Melvyn Jaminet s’explique sur Mendoza : « J'ai totalement perdu le contrôle de moi-même, ce soir-là »
Un peu plus de 7 mois ont passé depuis cette fameuse nuit de Mendoza, en Argentine, au début de la tournée du XV de France. D’un côté, Oscar Jegou et Hugo Auradou lançaient une affaire glauque dans le huis clos de leur chambre d’hôtel qui les poursuit toujours avec la justice argentine pour viol aggravé. De l’autre, l’arrière des Bleus Melvyn Jaminet (25 ans, 20 sélections), déambulait dans les rues, l’œil hagard et la bouche pâteuse, en train de proférer des remarques racistes sur les réseaux sociaux. « Le premier Arabe que je croise, je lui mets un coup de casque ! », répétait-il en boucle.
Pour la toute première fois et alors qu’il devrait reprendre la compétition après avoir purgé sa sanction, Jaminet livre sa version des faits à nos confrères du Midi Olympique.
Autant tuer le suspense tout de suite, il reconnait tout : la prise d’alcool, les propos à caractère raciste, la justesse de son exclusion de l’équipe de France, sa sanction… Sauf que, à l’entendre, c’est un peu plus compliqué que ça.
Car si propos racistes il y a bien eu, ceux-ci n’étaient pas destinés à être rendus publics. « Entre amis, on peut rigoler de tout. C’était une “private joke” entre nous », dit-il lorsque Marc Duzan lui demande s’il utilise souvent ce genre de propos avec son ami d’origine maghrébine à qui était destinée cette vidéo.
Une “private joke” qui a pris des proportions énormes
« C’était une vidéo destinée à des copains, en privé. Je n’ai jamais eu l’intention de blesser qui que ce soit ou de la rendre publique », dit-il se défendant de toute intention raciste. « Avec ces personnes, on a l’habitude d’avoir des relations très saines et respectueuses. Au-delà des propos qui ont été prononcés dans le cadre de la vie privée, c’est aussi mon état, au moment des faits, que je condamne et regrette.
« La consommation d’alcool et la fatigue ont fait que j’ai totalement perdu le contrôle de moi-même, ce soir-là (…). Au lieu de l’envoyer dans le cercle privé, le petit onglet “story publique” s’est activé. Malheureusement, je n’ai pas fait attention à ça. »
Le coup est parti et personne n’a pu le rattraper. Son téléphone a été submergé de messages. « Mon téléphone n’a alors pas arrêté de sonner, en fait. Tout est allé très vite et ça ne s’arrêtait plus. J’ai alors pris conscience de l’ampleur que tout ça avait pris. J’ai paniqué, j’ai ressenti un mélange de honte et d’inquiétude. Je savais que ça allait avoir de grosses conséquences. Je n’ai pas dormi pendant quarante-huit heures, derrière ça… », raconte-t-il.
Exclu sur le champ
Très vite, une réunion se déroule avec le staff et il est décidé de l’expulser du groupe. Retour en France direct. « Le vol retour fut terrible. Je ne savais pas ce qu’il se passait au pays, comment les gens réagissaient… J’étais dans l’attente et j’avais peur », admet Melvyn Jaminet qui a un temps craint qu’on n’attente à sa personne et à sa famille qui a reçu des menaces.
Suspendu depuis lors, sa sanction de 34 semaines arrive à terme. A l’image d’Oscar Jegou et Hugo Auradou qui font toujours l’objet de sifflets dans les stades, quel accueil s’attend-il lui-même à recevoir ?
« C’est un peu l’inconnue du moment… Je me pose souvent la question, à vrai dire… Je sais que l’équipe sera probablement un peu sifflée mais à titre personnel, je dois être avant tout concentré sur mes performances », répond-il.
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