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Nemani Nadolo : il est devenu paysagiste à Sydney

On a retrouvé Nemani Nadolo à Hongkong (Photo par Liam Heagney)

Nemani Nadolo (36 ans, 32 sélections entre 2010 et 2021) a raccroché les crampons l’année dernière. En avril 2023, il annonçait prendre sa retraite après une longue carrière dans cinq pays et notamment en France où il a joué pour Bourgoin-Jallieu (2010-2011) puis pour Montpellier (2016-2020).

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C’est à Hongkong début avril, en marge du tournoi de rugby à sept, que RugbyPass s’est entretenu avec ce colosse de 1,96m qui s’est désormais installé en Australie.

DRH dans une entreprise de transport

Sa première année de retraité à Sydney a été compliquée, mais il a depuis monté sa propre entreprise, est maintenant entraîneur, joue toujours au rugby pour se faire plaisir et commente parfois les exploits de la Fijian Drua.

« Deux semaines après avoir pris ma retraite, j’ai vite trouvé un emploi, je suis devenu directeur des ressources humaines pour une société de transport routier », raconte-t-il. « J’ai fait ça pendant neuf mois. L’expérience était géniale, mais ça ne me correspondait pas. Les longues heures de travail n’ont pas aidé. J’avais promis à ma femme que lorsque je prendrais ma retraite du rugby, je ne passerais plus autant d’heures loin d’elle.

« Il y a eu de bons et de mauvais côtés. Je me suis trop concentré sur mon travail et j’ai négligé beaucoup de choses. J’ai fait passer d’autres choses, d’autres personnes avant moi et au bout de neuf mois, j’étais déjà épuisé mentalement.

« J’ai donc arrêté et j’ai acheté une entreprise d’entretien d’espaces verts à Sydney (franchisé de Jim’s Mowing). Maintenant, je coupe l’herbe, je fais les jardins et je taille des haies pour gagner ma vie, ce qui est bien parce que ça me permet de rester impliqué dans le rugby à un certain niveau. Pendant neuf mois, je n’ai pas joué au rugby, mais je suis maintenant entraîneur d’une équipe dans mon club local, Northern Suburbs.

« Le rugby m’a beaucoup apporté en jouant pendant 15 ans et l’une de mes passions est d’aider la nouvelle génération à progresser. À Norths, j’aide les trois-quarts et le triangle arrière, en essayant de leur enseigner certaines choses que j’ai apprises au cours de ma carrière d’ailier. Je joue aussi un peu au rugby, en quatrième division, ce qui me permet de m’entretenir un peu. J’aime beaucoup ça. Je commence maintenant à réfléchir à la carrière que j’ai menée et elle a été enrichissante. »

A l’école de la patience

Parce qu’il reconnaît lui-même qu’il y a peu de commentateurs spécialisés dans le rugby des îles du Pacifique, Nemani Nadolo se porte volontaire chaque fois que l’occasion se présente.

« Le cœur bat plus vite, mais c’est différent. Ce n’est pas physique, mais il faut réfléchir sur le vif », dit-il. « C’est une autre dynamique, une autre forme de pression, mais c’est comme tout, on fait ses devoirs, on s’entraîne tous les jours et on s’améliore. »

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Les souvenirs de Nadolo sur sa carrière sont également très intéressants et ses conseils aux futurs joueurs professionnels restent pertinent. « Il faut être patient. Le plus important pour moi, c’est la patience », aime-t-il à dire. « J’ai joué dans de nombreux pays, j’ai participé à des compétitions extraordinaires, mais ça n’a pas été facile, ça n’a pas été rapide. À plusieurs reprises, j’ai même voulu abandonner le rugby », admet-il.

« Ce que je dirais à un jeune, c’est de continuer à perfectionner son art et d’être patient, de participer à des compétitions. Je me souviens qu’au début de ma carrière, j’essayais de participer à toutes les compétitions sur invitation, parce qu’au rugby, en particulier dans un sport professionnel, on ne sait pas qui regarde, et c’est la mentalité que j’avais. J’ai dû attendre deux ans pour jouer mon premier match professionnel, mais 15 ans plus tard, j’aime à penser que j’ai eu une assez bonne carrière. »

Ses meilleures années : entre 2014 et 2017

L’apogée de sa « bonne carrière », il la situe « entre 2014 et 2017. « J’ai enchaîné beaucoup de bons matchs », dit-il. « C’est là que j’ai trouvé la confiance nécessaire pour croire en moi en tant que joueur parce qu’on me disait toujours : ‘Tu es trop grand pour jouer au poste où tu joues, tu n’as pas ce qu’il faut pour réussir’.

« C’est drôle parce que j’ai quand même joué pendant 15 ans et au début de ma carrière, on me disait que j’étais trop grand pour jouer au rugby. Encore une fois, pour revenir à ce que je disais, il faut être patient et si tu crois vraiment en toi, en ton talent, un jour on viendra te chercher.

« C’était assez difficile à l’époque. J’ai détesté beaucoup d’entraîneurs, mais j’ai tourné la page. Se faire dire que l’on n’est pas assez bon ou que l’on n’a pas ce qu’il faut pour réussir, c’est ce qui m’a motivé. Je jouais avec un sentiment de fierté en moi, si tu me dis que je ne peux pas le faire, je vais te prouver que tu as tort. Et ce sentiment, ça m’a suivi toute ma carrière.

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« Tout ce qu’il fallait, c’était qu’un entraîneur ou un club croie en ce que j’avais et c’est ce qui s’est passé quand je suis allé aux Crusaders en Nouvelle-Zélande, ils m’ont dit : ‘On sait que tu ne seras pas le plus rapide, on sait que tu ne seras pas le plus en forme, mais tu es le plus fort et tu es rapide pour ta taille’. Pour moi, c’est tout ce qu’il fallait.

Révélé avec les Crusaders

“Ils [Todd Blackadder et consorts] m’ont fait confiance et c’est là que ma carrière a décollé, en jouant au côté de joueurs comme Dan Carter, (Richie) McCaw et en ayant cette confiance qu’ils m’ont insufflée. C’est ce qui m’a permis de décoller.

« Je dis toujours que le rugby est une affaire de point de vue personnel. Si tu vas dans un club et que quelqu’un te dit que tu n’es pas assez bon, quelqu’un d’un autre club te dira le contraire. J’ai joué en Australie et on m’a dit que je n’étais pas assez bon, puis je me suis retrouvé quatre ou cinq ans plus tard à jouer en Nouvelle-Zélande, où je pensais que c’était impossible. Et c’est là que tout a commencé.

« C’est ce que j’aime en Nouvelle-Zélande, la seule chose que j’aime dans le rugby là-bas, c’est qu’ils acceptent toutes les morphologies et toutes les tailles. Les clubs dans lesquels j’étais (avant) ne savaient probablement pas comment s’occuper d’un grand trois-quarts à l’époque. »

Une fin de carrière sur un Wattbike

« C’est marrant de voir que vers la fin de ma carrière, quand je jouais à Leicester et à Montpellier, en particulier à Leicester avec Steve Borthwick – un grand homme, un grand entraîneur, je suis heureux pour lui de ce qu’il fait en Angleterre – je me souviens qu’il y avait des moments où je ne faisais plus de musculation et où il me disait : “Prépare-toi pour samedi”.

« J’ai passé la majeure partie de la fin de ma carrière assis sur un Wattbike. Pendant les 18 derniers mois de ma carrière, je n’ai pas fait de musculation, je me suis contenté de m’asseoir sur un vélo et de préparer mon corps pour le week-end. »

Sa carrière de joueur international pour les Fidji reste également parmi les grands moments de sa vie. « J’ai joué 31 tests en 14 ans. Ce n’est qu’au cours de mes deux dernières années qu’ils ont commencé à jouer, six, sept, huit matchs internationaux. Il y a eu des années où on ne jouait que trois ou quatre matchs seulement et le reste contre des Barbarians ou des équipes de développement.

« Les Fidji reviennent de loin. Jouer 50 matchs, c’était l’équivalent de 100 matchs pour les Fidji et les îles. On n’a pas le luxe de jouer 15 tests par saison. Alors, jouer 31 tests en 14 ans, dont trois années où je n’ai pas été sélectionné, c’est pour moi une grande réussite et j’ai même représenté les Fidji lors d’une Coupe du monde.

« J’ai toujours pensé qu’il fallait continuer à frapper, que quelqu’un ouvrirait la porte un jour, et c’est ce qu’ont fait de nombreux clubs. J’ai bourlingué pendant 15 ans et j’ai été payé pour ça, j’ai voyagé dans le monde entier. Chaque fois que je changeais de club, je changeais de pays. Peu de gens peuvent dire qu’ils ont joué dans tous ces clubs, dans tous ces pays et qu’ils ont eu la même carrière que moi. »

Leçon d’humilité

C’est à la fin de sa carrière de joueur que Nemani Nadolo a commencé à fonder une famille. « Maintenant, je suis père et la vie est un peu différente. Ce n’est pas aussi mouvementé qu’avant, mais je suis encore en pleine transition », confie-t-il.

« Je ne pense pas qu’il y ait une limite de temps pour la transition vers la retraite en tant qu’athlète professionnel. C’est un défi. Ne vous méprenez pas, c’est difficile, mais avec un bon soutien et des bonnes personnes autour de vous, ça rend les choses beaucoup plus faciles.

« Je n’ai pas eu l’occasion de réfléchir à ma carrière lorsque j’ai pris ma retraite. Comme je l’ai dit, j’ai tout de suite travaillé dans un bureau. Ce n’est que lorsque j’ai créé ma propre entreprise que j’ai pu m’impliquer à nouveau dans le rugby et maintenant je réfléchis à la carrière que j’ai eue.

« Je n’ai revu aucun match (que j’ai joué) mais quand vous venez ici et que les gens vous disent bonjour, vous demandent une photo et tout le reste – c’est vraiment une leçon d’humilité. »

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