Michalak (Racing 92) : « On attend le match parfait à l'extérieur »
L’entraîneur adjoint du Racing 92 Frédéric Michalak attend de son équipe qu’elle fournisse une performance de référence en Top 14 à l’extérieur cette saison. Le déplacement à Pau, ce week-end, pourrait en être l’occasion, espère-t-il.
La dernière fois que Frédéric Michalak s’était exprimé devant la presse, c’était à l’issue de la défaite du Racing 92 à Bayonne (32-15, 7e journée).
L’adjoint de Stuart Lancaster en charge de l’attaque avait alors fustigé le match de ses joueurs : « Ce n’est pas respecter le maillot, l’héritage d’un club. […] On est encore une petite équipe et on doit se remettre en question. »
Depuis, le Racing a battu péniblement Perpignan dans un parfait résumé de son début de saison, alternant le chaud et le froid.
Pour RugbyPass, l’ancien international (77 sélections) évoque avec lucidité les limites franciliennes du moment mais aussi ses espoirs pour la suite.
Par Anthony Tallieu
Frédéric, le Racing 92 est 8e et compte 10 points de retard sur la 2e place avant de se déplacer à Pau. Que vous inspire cette position ?
« On est à notre place. On a montré un début de saison un peu poussif même s’il y a eu de bonnes choses. On perd aussi à Castres et contre La Rochelle dans les dernières minutes et ces points auraient pu nous permettre d’être en haut du tableau. Mais on ne peut pas juger nos performances uniquement en regardant notre nombre de points. Le Top 14 est dur, les joueurs travaillent très dur, toutes les équipes sont compétitives et ce seront les plus résilients qui termineront dans les 6 premiers. »
Vous aviez eu des mots forts après votre lourde défaite à Bayonne. Vos joueurs ont-ils apporté la réponse que vous attendiez contre Perpignan ?
« On a fait une très bonne première mi-temps, puis les vieux démons de l’indiscipline sont revenus. On a fait trop de fautes et on a pris trois cartons jaunes. Après, nous entraîneurs sommes encore dans l’émotion après un match et on a tendance à voir le négatif. Quand on prend un peu de recul, on se pose aussi la question de l’engagement et de l’attitude. De ce côté-là, on attend le match parfait à l’extérieur, où on va montrer de l’agressivité et une équipe unie comme on peut le faire durant la semaine. J’espère que nous arriverons à le faire à Pau. »
« Nous avons les joueurs pour devenir une grande équipe »
Être une grande équipe, n’est-ce pas aussi savoir tuer les matchs à domicile quand l’occasion se présente et récupérer des bonus, ce que vous n’avez pas su faire contre l’USAP ?
« Il faut savoir être impitoyable en effet. On a fait une très grosse entame contre Perpignan mais le retour de vestiaire a péché. Oui, les grandes équipes ont cette capacité à domicile de réenclencher une dynamique et de ne pas faire autant de fautes. On s’est pénalisés tout seuls à en faire autant et à ne pas être pragmatique dans les zones de marque. »
Depuis le début de la saison, le Racing peut produire de belles séquences de jeu et subir de grosses baisses de régime au cours d’un même match. Comment l’expliquer ?
« Sur 80 minutes, il y a des temps forts et des temps faibles et c’est toute la difficulté de savoir gérer ces temps faibles. Si vous prenez deux cartons jaunes pendant un temps faible, c’est plus difficile. Mieux gérer ces périodes, mieux concrétiser aussi nos temps forts… nous parlons évidemment de ces sujets. Comment être meilleur tactiquement ? Comment être plus clair dans notre façon de jouer ? Ce dont je suis persuadé, c’est que nous avons les joueurs pour devenir une grande équipe. Mais le résultat final fera ou non de nous une grande équipe. »
« On ne peut pas se comparer à Toulouse »
L’équipe n’a-t-elle pas aussi perdu en leadership pour gérer ces temps faibles avec les départs cet été de plusieurs joueurs d’expérience comme Siya Kolisi, Wenceslas Lauret ou Juan Imhoff ?
« Nous avons dans l’équipe actuelle des joueurs qui ont du leadership. Je pense à Owen Farrell ou Nolann Le Garrec malgré sa jeunesse. On a aussi du poids devant en termes d’expérience. Maintenant, il est évident que l’expérience collective, il faudra la créer et cela demandera du temps ! On essaie de l’accélérer sur et en dehors du terrain. On a eu 18 départs, dont certains anciens joueurs, et je suis d’accord qu’il faut recréer cette énergie et cette expérience collective. Plus on va jouer, plus on connaîtra d’échecs et plus nous en tirerons les leçons. Il faut passer par là pour être meilleur demain. »
Vous êtes issue de l’école toulousaine, labellisée “french flair”. Comment concilier cela dans l’animation avec la vision anglaise très structurée du manager Stuart Lancaster et des autres Anglais du club ?
« Nos derniers essais ont pourtant bien été marqués sur des contre-attaques, donc sur du jeu déstructuré ! Maintenant, essayer de jouer comme Toulouse, cela ne se fera pas au Racing pour la bonne et simple raison que le Racing a sa propre identité et elle est différente. On ne peut pas se comparer à Toulouse, c’est impossible. Et puis le french flair, ça vient très souvent d’un bon jeu au pied d’occupation qui permet d’enclencher des contre-attaques et des jeux de transition. On est capables de le faire ici au Racing. »
Comment ?
« Ici, ce n’est pas l’école anglaise mais l’école du Racing. On a tous des parcours différents, on doit trouver ensemble le meilleur liant et c’est ce qui fait la richesse de ce club. Derrière, j’ai des Anglais, des Français, des Fidjiens… et la question est de savoir comment, avec nos cultures différentes, bien jouer ensemble. C’est le jeu du Racing et je sais que ça va venir. »
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