous, et a réalisé trois bogeys (un coup de plus que le par, ndlr) sur les cinq derniers, ce qui fait que (Bryson) DeChambeau l’a emporté. Ça fait mal, ça pique. »
Burger a également remarqué que « ces gros matchs ont un point commun. Le pack s’effondre, ce qui rend la mise en place de leur style de jeu difficile. Il y a un peu plus de contest sur les points de rencontre, ils ne parviennent pas à mettre la vitesse habituelle dans leur jeu à travers leur 9 (Jamison) Gibson-Park et leur 10 (Ross) Byrne. »
De son côté, de Villiers met en avant le fait que si 80 % des joueurs sont communs entre Leinster et équipe nationale, les entraîneurs eux sont différents ; Andy Farrell a la charge du XV du Trèfle tandis que Leo Cullen tire les ficelles au Leinster.
Mais Burger estime que les similitudes sont suffisantes pour que l’on puisse établir un lien de cause à effet entre les échecs provinciaux et internationaux.
« Ok, mais ils développent le même style de jeu », avance -t-il. « Les Boks vont leur offrir un sacré défi à relever sur le plan physique. »
L’Irlande, évidemment, a les moyens de faire voler en éclats la théorie de la faiblesse mentale avec son déplacement sur les terres des doubles champions du monde en titre (6 et 13 juillet). Il faudra toutefois faire sans Gibson-Park, blessé et forfait pour toute la tournée.
Le premier match aura lieu à Pretoria le 6 juillet, là même où le Leinster s’est fait humilier par les Bulls, le second se jouera à Durban le 13 juillet.
D’après de Villiers, une tournée d’été victorieuse aurait un effet psychologique remarquable sur les Irlandais.
« C’est inquiétant pour eux, on a l’impression que mentalement, il y a eu des dégâts », juge l’ancien trois-quarts centre.
Qui, lui, tente un parallèle avec le cricket. « Je suis désolé de dire ça, mais c’est un peu comme notre équipe (nationale) de cricket. Plus tu cherches à t’en détacher, plus ça te colle à la peau.
« On s’en débarrasse en étant dans cette situation, en étant bon lors des gros matchs, en marquant des essais. Ils n’ont pas été capables de faire. Mais d’ici quelques semaines, ils auront une nouvelle occasion d’y parvenir. »
Cet article a été rédigé et publié à l’origine en anglais sur RugbyPassTV et adapté en français par Jérémy Fahner.