L'odyssée de Tom Pittman, de la Fédérale 2 à la Coupe du Monde 2027
Après une saison passée sur les terrains de la cinquième division française, Tom Pittman pourrait bien, dès cet été, se retrouver à entonner l’hymne américain sous le maillot de l’équipe nationale des États-Unis.
Quand USA Rugby a publié sa liste élargie pour 2025, le nom du demi d’ouverture de 26 ans est apparu aux côtés de stars comme AJ MacGinty (Bristol Bears), David Ainu’u (Stade Toulousain) ou encore Chris Hilsenbeck (passé par Colomiers, Vannes, Carcassonne et Biarritz, aujourd’hui aux Chicago Hounds). Un casting de rêve… où le petit nouveau fait figure d’OVNI.
À la différence de ses futurs coéquipiers, Pittman ne joue ni en Top 14, ni en Premiership, pas même en Major League Rugby?: il évolue en Fédérale 2, au C’Chartres Rugby, loin des projecteurs. Inconnu au bataillon, il n’a jamais foulé les pelouses du Top 14 ou de la Premiership.
Avant de débarquer à Chartres l’été dernier, le natif d’Ashford, dans le Kent, a fait ses armes à Jersey puis chez les Cornish Pirates, en deuxième division anglaise. À la recherche de temps de jeu, il atterrit finalement en Eure-et-Loir, où il va enfin pouvoir exprimer tout son potentiel.
Et c’est là, sur les terrains de province à l’ambiance bon enfant et aux tribunes parfois clairsemées, que son rêve américain commence à prendre forme. «?J’ai joué 21 matchs, j’en ai démarré 20, et j’ai marqué plus de 260 points?», raconte-t-il fièrement au téléphone à RugbyPass, au lendemain d’un large succès contre Limoges où il s’est offert dix points au pied.
«?À Chartres, les coachs m’ont tout de suite fait confiance. Ça change tout?»
«?À Chartres, les coachs m’ont tout de suite fait confiance. Ça change tout. Avant, en Angleterre, je faisais le yo-yo entre le banc et le terrain. Ici, je suis titulaire à chaque match, je prends mes marques, je progresse, et surtout, je prends du plaisir.?»
Delighted to have signed for C’Chartres tor the 24/25 season. 🇫🇷
I’ve always wanted to play rugby in France and experience a different culture. To now have an opportunity to do so, I’m very thankful.
A big season ahead, let’s go! 💙🤍 pic.twitter.com/zjQcJwA9Wj
— Tom Pittman (@tompittman78) June 28, 2024
Ce nouveau statut lui a permis de gagner en confiance et de se métamorphoser. Désormais, il assume la gestion du jeu, n’hésite plus à prendre ses responsabilités, même lorsque les supporters adverses essaient de le déstabiliser face aux perches.
Depuis gamin, Pittman rêve d’être pro. Passé par le centre de formation de Bath, il a croisé la route de quelques futurs pensionnaires du XV de la Rose. Mais la pandémie coupe court à sa dernière année universitaire. Il rebondit alors en Écosse, puis à Jersey, à la faveur d’une situation de crise dans le club.
Hormis un job d’été déguisé en mascotte dans un parc animalier anglais, sa vie, c’est le rugby. Mais même avec tout ce dévouement, il reconnaît que la chance a aussi joué un rôle dans son histoire.
Petit-fils de l’ancien talonneur irlandais John Hewitt, il découvre en février dernier, en cherchant un passeport irlandais, que son grand-père… est né dans le Mississippi?! Ce détail ouvre d’un coup la porte aux États-Unis, en quête de nouveaux talents pour leur championnat et leur sélection nationale en pleine reconstruction.
«?Passer de Chartres à l’équipe des États-Unis, ça va vraiment me permettre de me situer, de voir où j’en suis?»
«?J’ai toujours cru que le travail paie, mais là, je dois l’avouer, c’est aussi un sacré coup de bol,?» sourit-il. «?J’ai déjà pu échanger avec le sélectionneur, et le projet m’emballe. Me retrouver avec des joueurs comme AJ MacGinty, apprendre à ses côtés… c’est énorme.?»
«?Passer de Chartres à l’équipe des États-Unis, ça va vraiment me permettre de me situer, de voir où j’en suis. Si j’en suis là, c’est grâce au boulot?: les séances en plus, les skills, la discipline… Cette saison m’a fait grandir, et même si je vis seul ici, je reste concentré sur mes objectifs.?»
Et la suite?? À 26 ans, l’opportunité de franchir un cap se présente. Sa convocation en sélection pourrait bien attirer les regards de clubs plus huppés, en France comme à l’étranger. Mais l’idée de tenter sa chance en Major League Rugby, le championnat américain, le séduit aussi?: «?Si je veux vraiment m’investir avec les Eagles, jouer aux États-Unis serait sûrement le mieux pour moi. Être en contact permanent avec les coachs, progresser dans un championnat en pleine expansion… C’est tentant.?»
Dès juillet, Pittman et les Eagles affronteront la Belgique et l’Espagne à Charlotte, puis l’Angleterre à Washington DC. Ensuite, cap sur la Pacific Nations Cup, avec la Coupe du Monde 2027 en ligne de mire.
Aujourd’hui, tout semble possible pour le Chartrain. Preuve qu’en rugby, comme dans la vie, le destin peut basculer du jour au lendemain. Même en Fédérale 2.
Cet article a été publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Jérémy Fahner.
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