Romain Ntamack de retour sur le terrain
C’est une vidéo courte de 26 secondes qui le voit d’abord mettre ses crampons, puis s’entretenir avec son préparateur physique au bord du terrain, puis courir au petit trot. Une longueur, puis une autre et une autre encore. Il enchaîne ainsi sans montrer la moindre gêne. Le message qui accompagne la vidéo sur X (ex-Twitter) est tout aussi limpide : « Crampons aux pieds, premier retour sur le terrain ». Déjà vu 33 000 fois en 12h.
Cette vidéo est un marqueur dans la rééducation du joueur, 129 jours après avoir subi une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche survenu le 12 août dernier lors d’un match de préparation contre l’Ecosse.
129 jours plus tard
Cette blessure avait d’emblée mis fin à ses rêves de Coupe du Monde de Rugby en France. Et dans un coin de sa tête, il va s’en servir pour revenir encore plus fort et tout faire pour ne pas manquer la prochaine échéance en 2027 en Australie.
« Je commence à refaire des petits appuis pour voir si le genou tient, s’il réagit bien, s’il n’y a pas de complication. Ça fait du bien à la tête de se dire que ça tient et que le travail que je fais chaque jour montre une évolution plutôt positive à chaque fois. C’est bien pour la tête », avait-il confié quelques semaines auparavant dans le podcast Crunch de L’Equipe.
« On essaie juste de faire les choses en temps et en heure, même si je suis bien en avance sur pas mal de choses. Mais on essaie justement de ne pas griller les étapes pour pas avoir des risques de rechute ou reprise trop anticipée pour justement éviter la blessure encore une fois.
« Le chirurgien et moi on a toujours fixé, pas une date précise, mais au moins entre fin mars début avril. Et on verra en fonction de l’évolution et des prochains rendez-vous avec le chirurgien, voir s’il y a une date plus précise. »
Des rebouteux lui ont proposé des solutions miracles
Pourtant, Romain Ntamack raconte qu’un certain nombre de personnes lui avaient envoyé des messages pour lui proposer des solutions pour se remettre en quelques jours seulement – certains pariaient même sur 24 ! – et ainsi lui permettre de disputer la Coupe du Monde de Rugby. Mais lui n’y a jamais vraiment cru.
« A partir du moment où je me suis blessé, en une semaine, j’ai reçu un paquet de messages de personnes qui avaient la solution miracle pour que je participe à la Coupe du monde sans forcément me faire opérer », raconte-t-il aujourd’hui.
« D’un côté, c’était bienveillant et d’un autre c’était rigolo parce qu’on savait que c’était pas faisable. Mais ça montrait aussi qu’il y avait beaucoup de gens qui voulaient que je participe et me voir sur le terrain. Moi, je l’ai pris comme ça, avec le sourire, même si je savais que ce n’était pas faisable.
« Mais on se pose des questions. On se dit qu’avec un gros strap bien serré, est ce que ça pourrait pas tenir ? Mais c’est vrai que moi, je ne le sentais pas. Je sentais que le genou n’était évidemment pas stable du tout.
« Donc même avec un gros strap, jouer une Coupe du monde à 60 % de ses capacités sur une jambe face aux équipes qu’on allait affronter, c’était pas faisable. Ça m’a peut-être traversé l’esprit une demi-seconde, mais c’est tout. Après, j’ai vite basculé. »
Le corps disait stop
Un constat que partage son papa, Emile, qui a tout de suite conseillé à Romain de prendre le temps de se remettre.
« La blessure dont a été victime Romain, ce n’est pas une blessure d’accident. Tu prends un plaquage malheureux, le mec tombe dessus et voilà, c’est l’accident. Là, c’est le corps qui te dit stop. Là, il tirait un signal d’alarme », explique-t-il à Crunch.
« Il se blesse tout seul. C’est à dire qu’il est arrivé au bout. Je pense que c’est de la bienveillance sincèrement, il y avait de la véracité pour certains qui ont sûrement la capacité de pouvoir faire en travaillant bien, en faisant un vrai travail de musculation, de pouvoir compenser et de pouvoir peut-être courir.
« Mais ça voulait dire, c’était remettre en question ce que te disait le corps et là tu t’exposes à un danger. Et le coût pour la Coupe du Monde, il n’y a pas de prix derrière. Tu peux risquer un suraccident et peut-être que le prix à payer sera encore beaucoup plus cher. A 24 ans, tu prends pas le risque de te péter définitivement et d’engendrer peut-être des dégâts irréversibles sur le genou.
« Il faut accepter et entendre les alertes, les signaux. Si tu n’écoutes pas là, tu t’exposes à un grave danger. Le genou, c’est vrai que c’est quelque chose d’important, mais ça se soigne bien et on en récupère bien. Maintenant, si tu vas plus loin que ça, tu peux peut-être aussi remettre en question même la suite de ta carrière. Ça, ce serait dommageable. Il n’y a pas de jeu qui en valait la chandelle. »