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Sélection de Posolo Tuilagi, un imbroglio en trois actes

Posolo Tuilagi (France) lors du Tournoi des Six Nations U20 entre l'Angleterre et la France au Recreation Ground le 10 mars 2023 à Bath, au Royaume-Uni. (Photo par Bob Bradford - CameraSport via Getty Images)

Alors que chacun attend avec impatience de savoir qui sera retenu dans le tout premier groupe France du mandat Galthié II le 17 janvier, les yeux se tournent naturellement vers Posolo Tuilagi, le colosse de Perpignan, qui pourrait prétendre à une sélection, sa première avec les grands. Sauf qu’un drame en trois actes s’est joué autour du personnage vendredi 12 janvier…

1er acte : la bombe

La bombe, c’est L’Indépendant qui la déclenche. Dans un article publié en exclusivité sur leur site internet à 9h, le quotidien de Perpignan titre : « Cet oubli administratif qui empêche Posolo Tuilagi d’être sélectionnable avec le XV de France ».

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Le journal affirme alors que le massif deuxième-ligne de l’USAP, qui peut également jouer troisième-ligne, ne peut être éligible à une sélection avec le XV de France.

« La raison ? Elle est simple », détaille L’Indépendant. « À ce jour, Posolo Tuilagi, qui est né aux Samoa, ne possède pas de passeport français, qui est une condition sine qua non pour postuler à l’équipe de France. C’est Bernard Laporte, en 2016, qui avait mis cette nouvelle loi en place. “Un de nos engagements forts : pas de passeport français, pas d’équipe de France”, avait déclaré celui qui a été à la tête de la Fédération française de rugby de décembre 2016 à janvier 2023.

« Cette situation paraît irréelle puisqu’il faut rappeler que Posolo Tuilagi avait déjà manqué le début de la Coupe du monde U20 en juin dernier pour un problème similaire. Mais pour jouer avec les Bleuets, un visa pour les déplacements suffit. Pas pour la grande équipe de France. »

Même si les démarches pour obtenir un passeport sont en cours, il semble impossible d’en disposer d’un à temps pour le Tournoi qui débute le 2 février à Marseille. En revanche, Posolo Tuilagi peut potentiellement toujours jouer avec les U20 pour le Tournoi comme pour la prochaine édition du Champion du Monde des U20 l’été prochain en Afrique du Sud.

2e acte : le parallèle avec Emmanuel Meafou

Dès la parution de l’article, c’est l’emballement médiatique. Et chacun de rappeler que déjà à l’été 2023 Posolo avait manqué le début du Championnat du Monde des U20 pour des tracasseries administratives, un document manquait dans sa demande de visa.

Une situation qui n’est pas sans rappeler les déboires d’un autre colosse, Emmanuel Meafou, deuxième-ligne à Toulouse, recalé pour la Coupe du Monde de Rugby en France car l’Australien d’origine n’avait pas de passeport français.

Des démarches ont conduit à sa naturalisation début novembre, symboliquement juste après France 2023, ce qui le rend désormais éligible à jouer avec le XV de France.

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Sauf qu’il y a une différence avec les deux joueurs car, arrivé fin 2018, Meafou, 24 ans, ne pouvait justifier de cinq années de résidence en France, condition imposée par World Rugby aux joueurs qui souhaitent évoluer pour une sélection dont ils n’ont pas la nationalité.

Or, même si Posolo Tuilagi est né en juillet 2004 aux Samoa, il a très vite déménagé en Angleterre pour rejoindre son père Henri recruté par les Leicester Tigers avant d’arriver en France en 2007. Posolo, 19 ans aujourd’hui, a donc trois ans quand il débarque à Perpignan et débute dans le club de son papa trois années plus tard. Ses cinq ans de résidence en France sont largement atteints.

« Cependant, le massif deuxième-ligne (1,92 m, 145 kg) peut tout à fait être appelé en stage pour participer aux entraînements de la sélection comme cela était arrivé à Meafou lors du Tournoi en mars 2023 », rappelle L’Equipe.

« Le staff des Bleus, qui ne comptait pas forcément sur Tuilagi pour le Tournoi cet hiver, pourrait davantage avoir besoin de lui lors de la tournée en Argentine prévue en juillet prochain, où l’effectif sera largement remanié. »

3e acte : le rétropédalage

On en est là de l’affaire jusqu’à ce que le Midi Olympique prend son téléphone pour évoquer le sujet directement avec la Fédération Française de Rugby. C’est Jean-Marc Lhermet, vice-président en charge des équipes de France, qui décroche.

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« Rien n’empêche Fabien Galthié de le sélectionner », annonce-t-il tout de go. Surprise, rétropédalage, retournement complet de la situation. « Quel drôle d’imbroglio chez les Bleus », titre Le Parisien. « Gros rebondissement », enchaîne L’Indépendant.

En quelques heures, la FFR raye d’un trait cette « règle Laporte » qui était en cours depuis 2016, visiblement de manière officieuse et arbitraire, comme un fait du prince.

« Il n’y a pas de loi à ce sujet. C’était simplement la décision d’un homme, qui n’a même pas été validée par le comité directeur. Pour être très clair, on pensait qu’elle l’avait été, mais pas du tout. De ce fait, rien ne nous obligeait à continuer dans ce sens », confirme Lhermet au Midol.

Par conséquent, « seules les règles d’éligibilité de World Rugby (relatives à la durée de résidence d’un joueur étranger dans le pays dont il souhaite porter les couleurs, ndlr) entrent en compte, à partir de là, il est totalement sélectionnable », affirme le vice-président.

Dans la soirée, un communiqué de la FFR tombe pour clarifier la situation et mettre fin à l’imbroglio : « Conformément au Règlement 8 de World Rugby, un joueur est donc éligible pour représenter une équipe nationale si lui-même, ses parents ou grands-parents sont nés dans le pays concerné, ou s’il a résidé dans ce pays pendant 60 mois consécutifs. De plus, un joueur ne peut représenter qu’une seule nation au cours de sa carrière, sauf sous conditions spécifiques ».

Une chance dont ne pouvait donc pas bénéficier Emmanuel Meafou, mais qui a, en quelques heures seulement, débloqué la situation de Posolo Tuilagi.

Néanmoins, cela ne garantit pas au deuxième-ligne de Perpignan une sélection avec le XV de France pour le Tournoi des Six Nations 2024.

La FFR précise à toutes fins utiles que « les décisions de sélection sont du ressort exclusif du sélectionneur du XV de France (donc de Fabien Galthié, ndlr). Si le sélectionneur estime que M. Tuilagi possède les compétences nécessaires pour représenter la France, l’absence de passeport français ne sera pas un obstacle à sa sélection ».

Reste maintenant à attendre la liste que Fabien Galthié dévoilera le mercredi 17 janvier pour connaître la suite.

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