Owen Farrell, pas les débuts rêvés avec le Racing 92
Les débuts d’Owen Farrell avec le Racing 92 ne sont pour le moment pas à la hauteur des attentes suscitées par l’arrivée de l’ouvreur anglais dans le Top 14. Non seulement à titre collectif, puisque les Franciliens ont perdu deux des trois matchs disputés jusqu’à présent, mais aussi individuellement.
Pourtant, jusque-là, Farrell a fait du Farrell. Titulaire trois fois en trois journées dans son rôle de demi d’ouverture distributeur, il a proposé des coups de pied de déplacement plutôt précis, a trouvé de bonnes pénaltouches, a mis de l’engagement en défense, assuré sous la plupart des ballons hauts…
Toutefois, il n’a pas su se montrer décisif. Ni balle en main, où il a été plutôt neutre, ni face aux perches. Au contraire. Avec cinq coups de pied manqués en deux matchs (deux à Castres, trois devant Clermont), il a laissé filer des points précieux.
Un Farrell au sommet de son art, bien dans ses crampons, aurait-il laissé le but à Le Garrec ?
Le Racing l’aurait-il emporté à Pierre-Fabre (1re journée) s’il avait réussi les deux pénalités laissées en route en première période (4/6 à l’arrivée) ? Pas sûr, mais cela aurait certainement changé la physionomie d’un match perdu à la dernière seconde.
Ça ne s’est pas arrangé contre Clermont, avec un petit 50 % de réussite depuis le tee (3/6) sous les yeux de son père Andy, présent dans les tribunes de Créteil. Cette fois, ça n’a pas porté préjudice aux siens (victoire 33-20).
Owen Farrell’s first try assist in the Top 14. Puts it on a plate for Gaël Fickou.
(Obviously joking but that’s nice phase shape) pic.twitter.com/APk7PNVF9O
— Charlie Morgan (@CharlieFelix) September 16, 2024
« Il a beaucoup de choses à gérer », l’a dédouané Stuart Lancaster. « Tous les buteurs ont remarqué le changement avec la règle des 60 secondes pour buter après les essais. C’est très court et beaucoup de ses coups de pied ont été donnés depuis la ligne de touche ».
L’impact est peut-être mental, aussi bien sur le joueur que sur ses coéquipiers. À Bordeaux ce samedi, on a ainsi vu Nolan Le Garrec interroger Farrell du regard au moment de tenter la première pénalité de la rencontre. D’un geste de la tête, l’Anglais a indiqué au demi de mêlée de buter.
Un Farrell au sommet de son art, bien dans ses crampons, aurait-il accepté si volontiers de se délester de cette tâche, lui le meilleur réalisateur de l’histoire de l’équipe d’Angleterre ? Pas sûr.
Lancaster fait tout pour le placer dans les meilleures conditions
Son entraîneur fait pourtant tout ce qu’il peut pour l’installer dans les meilleures conditions. Pour faciliter son adaptation, l’ancien sélectionneur du XV de la Rose, qui a offert à Farrell ses premières capes internationales en 2012, a entouré ‘Faz’ d’Anglais et d’anglophones.
Aux côtés d’Henry Arundell, Sam James, Josua Tuisova ou Dan Lancaster – le fils du coach – placés derrière lui, Farrell n’a pas l’excuse de la non-maitrise du français pour expliquer des performances loin d’être honteuses, mais pas au niveau d’une légende du rugby mondial.
L’explication se trouve sans doute au niveau de la compréhension du Top 14, son intensité, et du rugby pratiqué. « Le premier défi, c’est de s’intégrer », avait-il justement pointé à quelques jours de l’ouverture du Top 14.
Il ne faut pas oublier que l’Anglais découvre seulement le 2e club professionnel de sa carrière. Il a quitté cet été les Saracens, qu’il avait rejoints à l’âge de 14 ans. On peut donc concevoir qu’il ait besoin de quelques semaines de plus pour apprivoiser son nouvel environnement.
Un environnement fait d’un jeu différent, avec un rugby plus fluide, plus direct. D’autant plus qu’il est amené à former la charnière toute la saison avec Nolann Le Garrec, un style de demi de mêlée avec lequel il n’a jamais évolué.
Le feu Le Garrec associé à la glace Farrell
« Nolann est un peu différent d’un demi de mêlée anglais traditionnel, il aime exploiter l’espace autour des rucks », prévenait Lancaster dans The Rugby Paper il y a quelques semaines.
Le futur joueur de La Rochelle aime attaquer les espaces, se porter à hauteur, ou même défier au ras, à la recherche de l’initiative individuelle, dans la veine d’Antoine Dupont.
Owen Farrell est un N.10 classique, distributeur, là pour faire briller le collectif, plutôt de la trempe d’un Jonny Sexton que d’un Finn Russell.
Le feu et de la glace, en quelque sorte. Un alliage à priori contre nature, mais auquel croit Lancaster.
« Il commence tout juste à prendre ses marques en France », poursuite Lancaster. « C’est un peu prématuré pour lui. Je sais qu’il veut prendre son rythme ».
Pas question, pour cette raison, de le mettre sur le banc ou de limiter son temps de jeu. « Pourquoi le laisserais-je au repos ? » s’étonnait le manager francilien mardi dernier.
« Nous avons un effectif réduit cette année. On veut faire tourner pour maintenir tout le monde concerné et motivé, mais on veut aussi gagner tous les matchs. Owen jouera-t-il et commencera-t-il les 26 matches ? Probablement pas. Mais c’est un excellent joueur et il a envie de jouer. »
Envie de jouer, et sans doute envie de montrer que son influence ne s’est pas évaporée en traversant la Manche. Le Racing 92, déjà à huit points du leader le Stade Toulousain, en aura bien besoin s’il veut réussir une saison conforme à ses ambitions.
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