Pourquoi les femmes n'ont-elles pas leur propre Coupe d'Europe ?
La création d’une compétition européenne permettrait de tirer le rugby féminin vers le haut. Encore faudrait-il engager les moyens nécessaires, au risque d’aggraver les problèmes existants.
Par Morgane Bourgeois, joueuse du Stade Bordelais et de l’équipe de France
Le rugby féminin connaît une nette évolution depuis plusieurs années, avec un engouement croissant tant chez les spectateurs que dans les rangs des joueuses.
Historiquement, les efforts pour développer le rugby féminin se sont concentrés sur les équipes nationales, avec des compétitions comme le Tournoi des Six Nations féminin ou la Coupe du Monde.
Alors que le mois de décembre rime avec le début de la prestigieuse Coupe d’Europe pour les hommes, l’Élite 1, le championnat féminin, se poursuit dans l’ombre car aucune compétition européenne n’existe à ce jour. Ce type de compétition offrirait pourtant une vitrine supplémentaire pour notre sport et renforcer son développement.
En tant que joueuse, je rêverais, à titre personnel, de disputer une coupe d’Europe. Depuis que je joue au rugby, il n’en a jamais été question. Au vu des évolutions récentes (diffusion, affluences…), on peut légitimement penser que la prochaine étape sera la mise en place d’une Coupe d’Europe. Mais il y a encore un long chemin à parcourir.
C’EST HISTORIQUE 🔥
La passage de témoin entre les hommes et les femmes pour le début de la rencontre d’Elite 1 féminine au stade Marcel-Michelin 👏
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— CANAL+ Rugby (@CanalplusRugby) November 2, 2024
Le développement du rugby féminin souffre d’un retard important en termes d’infrastructures, de clubs professionnels et de moyens financiers par rapport au rugby masculin. Les compétitions européennes nécessitent des investissements conséquents, que ce soit pour les voyages, l’organisation ou la promotion.
Le niveau de jeu dans le rugby féminin varie fortement d’un pays à l’autre en Europe. Les championnats anglais et français semblent dominer largement la scène européenne, tandis que d’autres pays comme l’Espagne, l’Italie ou l’Écosse possèdent des championnats nationaux moins compétitifs. Pour preuve, les internationales de ces pays-là évoluent dans nos championnats.
Cet écart de niveau rendrait difficile la mise en place d’une compétition équilibrée.
Des stars internationales
Bien que notre championnat français progresse, l’Angleterre domine toujours le rugby européen. Le championnat anglais est-il supérieur au nôtre ? Il serait intéressant et surtout enrichissant d’affronter les équipes anglaises afin de se confronter à ce qui se fait de mieux actuellement.
Dans le sens du développement de notre sport, cela serait aussi très bénéfique. Un championnat européen nous offrirait de la visibilité non seulement en France, mais aussi à l’étranger. Les compétitions internationales sont très suivies.
Les supporters connaissent les grands noms du rugby féminin. Des grands noms comme Ellie Kildunne, Emily Scarratt, Ilona Maher qui résonnent bien au-delà de leurs pays respectifs et qui évoluent en Angleterre.
Une telle compétition offrirait une vitrine exceptionnelle, mettant en lumière ces stars sur une scène européenne. Elle permettrait de renforcer l’engouement du public pour le rugby féminin. À travers ces rencontres, les clubs européens pourraient attirer davantage d’attention médiatique.
Un calendrier trop chargé ?
Depuis le début de saison, le nouveau format de championnat offre davantage de rencontres. Plus d’occasions de jouer, de performer, de progresser et de s’amuser. Ce changement fait le bonheur de la plupart, mais représente une certaine difficulté pour d’autres.
En effet, l’enchainement des matchs peut s’avérer compliqué. Les effectifs se doivent d’être étoffés car les rotations ou les blessures sont des éléments à prendre en compte. Par exemple, Lyon s’est déplacé à Grenoble avec seulement 22 joueuses sur la feuille de match. Ce détail peut paraitre anodin, mais illustre les problèmes des clubs pour enchainer.
La création d’une compétition européenne viendrait étoffer le calendrier. Si, aujourd’hui, les clubs rencontrent déjà des difficultés en Élite 1, cela rendrait encore plus compliqué de mener de front deux compétitions.
Avec un calendrier déjà chargé, les équipes peinent à gérer la pression physique et mentale de la compétition nationale, sans parler des contraintes financières et logistiques. Ajouter une compétition européenne risquerait d’aggraver ces problèmes, rendant la gestion de l’effectif, les déplacements et les performances en championnat encore plus complexes à gérer.
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